Le rapport dressé par les États-Unis d’Amérique sur le climat des affaires au Sénégal, dont votre site www.lepaysinfos.com a obtenu copie, risque de ne pas trop plaire aux autorités sénégalaises. En effet,  pour baliser le terrain à leurs chefs d’entreprises voulant investir ailleurs dans le monde, le Département d’État américain passe, chaque année, au scanner le climat des affaires dans les pays où il a une représentation diplomatique. Les fruits de leurs investigations sont consignés dans le rapport annuel intitulé «Investment Climate Statements». Et pour notre pays, ils ont dressé un diagnostic sans complaisance sur la corruption, la justice ou encore le climat des affaires.

«Enquêtes contre les rivaux politiques du Président»

Sur la corruption, le Département d’État américain a rappelé, dans son document, la mise en place de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) dont l’objet est de faire appliquer les lois anti-corruption. Les collaborateurs de Mike Pompeo ont aussi rappelé qu’une loi sur la déclaration de patrimoine a été mise en place par les autorités du pays et que «l’administration actuelle a lancé des enquêtes de corruption contre plusieurs fonctionnaires (principalement les rivaux politiques du Président) et obtenu des condamnations». Non sans saluer le fait que «L’État du Sénégal a également pris des mesures pour accroître la transparence budgétaire conformément aux normes régionales».

«Recherche de rentes,  marchés publics opaques…»

En dépit de tous ces actes posés, les efforts du gouvernement dans la lutte contre la corruption ont été jugés faibles par les américains. «Malgré la réputation positive du Sénégal pour la corruption, par rapport à ses pairs régionaux, le gouvernement n’a pas souvent appliqué la loi de manière efficace et les fonctionnaires ont continué à se livrer à des pratiques de corruption en toute impunité. Les rapports allaient de la recherche de rentes par les bureaucrates impliqués dans les approbations publiques, aux marchés publics opaques, à la corruption dans la police et la justice. Certains hauts fonctionnaires de l’administration du Président Sall seraient impliqués dans des relations de corruption», indique le Département d’État.

«Foreign Corrupt Practices Act (Fcpa)»

Aussi, les Usa conseillent à leurs entreprises déjà implantées au Sénégal, ou aux investisseurs américains désirant investir dans le pays, d’évaluer les risques de corruption et développer un programme de conformité efficace ou des mesures pour prévenir et détecter la corruption. «Les entreprises américaines opérant au Sénégal peuvent souligner à leurs interlocuteurs au Sénégal qu’elles sont soumises au Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) aux États-Unis et peuvent envisager de demander un conseil juridique pour assurer le respect des lois anti-corruption aux États-Unis et au Sénégal», suggère, bien à propos, le Département d’État.

«Influence dans les affaires pénales de grande envergure»

Sur le plan judiciaire, le rapport annuel du Département d’État n’a pas manqué de rappeler que «la constitution du Sénégal exige que le pouvoir judiciaire fonctionne indépendamment du Législatif et de l’Exécutif». Mais, il signale, aussitôt après, que «l’Exécutif exerce fréquemment une influence, en particulier dans les affaires pénales de grande envergure». Cependant, le Département d’État précise que ce type d’influence est rare en matière commerciale. «Toutefois, certains investisseurs étrangers signalent un traitement discriminatoire par les tribunaux locaux», pointe encore le rapport.

«Le secteur informel domine l’économie nationale»

Pour finir, le rapport du Département d’État pense que le Sénégal a encore beaucoup de défis à relever en matière d’environnement des affaires. Surtout dans la répartition du paiement des impôts et la maîtrise des projets. «Le secteur informel domine l’économie sénégalaise, les entreprises légitimes supportent une lourde charge fiscale, même si le Sénégal progresse dans l’élargissement de l’assiette fiscale. Certaines entreprises américaines se plaignent des retards et de l’incertitude dans le processus de développement des projets», ajoute le document.