Le président de la République a déclaré, ce lundi soir, l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire, une mesure devant entrer en vigueur à compter de minuit dans le cadre du relèvement du niveau de la riposte au Covid-19. Macky Sall a aussi annoncé un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus qui sera doté de 1000 milliards de Fcfa.

« La vitesse de progression de la maladie nous impose de relever le niveau de la riposte. A défaut, nous courons un sérieux risque de calamité publique. En conséquence, en vertu de l’article 69 de la Constitution et de la loi 69-29 du 29 avril 1969, à compter de ce soir à minuit, je déclare l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national », a notamment déclaré le chef de l’Etat lors d’une adresse à la nation. Cette mesure est assortie d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de 20 heures à 6 heures, a précisé le président Sall dans un message diffusé à la télévision publique (RTS). Une douzaine de nouvelles contaminations au Covid-19 ont été enregistrées lundi au Sénégal, portant ainsi le nombre de personnes infectées depuis le 2 mars à 79. Huit patients ont été déclarés guéris par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale. « L’épidémie qui était confinée à un seul foyer s’est étendue à d’autres localités du pays. C’est dire que le virus gagne du terrain. J’ajoute qu’à ce jour, il n’y a ni vaccin, ni médicament homologué contre le Covid-19 », a fait remarquer Macky Sall.

Aux forces de défense et de sécurité de se tenir prêtes

Le président de la République a ainsi ordonné aux forces de défense et de sécurité de se tenir prêtes en vue de l’exécution immédiate et stricte des mesures édictées sur l’étendue du territoire national. Conformément à la loi sur l’état d’urgence, ces mesures donneront en particulier aux autorités administratives compétentes le pouvoir de réglementer ou d’interdire la circulation des personnes, des véhicules ou des biens dans certains lieux et à certaines heures, d’interdire, à titre général ou particulier, tous cortèges, défilés, a rappelé le chef de l’Etat. Il a ajouté que les autorités compétentes ont le pouvoir d’ordonner, la fermeture provisoire des lieux publics et lieux de réunions, d’interdire, à titre général ou particulier, les réunions publiques ou privées de quelque nature qu’elles soient, susceptibles de provoquer ou d’entretenir le désordre. « Ce soir, mes chers compatriotes, et je vous le dis avec solennité, l’heure est grave. Le gouvernement, les autorités administratives et l’ensemble des services de l’Etat concernés prendront toutes les dispositions nécessaires à l’application sans délai du décret sur l’état d’urgence », a assuré Macky Sall. Selon le chef de l’Etat, « une limitation, et au besoin une interdiction, sera imposée au transport de voyageurs de région à région ». Il a indiqué que le ministre des Transports, en rapport avec les ministres de l’Intérieur et des Forces Armées, prendra les dispositions nécessaires à l’application de cette mesure, y compris en milieu urbain.

Consultations avec les Institutions et l’opposition parlementaire

Macky Sall a annoncé que conformément à l’article 77 de la Constitution, il va saisir l’Assemblée nationale d’un projet de loi l’habilitant à « prendre, pour une durée de trois mois, des mesures relevant du domaine de la loi, afin de faire face aux impératifs d’ordre budgétaire, économique, social, sanitaire et sécuritaire de la lutte contre le Covid-19 ». Dans ce cadre, il dit avoir déjà entamé les consultations avec les Institutions de la République et va poursuivre, mardi, ‘’avec l’opposition parlementaire’’. Le chef de l’Etat a assuré qu’il tenait « en particulier, à l’approvisionnement régulier du pays en produits médicaux et pharmaceutiques et en denrées de première nécessité ». Selon lui, « le gouvernement mettra en œuvre des mesures de lutte contre toute hausse indue des prix ». Le Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus Force-Covid-19, sera doté de 1000 milliards de FCFA, a annoncé lundi soir le chef de l’Etat. Dans son adresse à la Nation, Macky Sall a décrété, à compter de ce soir à minuit, l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national. « Pour en atténuer l’impact, j’ai créé un Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19, Force-Covid-19, qui sera doté de 1000 milliards de FCFA. Ce Fonds sera alimenté par l’Etat et toutes les bonnes volontés », a déclaré le président de la République. Il a lancé un appel « à tous, au secteur privé et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin qu’ils apportent leur soutien au Force-Covid-19 », soulignant que « les ressources du Fonds serviront entre autres, à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora ».

«50 milliards consacrés à l’aide alimentaire d’urgence»

Selon le chef de l’Etat, « une enveloppe de 50 milliards sera consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence ». Il a promis que « des mesures fiscales générales et spécifiques seront également prises en soutien aux entreprises ». Macky Sall a annoncé qu’au titre des mesures générales, « il sera accordé une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019 due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards ». Il a promis des « mesures spécifiques qui bénéficieront aux secteurs les plus affectés par la crise du Covid-19, en particulier l’hôtellerie, la restauration, le transport et la culture ». « Ces mesures seront également étendues à la presse, compte tenu des changements induits dans ses grilles de programme et du rôle de service public qu’elle joue dans le contexte de la crise », a dit Macky Sall, assurant que les ministres en charge des Finances et de l’Economie prendront les dispositions nécessaires à l’application de ces mesures. « (…) L’état d’urgence que je déclare aujourd’hui n’est pas une fin en soi », a dit le chef de l’Etat, ajoutant qu’il ne s’agit pas d’arrêter l’activité économique. « Il répond à un péril imminent si nous ne redoublons pas d’effort. Face au péril, l’état d’urgence nous donne les moyens de renforcer nos rangs et d’intensifier nos efforts de lutte pour vaincre notre ennemi commun », a-t-il expliqué.

«Si nous continuons de faire comme si de rien n’était…»

Le virus porteur de la maladie, a-t-il relevé, « ne se déplace pas de lui-même. Il circule à travers les personnes qui le portent, qui le déposent dans différents endroits et qui le transmettent ainsi à d’autres ». « Par conséquent, a-t-il souligné, en limitant nos déplacements et nos rassemblements, nous arrêtons la circulation du virus. Si nous le faisons, nous avons la chance de gagner le combat contre le Covid-19 ». « Par contre, et je vous le dis avec franchise, si nous continuons de faire comme si de rien n’était, le virus va se propager de façon encore plus massive et plus agressive. Et malgré leur dévouement, nos personnels de santé seront alors débordés et ne pourront plus contenir la situation. C’est le pire des scénarios. Nous ne le souhaitons pas », a insisté le chef de l’Etat. Le président de la République en appelle à une prise de conscience nationale sur la gravité de la situation. « J’en appelle à la responsabilité de chacun et de chacune. J’en appelle à l’esprit citoyen et patriotique de toutes et de tous. Limitons nos déplacements. Evitons les rassemblements de quelque nature qu’ils soient », a-t-il lancé. « Il y va de notre propre santé et de notre propre vie. Il y va de la santé et de la vie de nos familles et de nos communautés. Mobilisons-nous, mes chers compatriotes. Ne laissons au virus ni la vie, ni nos vies. Il y va de notre salut. Il y va du salut de la Nation », a conclu le chef de l’Etat. Une douzaine de nouvelles contaminations au Covid-19 ont été enregistré lundi au Sénégal, portant ainsi le nombre de personnes infectées depuis le 2 mars à 79. Huit patients ont été déclarés guéris par les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale.