Le sommet extraordinaire des chefs d’États du G5 Sahel a pris fin dimanche à Niamey. Ils ont insisté sur la responsabilité de la Communauté internationale dans la situation d’insécurité au Sahel, due selon eux à la déstabilisation de la Libye, et appelé à une plus grande alliance contre le terrorisme.
Roch Marc Christian Kaboré, Ibrahim Boubacar Keïta, Mohamed Ould Ghazouani, Idriss Déby Itno et Mahamadou Issoufou ont échangé à huis clos, dimanche, lors d’un sommet extraordinaire qui s’est tenu à Niamey. Initialement prévue à Ouagadougou pour préparer le sommet de Pau, à l’invitation d’Emmanuel Macron qui souhaitait une « clarification » de la part de ses pairs sahéliens sur la présence de troupes françaises sans le Sahel, la rencontre de Niamey a été l’occasion pour les chefs d’État du G5 Sahel, d’exprimer leur solidarité envers le Niger, après l’attaque d’Inates, lors de laquelle 71 soldats ont été tués. Dans leur communiqué final, les présidents ont exprimé leur « profonde préoccupation face à la recrudescence des attaques terroristes contre les positions des forces de défense et de sécurité et les diverses formes de criminalité dans la région ».
L’impact de la crise libyenne
Pour le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, président en exercice du G5 Sahel, cette réunion a permis d’évoquer aussi bien « la situation sécuritaire que celle des alliances et de l’appui au développement ». Son homologue nigérien, Mahamadou Issoufou, a pour sa part insisté sur la responsabilité de la communauté internationale dans « l’aggravation des menaces face auxquelles nous faisons face, parce que c’est elle qui a pris la décision d’intervenir en Libye et (que) cette crise libyenne amplifie aujourd’hui toutes les menaces qui pèsent sur nos États ». Tous les dirigeants ont appelé à une plus grande solidarité avec les pays du G5, entre autres à travers le Partenariat international pour la stabilité et la sécurité au Sahel (P3S), adopté au Sommet du G7 à Biarritz. Ils ont également souligné la nécessité de concrétiser les annonces de financement au profit du G5 Sahel.
« Nous ne gagnerons pas seuls »
Si la question
de la présence militaire française dans le Sahel, via les hommes déployés dans
le cadre de l’opération Barkhane, n’a pas été évoquée publiquement, pas plus
que celle des récentes crispations provoquées par l’invitation d’Emmanuel
Macron à ses pairs sahéliens à venir en France pour « clarifier » leur
position, Roch Marc Christian Kaboré a cependant insisté sur le « besoin d’alliés
» des pays de la région. «
Nous avons besoin d’avoir un travail beaucoup plus transparent et coordonné
entre nous. Nous sommes ouverts à tout partenariat international qui peut nous
aider dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté. « Comme dans toutes
les guerres contre le terrorisme, nous ne gagnerons pas seuls », a-t-il dit
dans son discours de clôture du sommet.
«
Renforcer la coopération entre les services renseignement »
Un appel qui s’adressait aussi
aux pays de la sous-région. Les chefs d’État ont notamment plaidé pour un «
renforcement de la coopération entre les services de sécurité et de
renseignement ». Ils ont également remercié l’Union économique et monétaire
ouest africaine (Uemoa), et la Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest (Cedeao), pour leur « mobilisation financière en faveur de la
sécurisation du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ». Sur le plan
stratégique, les chefs d’États ont décidé de mobiliser davantage de forces dans
la zone des trois frontières, entre le Burkina, le Mali et le Niger, où les
attaques se multiplient. Un accent sera
également mis sur la lutte contre les principales sources de financement du
terrorisme qui sont l’orpaillage clandestin, le trafic d’armes et de drogues.
Enfin, ils ont décidé de porter le mandat du commandant de la force conjointe
du G5 Sahel à deux ans.