Député à l’Assemblée nationale et Président de l’Institut Africain de Management (IAM), Moustapha Guirassy raconte, dans un entretien exclusif accordé à Intelligences Magazine, sa contamination au Covid-19.  Désormais guéri, il revient sur cette épreuve pour lui et sa famille, en tire des enseignements à portée universelle et invite ses compatriotes à la résilience.

«Cette épreuve était la plus belle chose qui puisse m’arriver»

Un tantinet philosophe, l’ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement du Sénégal, entre 2009 et 2012, de jeter un regard lucide sur cette pandémie : «Le Covid19 c’est comme le paludisme en terme symptomatique pour ceux qui connaissent cette maladie tropicale, mais plus sournoise et plus dangereuse car infectant assez vite les poumons. Les premières heures après l’annonce ont été plutôt marquées par ce sentiment de soulagement associé à un sentiment terrible de peur et de culpabilité. C’était atroce et affreux surtout en pensant à mes enfants. Cette épreuve que je ne souhaite à personne de vivre était la plus belle chose qui puisse m’arriver pour apprécier davantage l’importance de la spiritualité dans la vie de l’homme et la vanité de cette quête effrénée de biens matériels et financiers qui sont bien loin de déterminer son bonheur».

«Aujourd’hui, il ne s’agit pas de crise mais bien de catastrophe»

L’ancien maire de Kédougou de marteler : «Aujourd’hui, il ne s’agit pas de crise mais bien de catastrophe : on retrouve le cours normal des choses après une crise, alors que pour une catastrophe plus rien n’est comme avant. Pour une fois dans l’histoire de l’humanité l’argent, le matériel et le renom sont relégués au second plan et la vie humaine devient la priorité de tous. Je nourris donc l’espoir qu’avec le changement qu’induira cette catastrophe le marché et la démocratie à l’occidentale disparaîtront pour laisser place à plus de sobriété, à plus d’humanisme, plus d’empathie et plus de sagesse.

«Le tsunami économique risque de tuer plus que le tsunami sanitaire»

Moustapha Guirassy d’ajouter : «Un médecin spécialiste chinois disait que la grande erreur aux États-Unis et en Europe était que la population ne portait pas de masque. Ce virus se transmet par les gouttelettes respiratoires. Aussi, j’encourage fortement le port de masque. On devrait même le rendre obligatoire. D’ailleurs, je milite pour un confinement total pour un  mois au moins mais précédé de mesures d’accompagnement adéquates tenant compte du niveau de pauvreté. En effet, il faut s’attendre à un désastre économique très important. Que d’entreprises qui risquent de la cessation d’activité ! Que d’entrepreneurs qui risquent de baisser les bras ! Bref, le tsunami économique risque de tuer plus de compatriotes que le tsunami sanitaire»