Le Sénégal ouvre une nouvelle ère de son histoire ferroviaire moderne avec la mise en service, ce 27 décembre 2021, du Train express régional (TER), 5 ans après le lancement des travaux de ce projet qui a mobilisé des énergies locales et sur le site du groupe Alstom à Reichshoffen (France).

Le Train express régional (TER), un des projets phares du Plan Sénégal Emergent (PSE), doit relier le centre-ville de Dakar au nouvel Aéroport international Blaise Diagne situé à 57km, en 45 minutes.Le projet est réalisé en deux phases : une première phase allant de la gare de Dakar à Diamniadio (36km) et une seconde phase allant de Diamniadio à l’aéroport AIBD (19km). Le coût du TER est de 780 milliards FCFA en hors taxes, hors Douanes dont 76 milliards pour la libération des emprises et 10 milliards d’accompagnement pour les projets sociaux, selon les chiffres obtenus auprès de l’Agence pour la promotion des grands travaux de l’Etat (APIX). Le Train express régional «est le fruit d’un montage financier innovant sur la base d’un crédit à taux concessionnel de 2% étalé sur 25 ans», indique le Bureau d’information gouvernementale (BIG).

Le financement provient de la Banque islamique de développement (BID), 197 milliards FCFA, de la Banque africaine de développement (Bad), 120 milliards, de la France, 196,6 milliards FCFA (Agence française de développement : 65 milliards FCFA, Trésor public : 53,6 milliards FCFA, Appui budgétaire : 65 milliards FCFA, Banque publique d’investissement-Bpifrance : 13 milliards FCFA). L’État du Sénégal a fourni le complément, selon le BIG. Le Sénégal est le leader de ce financement avec 250 milliards (…)», a indiqué le Directeur général de la Société nationale de gestion du TER (SEN TER), Abdou Ndéné Sall, à l’émission Grand Jury sur la RFM. Selon le BIG, «8500 Sénégalais ont travaillé dans la phase construction du TER ; 1 000 employés directs ont été recrutés pour l’exploitation du TER dans le cadre d’une sélection rigoureuse, découlant d’une mise en compétition de 68 500 curriculum-vitae (CV) ; 2 000 employés indirects ont travaillé pour les services annexes et hors trafic.

Train populaire : Tarifs abordables et 260 gendarmes pour assurer la sécurité

Le TER fait 160km/h sur deux voies standards et une voie métrique de 36 km pour chacune, soit 108 km, 14 gares et plusieurs ponts et passerelles. L’infrastructure a été réalisée par des entreprises françaises dont Engie, Thales, SNCF. Quatre grandes entreprises sénégalaises ont participé dans le cadre de Consortiums aux travaux, avec des marchés gagnés directement : CSE, GETRAN, CDE, EIFFAGE SÉNÉGAL, SERTEM, selon toujours l’APIX. Les députés ont voté, en 2019, le projet de loi portant autorisation de la création de la Société nationale de gestion du patrimoine du Train express régional (SEN-TER S.A). Le gouvernement a mis en place la SETER – Société d’Exploitation du TER, une filiale de la SNCF (France). Sur les 1000 employés dans le cadre de l’exploitation, 984 sont des Sénégalais et les 16 autres des expatriés.

Le ministre des Transports a annoncé, qu’à partir de lundi, les Sénégalais pourront emprunter le train pendant une période d’essai en gratuité sur une quinzaine de jours». «Les Sénégalais auront l’opportunité de voir réellement ce que représente ce Train express régional», a dit Mansour Faye au micro de la RFM. Les trains desserviront 14 stations, sur une distance de 57 km, qu’ils effectueront en 45 minutes. Le nombre de voyageurs par jour est estimé à 115.000. Les tarifs vont de 500 FCFA à 1.500 FCFA jusqu’à Diamniadio en deuxième classe contre un tarif unique de 2.500 FCFA en première classe. Selon Abdou Ndéné Sall, des simulations ont permis d’aboutir à ces «tarifs abordables». «C’est un train populaire, il y aura de l’engouement», a-t-il assuré. Quelque 260 gendarmes seront chargés d’assurer la sécurité de l’infrastructure.

Décembre 2016 : Signature de contrat entre l’État du Sénégal et le Groupe Alstom  

C’est en décembre 2016 que l’État du Sénégal a signé avec le groupe ferroviaire français Alstom un contrat « pour la fourniture de 15 trains » à moteurs à la fois diesel et électriques. Un contrat officialisé le lundi 19 décembre avec la visite du président de la République Macky Sall sur le site du groupe Alstom à Reichshoffen, en Alsace, pour soutenir le projet. Cinq autres sites en France participeront à ce projet : Saint-Ouen pour le design, Le Creusot pour les bogies, Ornans pour les moteurs et alternateurs, Tarbes pour les chaînes de traction et Villeurbanne pour l’informatique embarquée et l’information voyageurs. Le train «Coradia Polyvalent» destiné au Sénégal est un train à grandes lignes bimodes (diesel et électrique-25 kV), qui circule à une vitesse de 160 km/h. Lors de sa visite, le chef de l’État, Mcky Sall, avait insisté sur le respect des délais de livraison, précisant que «les délais sont incompressibles».

S’exprimant devant les salariés de l’usine Alstom en présence du PDG de l’entreprise, Henry Poupart Lafarge, du Secrétaire d’Etat français chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue, des élus locaux et régionaux, le président Sall a rappelé le délai de fabrication de deux ans, répétant à trois reprises : «Les délais sont incompressibles». Avant de prendre la parole devant le personnel, le chef de l’État avait visité le site chargé de la fabrication des 15 trains. Il avait notamment visité l’atelier de garnissage puis est monté à bord d’un train. Le PDG d’Alstom avait dit «sa fierté de participer au développement du Sénégal et de Dakar et de servir le peuple sénégalais». L’octroi de ce marché permet de maintenir un bassin d’emplois sur le site Reichshoffen, avait déclaré le Secrétaire d’État français chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue, soulignant le dynamisme économique du Sénégal.

Partenariat Sud-Nord : Ballon d’oxygène du Sénégal en faveur de la France

Sous le titre «un ballon d’oxygène», le quotidien Dernières nouvelles d’Alsace avait salué «un partenariat Sud-Nord», soulignant que «le contrat remporté par Alstom (…), pour équiper les lignes ferroviaires en banlieue dakaroise, est aussi vu comme un geste du Sénégal en faveur de la France de François Hollande». «Le président du Sénégal, Macky Sall, est aujourd’hui à Reichshoffen, où il visite une usine d’Alstom à laquelle son pays vient d’apporter un ballon d’oxygène», écrivait encore la publication. En octobre 2018, la société Alstom commence à expédier les 15 trains «Coradia Polyvalent», suite à l’achèvement de la production, des essais et à la validation du client APIX sur le site de Reichshoffen (Bas-Rhin). Les bogies et les voitures sont de nouveau assemblés sur le site de maintenance du matériel roulant dans le dépôt de Colobane, avant le lancement des essais statiques et dynamiques.

En janvier 2019, un mois avant l’élection présidentielle, le chef de l’État procède à l’inauguration technique du TER. Ce jour-là, Macky Sall et d’autres personnalités sénégalaises et françaises prennent le TER, qui les conduit de Diamniadio à Dakar, soit une trentaine de kilomètres. Trois années se sont écoulées avant la mise en circulation du Train express régional qui vise, selon le BIG, «à désengorger Dakar, qui concentre sur 0,3 % du territoire le cinquième des 17 millions de Sénégalais et la quasi-totalité des activités économiques du pays». «Les embouteillages coûtent officiellement à la ville 152 millions d’euros soit 99.705.500.000 CFA par an, selon une étude récente», souligne le bulletin d’information gouvernementale.