L’opposant Umaro Sissoco Embaló, soutenu par de puissants lobbies à travers le monde, a été élu président de la Guinée-Bissau avec 53,55% des voix selon des résultats officiels. Il remporte le scrutin face à Domingos Simões Pereira, 56 ans, un ancien Premier ministre du président sortant Jose Mario Vaz, qui conteste les résultats.

Umaro Sissoco Embaló, vainqueur officiel du second tour de l’élection présidentielle. L’information a été donnée, ce 1er janvier, par José Pedro Sambu, président de la Commission électorale nationale. Le candidat du parti de l’opposition Madem et ancien Premier ministre remporte 53,55% des voix face à son adversaire du PAIGC Domingos Simões Pereira qui cumule 46.45% de votes. La participation s’élève à 72.67%, pratiquement identique à celle du premier tour, le 24 novembre. A 47 ans, Umaro Sissoco Embaló, connu pour être le candidat d’un certain Establishment, va donc succéder à José Mario Vaz. Ancien général et diplômé en sciences politiques, il a été son Premier ministre entre novembre 2016 et janvier 2018. Cette même année d’exercice, avec d’autres élus dissidents du PAIGC, il fonde le MADEM G-15.

«Résultats pleins d’irrégularités»

Le candidat du parti majoritaire en Guinée-Bissau, Domingos Simoes Pereira, a dénoncé une «fraude électorale» après l’annonce par la Commission électorale nationale (Cne) des résultats du second tour de l’élection présidentielle, qui l’ont donné battu par l’opposant Umaro Sissoco Embalo. «Les résultats provisoires qui viennent d’être proclamés sont pleins d’irrégularités, de nullité et de manipulations, qui (constituent) une fraude électorale. Un tel résultat, nous ne pouvons pas l’accepter», a déclaré devant des militants au siège de son parti M. Pereira, crédité de 46,45% des suffrages par la Cne. «Nous allons amener toutes les preuves qui démontrent que les résultats ont été changés au profit de M. Embalo», a ajouté le chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc), en annonçant un «recours en annulation» après consultation de ses conseillers juridiques.  

Profonde crise politique

Depuis 2015, date de la guerre ouverte entre Jose Mario Vaz et Domingos Simões Pereira, le pays est enlisé dans une crise politique. En Guinée-Bissau le régime est semi-présidentiel. Le Premier ministre gouverne le pays. Lors des élections législatives du 10 mars 2019 le PAIGC de Domingos Simões Pereira a remporté l’élection avec 47 députés mais sans obtenir de majorité absolue, suivi du MADEM-G15 d’Umaro Sissoco Embaló avec 27 élus, puis le Parti du renouveau social (PRS) avec 21 sièges. Le nouveau président élu devra donc composer avec une assemblée loin de lui être acquise. Umaro Sissoco Embaló s’est dit prêt à diriger le pays avec le PAIGC s’il est élu. Et entre le premier et le second tour, le candidat du MADEM-G15 a engrangé des soutiens parmi les anciens candidats : José Mario Vaz, Nuno Nabiam – le troisième homme de cette présidentielle et Carlos Gomes Junior. Pour le second tour, le PRS a apporté aussi son soutien au candidat.