Le Magal de Darou Mouhty, célébré le 15 du mois lunaire Chaban (Barakhlou en wolof), marque la rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba et son petit frère, Mame Thierno Birahim Mbacké Ndamal Darou, après son retour d’exil. La date coïncide, pour l’édition 2020, à la date du jeudi 9 avril. Prétexte pour revisiter la vie d’un ascète qui aura marqué, d’une empreinte indélébile, son passage presque centenaire sur terre : Serigne Cheikh Khady Mbacké affectueusement appelé Baay Cheikh.

L’homme veillait, depuis la disparition de Serigne Abdou Khoudoss en 2003, sur l’héritage et le temple de Mame Thierno Birahim Mbacké Ndamal Darou. Serigne Cheikh Khady Mbacké, puisque c’est de lui qu’il s’agit, laisse à la postérité l’image d’un soufi dans l’âme, détaché des futilités et autres aspérités terrestres, qui n’avait qu’une seule et unique préoccupation durant les 94 années qu’il a passées sur terre : adorer le Seigneur et perpétuer le legs de son illustre aïeul Serigne Touba Khadimou Rassoul.    

«Un milliardaire qui a vécu, son existence durant, dans une case»

Rappelé à Dieu le 5 janvier de l’an de grâce 2016, le troisième Khalife de celui que Serigne Touba surnommait « ma main droite » fut un guide religieux exemplaire, plein d’humanisme, désintéressé et loin du matérialisme ambiant.

Baay Cheikh, qui comptait une descendance et des milliers de disciples lui vouant un amour sans limite et prêts à sacrifier biens et âmes, n’a jamais voulu qu’ils modernisent sa concession, préférant vivre dans ses cases comme lieux de résidence. «Voilà un milliardaire qui a vécu, son existence durant, dans une case», aime rappeler son disciple Serigne Abdoulaye Seck.

Toujours engagé dans les nobles causes (religieuses, morales et sociales), il était doté d’une forte personnalité mais aussi d’un caractère souple et humain. En effet, il ne prenait aucune décision sans consulter, dialoguer et partager l’avis de ses proches. Ses seules farouches oppositions ne s’affichaient que devant les transgressions des valeurs et principes religieux et moraux de l’islam.

Bref, Serigne Cheikh Khady Mbacké était connu pour son orthodoxie, sa sagesse légendaire et sa foi inébranlable. En définitive, la postérité retiendra de Serigne Cheikh Khady Mbacké le souvenir d’un serviteur dévoué du Tout-Puissant, un disciple accompli dont la foi est ancrée dans les enseignements de Khadim Rassoul.

Place de choix dans le cercle restreint des grands bâtisseurs de l’Islam

Devenu Khalife, Baay Cheikh s’est investi à moderniser la cité de Borom Darou en dépensant plus la rondelette somme de 2 milliards de Fcfa dans diverses opérations (réfections d’ouvrages et d’infrastructures, construction de forages, érection d’une morgue, édification de deux résidences que sont Beyti et Makaama en plus de Daaray Kaamil).

Sans parler d’une mosquée d’une valeur de 2,5 milliards achevée au milieu de la récession économique et la réfection du mausolée de Mame Thierno Birahim. Baay Cheikh a aussi beaucoup fait pour Khabane, Madina, Niary Daqqar où il a érigé des mosquées.

Mais, Serigne Cheikh Khady a surtout construit des hommes de valeur, de bons musulmans, inculqué le culte du travail et montré à ses contemporains comment suivre Serigne Touba et adorer Dieu. Aussi, il entretenait des relations exceptionnelles avec Serigne Saliou Mbacké. En effet, les deux hommes de Dieu, qui avaient le même attachement à Serigne Modou Aminata Fall, étaient inséparables.

«Son engagement à servir Mame Thierno Birahim Mbacké était sans commune mesure. Il en faisait sa raison de vivre. Il est resté toute sa vie profondément talibé. Baay Cheikh n’hésitait jamais à priver ses propres enfants au profit des autres», a témoigné Serigne Abdou Mbacké, son Khalife.