Le président américain Donald Trump a annoncé dans la nuit de jeudi 1er à vendredi 2 octobre qu’il avait été testé positif au Covid-19, tout comme sa femme Melania, et qu’il se mettait en quarantaine. Selon le médecin de la Maison Blanche, il « va bien » et restera à la Maison Blanche pendant sa « convalescence », où il « continuera à assumer ses fonctions». «Ce soir, la première dame et moi-même avons été testés positifs au Covid-19 », a tweeté le président de la première puissance mondiale. « Nous allons entamer notre quarantaine et le processus de rétablissement immédiatement. Nous nous en sortirons ENSEMBLE !», a-t-il ajouté. Le locataire de la Maison Blanche devait quitter Washington vendredi en milieu d’après-midi pour participer dans la soirée à un meeting de campagne en Floride – meeting qui a été annulé.

Quelques heures plus tôt, Donald Trump avait confirmé sur Fox News que Hope Hicks, sa proche conseillère, avait été testée positive. « Je viens de faire un test, nous verrons. Qui sait ? », avait-il déclaré, évoquant des résultats « ce soir [jeudi] » ou « demain matin [vendredi] ». Hope Hicks était à bord d’Air Force One avec le président américain lorsqu’il s’est rendu mardi à Cleveland, dans l’Ohio, pour participer au débat face à Joe Biden. Elle a également voyagé avec lui mercredi lorsqu’il s’est rendu dans le Minnesota pour un meeting de campagne. « Elle travaille dur », a-t-il souligné. « Elle porte souvent un masque mais elle a été testée positive », a-t-il ajouté, précisant qu’il passait « beaucoup de temps avec Hope, tout comme la première dame ».

Le président américain se soumet régulièrement à des tests Covid-19 même si la fréquence exacte de ces derniers n’est pas connue. Les collaborateurs qui travaillent au sein de la « West Wing » sont testés quotidiennement, comme les journalistes qui se rendent sur place ou voyagent avec le président. Hope Hicks, qui avait rejoint très tôt l’équipe de campagne du magnat de l’immobilier en 2016, fait partie du cercle rapproché du président. Après avoir occupé le poste prestigieux de directrice de la communication de la Maison Blanche, elle l’avait quitté un temps pour rejoindre le groupe Fox, qui chapeaute la chaîne Fox news, avant de revenir sur Pennsylvania Avenue. Discrète dans les médias mais très influente en coulisses, cette ancienne mannequin, qui avait travaillé pour Ivanka Trump à New York, a toujours eu l’oreille du président. La pandémie a fait à ce jour plus de 207 000 morts aux Etats-Unis, de loin le pays le plus endeuillé au monde.

Désinformation

Le président américain Donald Trump a très probablement été à lui seul le facteur ayant le plus engendré de désinformation sur le Covid-19 pendant la pandémie, selon une étude publiée jeudi de l’Université Cornell et en partie financée par la fondation Bill et Melinda Gates. Quelque 38 millions d’articles, publiés en anglais dans les médias traditionnels entre le 1er janvier et le 26 mai 2020, ont été analysés par une équipe de la Cornell Alliance for Science. Cette base de données comprenait des articles publiés notamment pour les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Inde, l’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que pour certains autres pays d’Afrique et d’Asie. Plus de 522.400 articles véhiculant de fausses informations relatives au coronavirus ont été identifiés. Un phénomène qualifié « d’infodémie » par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Au total, onze catégories ont été identifiées, allant des théories conspirationnistes aux remèdes miracles.

Ce dernier sujet était de loin le plus populaire, apparaissant dans 295.351 articles, soit plus que les dix autres combinés. Selon les auteurs de l’étude, les commentaires de Donald Trump ont été responsables d’un pic important dans cette catégorie, notamment ceux tenus lors d’une conférence de presse le 24 avril, lors de laquelle il avait évoqué la possibilité d’injection de désinfectant dans le corps pour traiter la maladie. Des pics similaires ont été constatés lorsqu’il a promu l’usage d’hydroxychloroquine, un traitement dont l’efficacité n’a pas été prouvée. « Nous avons donc conclu que le président des Etats-Unis a certainement été le plus grand facteur de désinformation » sur le Covid-19, ont écrit les chercheurs. « Si les gens sont mal aiguillés par des affirmations non scientifiques et non corroborées sur la maladie, il se peut qu’ils suivent moins les recommandations officielles et propagent ainsi davantage la maladie », a déclaré Sarah Evanega, qui a dirigé l’étude.

« L’un des aspects les plus intéressants (…) a été de découvrir la masse impressionnante de fausses informations directement liées aux commentaires sur un petit nombre d’individus », a relevé son co-auteur Jordan Adams. Après les remèdes miracles, les « infox » les plus propagées concernaient, dans l’ordre: l’idée d’un virus créé pour établir un nouvel ordre mondial, pour aider politiquement le parti démocrate américain, d’une arme biologique diffusée par un laboratoire chinois, d’une maladie liée au milliardaire américain Bill Gates, à la 5G, des théories antisémites, ou d’un virus créé pour réguler la population. En fin de liste: des attaques visant l’éminent scientifique américain Anthony Fauci, des références à la vidéo « Plandemic » relayant notamment des théories anti-vaccins, et enfin à la responsabilité de la consommation de soupe de chauve-souris dans la pandémie. Les chercheurs ont également calculé que les partages de ces articles sur les réseaux sociaux ont provoqué plus de 36 millions d’interactions, les trois-quarts sur Facebook.