Le Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) et maire de Malicounda est, malgré lui, au-devant de la scène politico-médiatique. Dans un entretien à bâtons rompus avec le quotidien EnQuête, sans tabou diraient les puristes, l’Administrateur civil Maguette Sène brise la glace. Une occasion pour lui de revenir, avec force arguments, entre autres sujets brûlants de l’actualité, sur sa trajectoire, ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire des 18 hectares de Nianing et sa gestion du COUD. Et, last but not least, le candidat à sa propre succession -qui sera investi pour un second mandat, le 19 juin prochain, par les populations dont il préside aux destinées depuis 2014- se prononce également sur les élections locales qui se profilent à l’horizon.
Parlez-nous de votre parcours académique et professionnel…
J’ai démarré mes études dans le village de Mballing, dans l’actuelle commune de Malicounda. J’y ai fait mon cycle primaire. J’ai fait mon cycle secondaire au collège Saint-Esprit de Mbour où j’ai obtenu le BFEM en 1986. J’ai été après au lycée Demba Diop de Mbour en série C (actuelle S1). Mais, je n’ai pas terminé mon cycle de lycée. J’ai arrêté mes études en classe de 1re à la suite de mon admission à l’École normale régionale de Bambey. Elle formait des instituteurs sur une durée de 4 ans. J’ai été à Bambey de 1988 à 1992. J’y suis sorti enseignant.
J’ai servi à Tambacounda, plus précisément à Saraya. J’ai été ensuite été affecté à Koussanar. C’est là-bas où je me suis inscrit en candidature libre au baccalauréat littéraire. J’ai pu le décrocher avec mention. Je me suis préparé tout seul. Je révisais seul. C’était, je crois, en 1996. J’ai plus tard rejoint Mbour, plus précisément Louly, toujours comme instituteur.
En 2001, j’ai réussi le concours d’entrée au cycle B de l’ENA, section Administration générale. J’ai été major à l’entrée et à la sortie. J’ai eu mon diplôme en 2003, et en 2004, j’ai été affecté au ministère des Finances, précisément à la DMTA où j’ai occupé les fonctions de chargé d’études d’abord, ensuite de chef du Bureau administratif et financier. À ce poste, j’ai pu participer à la réforme actuelle sur la comptabilité des matières. Ce qui fait de moi un expert dans le domaine au niveau national.
C’est lors de mon passage à la DMTA que j’ai eu l’occasion de m’inscrire à l’université, en faculté de Droit. De 2004 à mon année d’affectation, j’ai fait la Licence puis la Maitrise et le DEA. J’ai eu mon Master 2 en droit public, option droit de l’intégration. Je l’ai obtenu en 2007-2008.
En 2012, je suis retourné à l’ENA. J’ai fait le concours d’entrée, cycle A. J’ai été admis. J’étais major à l’entrée comme à la sortie, en 2014. Les élections municipales se sont tenues la même année en juin. J’ai été élu maire de Malicounda, à l’issue du scrutin. Je suis revenu à la DMTA une année plus tard, en tant que directeur de cette structure. J’y suis resté jusqu’en 2020. J’ai été nommé directeur du Coud en novembre 2020.
Comment s’est passée votre enfance ?
C’est une enfance d’études, une enfance villageoise. On gambadait entre les manguiers, les champs et la mer. Il y avait le sport. Notre enfance n’est pas comme celle qu’on voit aujourd’hui. On était très libre. On devenait homme par la confrontation avec la nature. On n’avait pas d’électricité dans nos villages à cette époque. On passait la nuit à la belle étoile. Quand il y avait clair de lune, c’est comme si on était au paradis. Difficilement on se couchait. Quand il faisait nuit noire, on allait au lit dès le crépuscule. C’est une enfance villageoise très joyeuse que j’ai vécue.
Vous n’aviez pas d’électricité pour étudier le soir et pourtant, vous avez été un élève brillant. Comment faisiez-vous ?
Je ne sais pas. Il y a des compétences qui sont innées. N’est pas intelligent qui veut. À côté, il y a l’engagement. Quand je m’engage dans une chose, j’y vais à fond. Je ne m’épargne pas, je n’économise pas mes forces. J’y vais avec tout l’engagement qu’il faut. C’est ainsi depuis le collège. Quand j’ai un examen ou un concours, je m’y mets à fond en me disant que je dois toujours être le premier. Arriver à comprendre très facilement les choses est un don de Dieu. Les degrés d’intelligence varient. Je comprends très vite les choses et à côté, il y a mon dévouement dans tout ce que j’entreprends.
Vous êtes un énarque, un technocrate. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager en politique ?
Ce n’est pas un choix fortuit ou volontaire. C’est la force des choses qui a fait que je me suis jeté en politique. La façon dont notre terroir était géré ne nous convenait pas, nous les jeunes. À un moment donné, on n’avait plus le choix, on était obligé d’entrer en politique.
Mais, j’ai taquiné quand même la politique en 2000, au moment de l’alternance. C’était général, je pense. Tous les jeunes du Sénégal étaient politiquement impliqués, à cette époque. Il fallait une alternance en 2000. Après ce tournant, je m’étais éloigné de la scène politique. Ainsi, de 2000 à septembre 2011, j’étais un observateur de l’arène politique.
Il y a des évènements qui s’étaient passées dans mon terroir et qui avaient trait à la gestion des terres qui ne me laissaient pas insensible. Je ne pouvais plus n’être qu’un observateur. Les populations m’ont demandé d’entrer dans le jeu pour participer et apporter ma contribution à la vie du terroir. Nous avons été nombreux, les jeunes de la zone, à sentir le besoin de nous engager en politique. De septembre 2011 à 2014, j’ai déroulé mes actions et j’ai été élu maire en 2014. Depuis lors, je me dis que c’est une occasion de participer à l’histoire de mon terroir, de le marquer et de faire des choses extraordinaires qui seront peut-être gravées dans l’histoire de notre communauté.
C’est quoi ces choses qui se passaient et qui vous ont poussé à briguer le suffrage des populations de Malicounda ?
Je ne veux pas aller dans les détails. Je peux juste dire que la gestion de mon terroir, à cette époque, ne me convenait pas et on ne pouvait plus rester des spectateurs. On s’est jeté dans le champ politique.
Aujourd’hui, votre gestion est mise en cause. On vous accuse de dilapider le foncier de Nianing avec l’affectation, qui serait non-conforme, de 18 ha à des investisseurs. Quelle est votre part de vérité dans cette affaire ?
L’affaire des 18 hectares est limpide et très claire. Mais, quand on a des ambitions politiques et qu’on est animé de mauvaise foi, on ne peut pas entendre raison. C’est simplement cela. Je vous assure qu’un dossier ne peut pas être plus clair que celui-là. Ce dossier a fait, en termes de procédure, toutes les étapes requises. C’est un lopin de terre niché entre le Domaine de Nianing et le Club Aldiana. Ce sont des hôtels qui ont aujourd’hui fermé.
Le dernier a fermé en 2015. Ce qui a causé une crise sans précédent dans la zone au plan social, parce que ces hôtels aux environs de Nianing faisaient vivre ce village. Alors quand, d’un seul coup, ces deux hôtels cessent leurs activités, il a fallu trouver des alternatives pour créer de l’emploi et de la richesse. J’ai vu ce lopin et je me suis dit qu’il nous fallait monter un projet avec un partenaire qui était prêt à y aller avec nous.
Nous avons discuté et nous nous sommes rendu compte que l’assiette foncière en question appartenait aux eaux et forêts. Avec l’appui des autorités du gouvernement, les Eaux et Forêts ont accepté de nous céder l’assiette, par le canal d’une convention que nous avons signée avec eux et approuvée par le ministre de tutelle d’alors, Abdoulaye Bibi Baldé.
Dans ladite convention, il était prévu que nous, mairie, lorsque nous devrions entrer en possession des 18 ha, céderons, en contrepartie, une autre assiette de 7 ha aux eaux et forêts. Cela devrait leur permettre d’y dérouler leur projet de pépinière. Mission de service public, elle ne pouvait pas s’arrêter. À la suite de cela, nous nous sommes entendus avec le promoteur qui voulait construire un hôtel en bordure de mer et des résidences en bordure de route. C’était, de manière générale, un projet immobilier.
Les populations étaient-elles au courant de ces tractations ?
Oui ! Comme on devait signer une convention avec ce partenaire-là, il fallait soumettre le projet de convention à la population, au cours d’une audience publique à laquelle prennent part le chef de village, les délégués des quartiers, les responsables des jeunes, des femmes, les présidents d’association. Tout le monde était là pour, d’abord, découvrir le projet que le partenaire nous proposait. Ensuite, voir le projet de convention qui nous liait au partenaire.
Par conséquent, ce n’est pas un projet que j’ai fait en me cachant. Je l’ai exposé à la place publique, tout le monde l’a regardé. Nous avons partagé ensemble sur les avantages. Il était prévu que le partenaire construise un marché d’une valeur de 270 millions F CFA pour le village de Nianing. Au cœur du projet, il y avait la construction d’une salle de spectacle avec des studios d’enregistrement. C’était pour soutenir les artistes qui souffraient de l’arrêt de l’activité touristique. Cela leur aurait permis de retrouver les scènes et d’avoir du boulot. On a pensé également aux artisans qui souffraient à cause de l’arrêt de l’activité touristique. Il fallait leur trouver des emplois dans le projet.
C’est ainsi qu’on a pensé à construire un village artisanal. C’était des avantages, des infrastructures que le partenaire devait construire et rétrocéder gratuitement à la mairie. Le partenaire devait construire des bureaux municipaux. C’est ce qui était prévu dans la convention. Cerise sur le gâteau, et c’est le partenaire lui-même qui nous l’offre, il a pensé qu’on devrait entrer dans le capital de la société. Il avait accepté que dans la société de projet qui devait gérer le complexe hôtelier, on devait avoir 10 % du capital et lui devait garder les 90 %. C’est comme cela que les choses se sont passées.
Les populations étaient-elles d’accord avec les termes du projet ?
En audience publique, devant les populations, nous avons discuté et tout le monde a approuvé le projet. À la suite de cela, nous sommes allés en conseil municipal. Je n’étais même pas obligé de tenir cette séance. Mais qui me connait sait que je n’ai rien à cacher. Je suis dans la démarche participative. Je veux partager tout ce que je fais avec la population.
En conseil municipal donc, le partenaire est revenu. Nous avons listé les mêmes avantages. Le projet a été présenté et on a délibéré valablement, mais en précisant que l’assiette foncière devait être affectée à la société de projet dont le capital devait être constitué de 90 % de la société du partenaire et 10 % de la mairie. A la suite de cela, le partenaire a créé une société appelée Dyena. Le partenaire en tant que tel, celui avec qui nous avons signé sa société s’appelle BS Development.
C’est donc BS Development qui a signé une convention avec la mairie. Convention dans laquelle il est prévu de créer une société de projet. Celle-ci a été créée par le partenaire comme société unipersonnelle. Donc, il avait 100 % des parts. Devant notaire, il a vendu les 10 % à la mairie.
Mais, si c’est aussi clair que vous le dites, si la majorité avait donné son accord, pourquoi cette discorde notée aujourd’hui ?
Ceux qui crient ont été emballés dans des informations fausses. Ils ont certainement vu que nous avions signé devant eux, à Nianing, avec BS Development et, plus tard, ils ont vu un acte dans lequel il est mentionné Dyena. Ils se sont dit donc que nous avons vendu les terres parce que ce n’était pas Dyena qui avait signé. Ils ne savent pas que Dyena est le fils de BS Development et de la mairie. BS détient les 90 % du capital de cette société et la mairie les 10 %. Il n’y a rien de flou ici.
Maintenant, après la délibération, il était question d’entrer en possession de l’assiette foncière. En ce moment, le partenaire avait commencé même à vouloir couper des arbres, à mettre des clôtures et autres. Mais il a été arrêté par les eaux et forêts qui avaient même suspendu la convention disant que nous n’avions pas respecté notre engagement. Ils nous reprochaient n’avoir pas respecté notre engagement. Ils disaient que nous n’avions pas encore libéré les 7 ha qu’on devait leur céder en contrepartie. Nous avons délibéré sur les 7 ha.
Nous sommes allés, avec les chefs de service départemental et régional des Eaux et Forêts, sur le site pour leur montrer les 7 ha. Mais, ils ne les ont pas acceptés. Leur hiérarchie leur a demandé de suspendre le processus, que l’aval n’était pas donné au promoteur et à la mairie pour entrer en possession de l’assiette, parce qu’elle n’était pas satisfaite de celle qui leur a été présentée en contrepartie. Les gens sont restés longtemps sans voir le projet évoluer. Ils se sont alors dit que j’ai vendu le terrain. Ils ont dit du n’importe quoi. Que des mensonges et des contrevérités.
Mon dernier mot sur ce projet-là, je l’ai dit devant le préfet et je vais le redire aujourd’hui : au lieu d’épuiser nos forces à nous entretuer, mieux vaut les fédérer et allers là où il y a le blocage et mener le plaidoyer qu’il faut pour lever tous les écueils. Si les Eaux et Forêts nous rétrocèdent l’espace et que nous avons la possibilité d’en entrer en possession, nous allons appeler le partenaire et lui donner une mise en demeure.
Nous lui donnons un délai raisonnable, après discussion, pour qu’il commence les travaux. Passé ce délai, s’il n’entreprend rien du tout, nous annulons tout. Nous irons après en conseil municipal pour désaffecter l’assiette. Nous lancerons alors un appel à candidatures pour tous promoteurs qui souhaitent réaliser le projet. Ils pourront tous soumissionner. Qu’y a-t-il de louche dans ça ?
Donc, ceux qui crient le font autour d’un lopin de terre que vous ne pouvez même pas exploiter en tant que commune ?
Exactement ! Il ne nous appartient même pas. Ce n’est pas notre propriété entière, parce que c’est une chose d’avoir des papiers, c’en est une autre d’entrer en possession du bien. Nous avons des gens titulaires de titres fonciers et qui ne peuvent entrer en possession de leurs terres. Il en est de même pour certains qui possèdent des baux. Nous avons des exemples au niveau national avec la SEDIMA, par exemple. Il y a beaucoup d’exemples.
Plus grave encore, à Nianing, il y a une assiette détenue par le ministère de la Justice qui a loti et l’a distribuée aux membres de leurs coopératives. Si je n’avais rien fait, nous aurions pu aboutir à un tel scénario. Je pense que c’est une chance que nous avons d’avoir cette assiette à notre disposition et de pouvoir ficeler des projets. Il ne sert à rien de se faire des méchancetés qui n’aboutissent à rien.
Vous indexez les politiques d’être derrière ces mouvements notés. Mais pourquoi choisir de vous attaquer à travers un scandale qui n’en serait pas vraiment un, selon vous ?
Ils se trompent de combat. Les populations ne sont pas dupes. Je crois que si c’était un combat porté réellement par les populations, on ne pourrait pas faire face. Mais c’est une affaire d’un petit groupe qui a des ambitions politiciennes et qui utilise la terre à cette fin. Ils ne réussiront pas. Nous avons de belles réalisations à Malicounda. Les populations ne sont pas dupes. Nous avons une communauté intègre, honnête et reconnaissante. Le moment venu, ils le verront.
Si vous êtes si optimiste, pourquoi n’avoir pas laissé le leader du FRAPP, Guy Marius Sagna, et sa délégation tenir leur conférence à Nianing ?
Les évènements qui sont arrivés là-bas, lors du passage du leader du FRAPP, je ne peux pas en parler, parce que je n’étais pas sur place. Il faut lui demander ce qui s’est passé. Tout ce que je sais, c’est qu’il a été là-bas et il y a des gens qui l’ont attaqué. Pourquoi ? Pour quel motif ? Je ne saurais vous le dire.
Mais, Guy Marius vous accuse nommément et dit que vous leur avez envoyé des nervis…
C’est du faux. Ce qu’il dit, c’est du vent. Moi, je ne peux pas être à Dakar et commanditer des choses comme cela. C’est de la folie, ce qu’il est en train de dire là. L’avenir nous édifiera. S’il a les preuves de ce qu’il avance, qu’il les apporte devant le tribunal.
Mais, ne pas être sur place ne vous blanchit pas de tout soupçon. Parce que Guy Marius Sagna avait annoncé la veille, sur sa page Facebook, sa venue à Nianing pour un problème foncier. Les nervis n’habitent pas Malicounda. Qui les y a envoyés ?
Le problème est que cette rencontre était publique. Ceux qui l’organisaient avaient fait un appel public et souhaitaient que toute la population de Malicounda vienne y prendre part pour parler de cette assiette. J’y ai envoyé des responsables et je leur ai donné des documents pour aller participer à la réunion et éclairer l’opinion. Je leur avais dit que même si on les insultait, de ne pas répondre, parce qu’ils ont la vérité avec eux. Je leur ai dit que leur cible n’est pas ceux qui ont convoqué, mais la population. Quand il s’agira d’éclairer, ayez les documents à l’appui et faites-le. Même si on vous insulte, ne ripostez pas. Tel a été mon message à l’endroit de ceux que j’ai envoyés. S’il se passe autre chose, je n’en suis pas responsable. Je suis loin de cela.
Donc, ce n’est pas votre camp qui a été en premier ?
Non, non ! Cela ne vient pas de moi, en tous cas.
La commune avait annoncé une plainte. L’avez-vous déposée ?
On est dans une procédure. On verra. C’est eux qui ont porté plainte. On les attend.
Des gens du FRAPP ont été entendus. Vous et vos soutiens ne l’ont pas été ?
Nous attendons la plainte. Nous n’avons pas encore vu de plainte.
Vous croyez fermement au soutien des populations. Qu’avez-vous fait dans votre zone qui vous a permis d’avoir ce capital sympathie ?
On a fait beaucoup de choses. C’est cela qui mérite d’être dit. Mais tout le reste n’est que de la politique politicienne qui nous fait perdre du temps et de l’énergie. Cela ne nous mène nulle part. Je pense qu’il faut s’intéresser à ce qui a été fait, ce qui n’a pu l’être et comment faire pour mieux faire. Je crois que mon équipe et moi avons fait énormément de choses à Malicounda. Quand j’ai été nommé maire, dans mon discours, j’ai dit que mon ambition est d’assurer la sécurité juridique sur le foncier de Malicounda.
On était appelé dans tous les tribunaux du Sénégal, du tribunal département à celui régional et même la Cour suprême, la commune y était attaquée. Mon défi et celui de l’équipe qui m’accompagne était de faire en sorte qu’il n’y ait plus de litiges fonciers à Malicounda, de faire de sorte que toute personne détentrice d’une parcelle à Malicounda puisse dormir tranquille, sachant que lorsqu’elle décidera de la mutation de la personne vers une autre, cette parcelle restera sa propriété. C’était un de nos objectifs.
Dans ce sens, nous avons mis en place un dispositif pour y arriver. Aujourd’hui, dans notre commune, pour muter une parcelle d’une personne à une autre, il faut que le propriétaire vienne signer devant l’officier d’état civil. Il demandera lui-même que la parcelle soit mutée. À défaut, la personne qu’il envoie devra être porteuse d’une procuration dument signée par des officiers de police dont on a signé les spécimens de signature.
Chaque nouveau commandant de gendarmerie qui vient à Mbour, chaque nouveau commissaire de police, je lui envoie une lettre pour lui demander son spécimen de signature. Et je leur explique qu’il faut que les procurations dans le domaine foncier que les gens font signer soient faites par eux. Je m’assure ainsi qu’ils y apposent leur signature. C’est tout un dispositif mis en place pour sécuriser les terres. Il fallait quand même redonner du crédit à la signature de Malicounda. Il est important de relever cela.
C’est tout ce que vous avez fait ?
Non ! Lorsqu’on m’a élu maire, avec mon équipe, nous nous sommes fixés quatre objectifs. Nous avons, dans un premier temps, appelé les populations pour partager avec elles notre vision et notre programme. Nous voulions également recueillir leurs avis, faire une synthèse de tout cela et en faire notre plan d’actions.
Les populations ont identifié quatre domaines prioritaires. Il s’agit de l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’éducation et l’accès à la santé. Dieu merci, nous allons, sous peu, célébrer notre accès universel à l’électricité, avec le dernier village non-électrifié de notre commune, Roff. Il vient d’être électrifié grâce à l’appui du président Macky Sall et on va le mettre en service d’ici la fin de ce mois.
En amont, nous avions trouvé huit villages qui n’étaient pas électrifiés. Avec la centrale solaire de Malicounda, nous avons obtenu du partenaire des fonds qui nous ont permis d’électrifier huit villages. Depuis que nous sommes à la tête de la mairie, nous avons fait, en termes d’investissement pour l’accès à l’électricité, pas moins de 500 millions de francs CFA en tant que commune.
Il reste des choses à faire tout de même. Il y a de nouveaux quartiers qui naissent. Malicounda s’agrandit de jour en jour. Donc, il y a encore des coins à électrifier. Mais, du point de vue village, on a atteint les 22 villages avec une très bonne couverture. Il en est de même pour l’adduction d’eau. Nous avons construit trois forages à Malicounda.
Avant notre élection, il y avait le forage de Malicounda Bambara, celui de Malicounda Wolof, celui de Kër Balla Lô et celui de Fandane. De 1972 à 2014, il n’y avait que ces quatre forages. Aujourd’hui, en presque sept ans, nous en avons construit trois dont certains sur fonds propres et d’autres sur appui de partenaires. Il est important de le relever.
Du point de vue de l’adduction d’eau, Malicounda est présenté de trois façons. Il y a des zones qui s’alimentaient à l’eau de pluie. C’est là où nous avons mis des forages. Il y a d’autres zones où on avait déjà des forages. Ce sont ceux que je viens de citer. On y a fait des extensions des réseaux forages sur 15 km. Il y a enfin la zone SDE. Nous avons fait beaucoup d’efforts. Nous avons investi au minimum 200 millions F CFA pour alimenter des villages comme Falokh, par exemple. C’est un très grand village, mais il n’y avait que trois robinets.
Aujourd’hui, Falokh est le deuxième grand village après Nianing et aujourd’hui, il y a une trentaine de robinets. Nous y avons un vaste réseau. Nous avons investi beaucoup d’argent à Falokh, de même qu’à Saly Aérodrome, à Kër Balla Lô, à Carrière, à Mbaling, à Warang, à Pointe Sarène, etc. Actuellement, c’est Roff qui vient d’être alimenté à l’eau, grâce à la SDE.
Dans ce village, nous allons célébrer à la fois l’accès à l’électricité et à l’eau. Nous avons beaucoup fait, mais il reste quand beaucoup à faire dans le domaine de l’eau, parce que ce n’est pas facile. Le réseau d’adduction d’eau est très cher. Nous avons de grands villages. Il y a encore des quartiers et des coins à alimenter. Nous en sommes conscients. Nous savons que ce travail prend du temps. Il faut nous y mettre jusqu’à avoir une couverture totale comme à Dakar ainsi que toutes les grandes villes du pays.
Qu’en-est-il de l’accès à la santé, de l’éducation ?
Lorsqu’on venait à Malicounda en 2014, il y avait six postes de santé. Il y avait les postes de santé de Nianing, de Pointe Sarène, de Malicounda Wolof, de Malicounda Bambara et Takhone. Telle était la situation de 1972 à 2014. Entre 2014 et 2021, nous avons construit six nouveaux postes dont Malicounda Ngoukhoudj, Saly Aérodrome et Takhoum. Dans ce dernier, il y avait une maternité ; nous y avons construit un poste de santé.
À Fandane, il y avait une case ; nous l’avons érigée en poste de santé. Nous avons recruté le personnel. À Mboulem également, il y avait une case; nous l’avons érigée en poste de santé. Nous avons recruté du personnel. On en fait autant à Roff. Cela signifie que nous avons doublé le plateau médical par deux et avons recruté du personnel que la mairie paie. Il y en a qui sont payés par l’État. En plus de cela, il y a les médicaments que nous donnons chaque année.
Pour l’éducation, nous avons construit, depuis que nous sommes là, pas moins d’une trentaine de salles de classe. Nous avons fait des murs de clôture, des toilettes, sans compter le nombre de tables-bancs que nous avons acquis. Nous avons donné pas moins de 800 tables-bancs, en sus de la dotation annuelle en fournitures qui est de 20 millions.
Nous donnons des fois des ordinateurs portables aux écoles ayant fait les meilleurs résultats pour les motiver. Je considère que nous avons fait le maximum sur les domaines jugés prioritaires. Il reste toujours à faire. L’humain étant ce qu’il est, il a toujours des besoins. C’est un combat interminable qu’il faut mener jusqu’au bout.
Êtes-vous candidat à votre succession ?
Ce sont les populations de Malicounda elles-mêmes qui ont décidé de m’investir le 19 juin prochain. Je n’ai rien demandé. C’est elles-mêmes qui en ont ainsi décidé. Ce sont les adjoints au maire, les conseillers municipaux, les responsables politiques qui pouvaient valablement dire qu’ils sont candidats qui ont eux-mêmes pris l’initiative spontanée de faire un meeting d’investiture ce 19 juin.
Que faites-vous de la décision du président de votre coalition, Macky Sall, qui a annoncé qu’il choisira lui-même les candidats ?
J’étais à Kaffrine, quand le Président Sall se prononçait sur la question. Il a dit qu’il ne veut pas de listes parallèles. Il veut que tout se passe dans Benno et que les gens se retrouvent. C’est ce qu’il a dit. Il a dit que le moment venu, il va faire les arbitrages qu’il faut. Donc, ce n’est pas lui qui va dire qui va être maire. Il veut que les gens soient unis et ensembles dans Benno. S’il y a lieu de faire un arbitrage, en tant que chef de la grande coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), il le fera.
Chez vous, il n’y a pas de voix discordantes ?
Non, parce que les gens se retrouvent et sont en train de m’investir. Nous n’avons pas de problèmes de candidats. Ce sont les autres qui en ont. Nous avons déjà réglé ce problème. Nous sommes dans la définition d’une stratégie. Nous sommes dans autre chose.
Le Président de la République sera en tournée économique dans le nord du pays à partir de ce weekend. D’aucuns trouvent qu’il n’y a rien d’économique dans ses tournées. Il bat campagne pour les Locales, en réalité. Que pouvez-vous dire pour certifier du contraire ?
Le président de la République ne peut pas être maire. Il n’est candidat à aucune mairie. Il ne bat pas campagne. Il est en tournée économique. C’est l’opposition qui est en train de véhiculer ce genre d’idées, ces fausses informations. Le président de la République, à tout moment, a la latitude d’aller où il veut. Maintenant, quand il va quelque part, les gens sont tellement satisfaits de son action qu’ils le lui montrent.
Si les gens ne sont pas contents… Ils voudraient peut-être que le président soit accueilli par des brassards rouges. Ce qui n’est pas le cas. Ils sont juste jaloux de l’accueil populaire accordé au président. Il a vraiment bien travaillé et dans son rôle de chef d’État, c’est le moment d’aller voir les chantiers, d’inaugurer, de redresser, de vérifier en tant que chef suprême.
Le nouveau leitmotiv dans la politique du président est l’employabilité des jeunes. Au niveau local, qu’avez-vous pu faire dans ce sens ?
Au plan local, pour toutes les infrastructures réalisées, nous nous sommes battus avec les partenaires pour obtenir une bonne partie des emplois. Pour la centrale solaire de Malicounda, dans la convention qui nous liait au partenaire, nous avions exigé que 80 % des emplois reviennent aux populations de Malicounda.
En application de cette convention, le partenaire a fait appel à la commune pour qu’elle lui envoie une quarantaine de jeunes. Nous avons lancé un appel à candidatures. Nous avons reçu plus de 200 candidatures. Quarante ont été choisis suivant les critères définis. Pour le projet des 18 ha, nous avions négocié pour avoir 70 % des emplois.
Nous remercions le président pour la station balnéaire de Pointe Sarène qu’il est en train de construire. Dès qu’on en a entendu parler, nous avons pensé à former nos jeunes dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Il y a de cela deux ans, nous avons installé une école de formation à Nianing pour que les hôtels qui vont ouvrir sous peu puissent avoir de la main-d’œuvre qualifiée.
Nous avons signé une convention avec l’École nationale de formation hôtelière (ENFHT) pour que leur programme puisse y être enseigné et que les professeurs puissent y donner des cours. Donc, cette école est comme son antenne décentralisée. Il y a 200 jeunes qui y suivent une formation. Ils passent leur examen au cours de ce mois de juin. Ce qui leur permettra de faire des stages d’ici l’ouverture du premier hôtel en avril 2022.
À côté, il y a le projet d’Agropole de l’Ouest. Nous avons initié une entente intercommunale avec la commune de Sandiara et celle de Nguéniène. Nous comptons voter le budget de l’entente demain (hier, l’entretien est enregistré le jeudi) qui est d’un milliard de francs CFA. Le président nous a affecté un espace et il est attendu la création de milliers et de milliers d’emplois.
Vous êtes à la tête du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) depuis sept mois. Quel est votre premier bilan ?
En si peu de temps, on a fait beaucoup de choses, quand même. J’ai voulu avoir une démarche participative, une ouverture envers les étudiants. Au moment de voter notre budget 2021, nous avons associé le personnel et les étudiants pour connaître leurs problèmes et leurs attentes.
Les étudiants m’ont dit que l’extérieur de l’université est acceptable, mais c’est dans leurs chambres qu’il y a des difficultés. Il y a des matelas à changer ainsi que des mobiliers et les salles de sports et d’études n’étaient pas toutes fonctionnelles. On a orienté le budget 2021 suivant leurs besoins.
On a équipé beaucoup de pavillons d’étudiants. Il y a un peu plus de 400 lits et 800 matelas qui ont été affectés à l’université du Sine-Saloum. Pour le campus de l’université Ahmadou Makhtar Mbow, il est entièrement équipé. L’ESEA est équipée. On a démarré à la grande cité avec le pavillon S. Notre objectif, d’ici la fin de l’année, est de changer l’équipement des chambres des étudiants.
Nous avons également commencé à réfectionner les salles d’études. Nous avons un projet dénommé «Cœur de campus» qui sera un espace de loisirs. Cela est à notre actif. Combiné à beaucoup de choses que nous faisons au plan social, il y a une dynamique qui est là et que rien ne peut arrêter.
Qu’en est-il des nouveaux pavillons dont la construction a démarré avec votre prédécesseur ?
C’est un contrat de l’État du Sénégal avec AMSA ASSURANCES. Pour la Grande cité, il y a huit pavillons qui vont être livrés d’ici la fin de l’année et dont les travaux sont très avancés.
L’insécurité gangrène l’environnement universitaire et les mesures disciplinaires jusque-là prise ne semblent pas venir à bout de ce fléau. Qu’est-ce qui est fait pour changer les choses ?
Il faut quand même dire que ce phénomène n’est pas nouveau. Ce qui est peut-être nouveau, ce sont les réseaux sociaux qui font que la plus petite bagarre qui se passe dans le plus petit coin est relayée, relatée, amplifiée. La violence à l’université a toujours existé. Nous avions, il y a quelques mois de cela, visité les chambres des étudiants et ramassé le maximum d’armes.
C’était pour éviter qu’il y ait encore des violences avec armes blanches. Il y a eu récemment des heurts et nous allons prendre les mesures qui s’imposent. C’est ce qui reste à faire. Je pense que nous avons trop négocié ; il va falloir faire intervenir la loi et les règlements du pays. Mais nous sommes en train de réformer la sécurité dans sa globalité.
Aujourd’hui, il est question, pour nous, de former nos personnels de sécurité qui manquent cruellement de formation et d’équipements. Nous le savons, c’est une faille de notre système. Nous sommes en train de prendre les mesures qu’il faut. Nous allons les équiper.
Comment comptez-vous les équiper ?
Ceux qui leur permettront de faire face. Les équipements qu’utilisent les policiers pour ne pas être blessé. Il est vrai qu’on ne peut pas utiliser de lacrymogènes, encore moins d’armes, mais il faut du matériel de protection pour notre personnel.
Peut-on dire que l’affaire Ndefleng-Kekendo est enterrée à jamais ?
Cela, vraiment, je ne veux pas y revenir. Ce sont des choses douloureuses. Je ne veux vraiment pas en parler.
Quels sont vos loisirs ? Etes-vous plus lecture ou cinéma ?
J’aimais lire. Mais, je n’ai plus le temps. Cela demande de la concentration. J’ai bien envie même d’écrire un livre. Malheureusement, le temps ne me le permet pas.
Quel livre vous a le plus marqué ?
J’ai lu et relu au moins dix fois «Le rouge et le noir» de Stendhal. C’est un grand bouquin.
Êtes-vous foot ou basket ?
Je suis beaucoup plus basket. Le DUC a une longue histoire de gagneur. Je crois que le Duc est l’une des équipes les plus titrées au Sénégal et en Afrique. Mais, depuis des années, on ne gagne plus rien. Lorsque je suis venu ici, j’ai demandé aux dirigeants de me dire ce qui manque, je veux qu’on gagne encore.
Aujourd’hui, le DUC est finaliste en garçons et en filles de la prestigieuse Coupe du maire de Dakar. Toutes nos deux équipes sont en demi-finales de la Coupe du Sénégal et du championnat du Sénégal. On souhaite que la gloire revienne à l’université par le DUC. J’aime bien le basket.
Au-delà du DUC, quel est votre club et joueur préférés ?
Malheureusement, ma joueuse a raccroché. Elle ne l’a pas officiellement dit, mais n’est plus très active sur le terrain. Il s’agit d’Astou Traoré. Et mon club, c’est NIANING BASKET CLUB. J’adore ce club. Il a des dirigeants et des joueurs formidables. Je les ai amenés en France et ce sont des garçons magnifiques, pleins d’avenir.
Qui est votre lutteur de cœur ?
C’est Eumeu Sène. Mais, Modou Lô est mon ami.
Vous êtes plus lutte traditionnelle ou avec frappe ?
Je suis plus lutte traditionnelle, parce que c’est avec cette dernière qu’on voit la beauté de ce sport. En lutte avec frappe, parfois, les gens ont tellement envie de faire mal que le côté traditionnel, artistique disparaît.