Par son ampleur, son mode de transmission rapide, ses complications, le coronavirus, pandémie redoutée et redoutable a créé un traumatisme sans précédent sur la planète Terre. Mal du siècle pour les uns, « injure du Temps » pour les autres. D’Asie en Afrique, d’Europe aux États-Unis, le Covid-19 impose au monde sa dramatique trajectoire. Partout, la riposte contre cette maladie virale est la même, pratiquement : les gestes barrières, synonymes de nouveaux comportements autour desquels se nouent des mesures sociales d’urgence et graduellement des mesures de restriction : état d’urgence, couvre-feu, déplacements inter-urbains, fermetures de lieux de cultes, universités et écoles etc.
Ici, au Sénégal, il faut se féliciter de l’attitude responsable des autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale et des personnels soignants même s’ils nous confinent quotidiennement dans une communication virale stressante. Semble-t-il, le confinement général est imminent ! Et continuent encore les inquiétudes du peuple sénégalais, surtout les populations des quartiers à forte densité humaine où, malgré les mises en garde des experts de la santé, l’on assiste inconsciemment à une « fausse peur ». Eh oui, l’homme de la rue ne mesure pas, jusqu’ici, ce qui peut lui arriver.
Malheur à nous, le Sénégal a enregistré son premier décès du Covid-19 : Pape Mababa Diouf, ancien président du club français l’Olympique de Marseille, icône du football mondial ! Et voilà que retentit le message du Secrétaire général des Nations Unies, Antònio Guterres : « Si on n’empêche pas la propagation du coronavirus en Afrique, il y aura des millions de morts ». De quelle Afrique s’agit-il réellement ? Pas de cette Afrique-là, la nôtre, qui n’a même pas 200 décès, sur les 40 000 morts dans le monde dont plus de 37 000 en Europe : une vraie hécatombe ! Le contraste est saisissant pour que les priorités se trouvent inversées. Le caractère inévitable de cette prédiction apocalyptique, même si elle est entourée d’interrogations légitimes, ne peut être déconnecté de la triste réalité.
Et quelle prophétie de Mélenchon qui, dans son discours du 2 avril 2017, lors de la dernière élection présidentielle française, disait : [« Nous sommes menacés d’un véritable krach sanitaire qui résulterait de 3 facteurs : le premier, ce sont des défis sanitaires totalement nouveaux, le second c’est un appareil de soin, un ensemble de moyens de soin, qui est en voie de dislocation et le troisième, le plus grave, le plus important, le plus décisif, c’est ce qu’il y a dans la tête des décideurs. Une vision absolument absurde, mercantile, “entrepreneuriale” qui nous rend incapable de répondre à ce que nous voyons se lever devant nous : le déchainement de nouvelles épidémies. »] Nous y sommes.
À envisager un tel scénario catastrophique, la question est de savoir où est l’Etat stratège prévoyant des services hospitaliers performants ? Qu’en est-il de ces metteurs en scène de l’Organisation mondiale de la santé, les nouveaux Prométhées du Covid-19 qui n’ont pas vu venir, pour s’entourer de toutes les prévisions et précautions et, au mieux, prendre en charge les gouvernements des pays pauvres avec des moyens suffisants pour des recherches efficientes.
Il y va de soi, en Afrique, l’aplatissement de la courbe de la pandémie du Coronavirus est une condition sine qua non d’une prise de conscience individuelle et collective en attendant que l’espoir, cet espoir-là, aussi fragile qu’une bulle de savon nous revienne. Au-delà de ces prédictions effrayantes, nous aussi sommes en mesure de prophétiser à notre manière : «Si la parole, à titre d’indication, se donne pour mission d’alerte, les déterminismes psychologiques et sociaux commandent au respect strict des consignes». Donc à nous Africains, menacés de subir le plus lourd tribut de la pandémie du Coronavirus, de nous débarrasser des cafards et punaises dans nos lits avant le décompte macabre de millions de morts dans le continent.