Le 3 février 1967, à 10 heures, Demba Diop, Président du groupe parlementaire de l’Union Progressiste Socialiste (UPS), est assassiné de plusieurs coups de poignard au cours d’une réunion à la gouvernance (préfecture) de Thiès. On découvrira que le meurtrier est un cultivateur répondant au nom d’Abdou Ndafakhé Faye. Ce dernier, né en 1922 à Gandigal (Département de Mbour), a agi pour le compte de rivaux locaux du député-maire de Mbour. Les obsèques de Demba Diop ont eu lieu à Mbour, le 3 février 1967, en présence de Léopold Sedar Senghor, Lamine Guèye et de nombreuses personnalités. L’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Demba Diop, né en 1927 à Boghé (Mauritanie), instituteur de formation, est tombé dans le guet-apens que lui ont tendu deux de ses collègues de la région : les députés Jacques d’Erneville et Ibou Kébé.

Conséquences politiques d’une tragédie

Le procès ne tarde pas et, le 18 mars 1967, le meurtrier est condamné à la peine capitale par le tribunal spécial de Dakar. Les deux commanditaires écopent pour leur part de lourdes peines de prison. Le meurtrier Abdou Ndaffa Faye sera fusillé publiquement peu après. Les événements de 1967 ne furent pas sans conséquences politiques. Inquiet des luttes de factions au sein de l’Ups, tristement illustrées par le meurtre du député-maire de Mbour, Senghor souhaitait modifier la Constitution en faveur d’un renforcement de l’exécutif. De fait, la révision du 20 juin 1967, qui accordait au président de la République le droit de dissoudre l’Assemblée nationale, aboutissait à une concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l’État. La destinée tragique de Demba Diop est restée vivante dans la mémoire des Sénégalais. Le stade de Mbour a été baptisé de son nom en 1992. Il est aussi le parrain du premier grand stade du Sénégal à Dakar, du Lycée de Mbour et d’une des principales artères de la ville de Mbour. Sa veuve, Caroline Faye, qui avait repris le flambeau, mènera une belle carrière politique, comme première femme députée en 1963 et ministre sous les présidents Léopold Sedar Senghor et de son successeur Abdou Diouf.

Sur les traces d’un instituteur adopté par les Mbourois

Sorti en 1947 comme instituteur, Demba Diop fut affecté à Sédhiou. Mais, il a interrompu sa carrière pour ses obligations militaires à Saint-Louis. Revenu à la vie civile, il fut affecté au Collège moderne de Thiès en qualité de Surveillant général. C’est en 1951 qu’il fut affecté à Mbour, à l’École régionale, où il devait obtenir, cinq ans après, son Cap. Six ans plus tard, il se fera muter au Cours normal comme Surveillant général. C’est à Mbour même qu’il rencontra une institutrice, du nom de Caroline Faye (originaire de Joal), qui deviendra son épouse. Il faut signaler que c’est avec cette dernière qu’a débuté sa carrière politique. Adopté par les Mbourois, comme élu de la Nation en 1956 à l’Assemblée nationale, Demba Diop occupa le poste de rapporteur de la commission de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique, de la Jeunesse et des Sports. Il fut ministre de l’Éducation populaire, de la Jeunesse et des Sports du 19 décembre 1962 au 9 décembre 1963. Il fut également maire de la commune de Mbour et président du groupe parlementaire de l’Ups. Ancien champion scolaire du disque et plusieurs fois sélectionné en équipe nationale d’athlétisme, Demba Diop fut l’un des fondateurs du club Stade de Mbour.