Nommé fin mars au secrétariat général de la présidence, où il a succédé à Patrick Achi devenu Premier ministre après le décès d’Ahmed Bakhayokho, Abdourahmane Cissé occupe un poste stratégique qui le place au cœur du pouvoir ivoirien.

Il est sans doute celui qui incarne le plus le souhait de «renouvellement générationnel» affiché par Alassane Ouattara. Bombardé fin mars Secrétaire général de la présidence de la République à seulement 39 ans, Abdourahmane Cissé est désormais un personnage incontournable au sein du pouvoir ivoirien. Une nouvelle marche franchie pour celui qui, en 2013 déjà, avait attiré les projecteurs en devenant le plus jeune ministre du gouvernement, en charge du Budget et du portefeuille de l’État (il avait à l’époque 32 ans). Son âge a-t-il été un atout par rapport à d’autres prétendants ? Probablement. «Le Président s’est toujours entouré de jeunes dans sa carrière. Il leur fait confiance et les fait monter à ses côtés. Amadou Gon Coulibaly a, par exemple, commencé à travailler avec lui à la primature alors qu’il avait à peine 30 ans, assure un intime de Ouattara. Quand il repère un jeune compétent, il le met plus vite en orbite.» Dans l’entourage de l’intéressé, père de jumeaux depuis peu, l’évocation de sa précocité et d’une éventuelle «prime aux jeunes» dans le dernier remaniement font sourire. «Être jeune ne suffit pas. Quand il fait ses choix, le Président se base d’abord sur les compétences et non sur des dates de naissance», affirme l’un de ses collaborateurs.

«Associate trader»

Dernier d’une famille de quatre enfants, Abdourahmane Cissé est né le 6 août 1981 à Abidjan, dans le quartier populaire de Treichville, d’un père ouvrier en bâtiment et d’une mère, femme au foyer. Il fait l’intégralité de ses études jusqu’au baccalauréat en Côte d’Ivoire. À l’école primaire de Vridi Collectif puis au collège à PortBouët et enfin au lycée moderne de Grand-Bassam où il obtient en 1999 le baccalauréat série C avec la mention «Bien». À 18 ans, il déménage à Paris et réussit en 2001 le concours d’entrée à l’École polytechnique française (installée dans la banlieue de Paris à Palaiseau). En tant qu’élève étranger, il rejoint la promotion 2001 de cette École où il obtient en 2004 le diplôme d’ingénieur (option mathématiques appliquées). Il poursuit ses études en intégrant un double programme de l’Université d’Oklahoma aux États-Unis et de l’Institut français du pétrole (IFP). Il obtient à ce titre un master en sciences économiques et gestion des ressources pétrolières. Après ses études, Abdourahmane Cissé intègre le monde de la finance internationale : en 2005, la banque d’affaires Goldman Sachs International le recrute en tant qu’analyste en «structuration-origination» au sein de son département matières premières à Londres. Il devient ainsi «associate trader» de produits structurés avant de devenir vice-président et directeur exécutif chargé du trading des dividendes et des indices de la zone euro.

Haut fonctionnaire

Six ans plus tard, en 2011, il démissionne de son poste pour revenir en Côte d’Ivoire, répondant ainsi à l’appel du président de la République, Alassane Ouattara. Abdourahmane Cissé est nommé en juillet 2012 Conseiller spécial chargé des finances publiques à la présidence de la République ivoirienne. Six mois plus tard, en janvier 2013, il devient directeur de cabinet auprès du Premier ministre, chargé de l’Économie et des Finances. Le 19 novembre 2013, il est nommé ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget, devenant ainsi le plus jeune ministre du gouvernement de Daniel Kablan Duncan. À ce titre, il est chargé des questions relatives à la préparation et à l’exécution du budget de l’État, de définir et mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière budgétaire, douanière et fiscale et aussi de la gestion du portefeuille des participations de l’État et des établissements publics nationaux. La mission du ministre consiste également à définir et suivre les axes de la politique économique et d’endettement de la Côte d’Ivoire. Il rejoint ensuite l’Administration publique ivoirienne en tant que ministre du Budget et du Portefeuille de l’État de 2013 à 2017, puis ministre, conseiller spécial auprès du Président de la République chargé des Affaires économiques et financières. Il a été nommé le 10 décembre 2018, ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables.