Exilé en Guinée Équatoriale, Yaya Jammeh nourrit toujours le désir, comme il en avait déjà émis le souhait en 2020, de rentrer en Gambie. Et de quelle manière ! Son successeur, Adama Barrow, gagnerait à surveiller ses arrières.

L’ancien président gambien semble plus que jamais déterminé à remettre les pieds dans un pays, qu’il a dirigé pendant 22 ans, et qui s’apprête à aller aux urnes le 4 décembre prochain. Un scrutin guetté à l’issue plus que jamais incertaine. Dans un enregistrement qui lui est prêté, Yaya Jammeh n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer ce qu’il appelle l’incapacité de son successeur à tenir les rênes du pays. Pour argument, il évoque «l’augmentation» des cas de vol à main armée et des homicides. Une façon pour lui de dire qu’il manque aux Gambiens ? Cela y ressemble fort. Car, dans l’élément sonore écouté par nos confrères de nation.africa, celui qui a perdu l’élection présidentielle de décembre 2016 indexe d’autres carences de son successeur, notamment le «taux élevé de la mortalité maternelle».

«Tout ça prendra fin bientôt»

Aux chefs religieux, Yahya Jammeh a rappelé le devoir de tenir un discours de vérité face à ce qu’il n’est pas loin de qualifier de dégradation des conditions de vie des gambiens. L’homme, qui vit en Guinée Équatoriale assure, que «tout ça prendra fin bientôt». Ce qui semble en dire beaucoup sur les intentions du natif de Kanilai, qui rappelle à l’administration Barrow l’accord qui l’avait conduit à démissionner en 2017. Vaincu lors de la présidentielle de 2016, il avait  reconnu sa défaite avant de tourner casaque en demandant une nouvelle tenue des élections. Sous l’impulsion du Sénégal, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait décidé d’intervenir militairement en Gambie pour le pousser. Ce que Jammeh fit finalement. Mais, dans l’enregistrement audio, il dément avoir été contraint à quitter son pays. Le successeur de Dawda Kairaba Jawara affirme plutôt avoir voulu prendre des vacances.

«Possible retour et traitement dû à son rang»

Le même moment est choisi par un ancien vice-ambassadeur de la Gambie auprès de l’Organisation des Nations Unies pour révéler avoir abordé, lors d’une audience avec Adama Barrow, le possible retour de Jammeh. Fatunetwork rapporte que Samsedin Sarr a affirmé avoir rencontré le président gambien ce lundi 3 février. «Nous avons évoqué la situation politique du pays et la volonté de son parti d’aller vers une réconciliation avec tous les autres partis politiques, en particulier avec l’APRC», dit Sarr sur son compte Facebook. À l’en croire, le chef de l’État gambien est favorable à ce cas de figure et serait même prêt à accorder à son prédécesseur, au nom de la cohésion nationale, le traitement dû à son rang. Mais, pas sûr qu’après avoir écouté cet enregistrement audio, Adama Barrow, qui brigue un deuxième mandat, balise la voie à Yahya Jammeh.