Maguette Sène est un self made man et un pur produit de l’école publique sénégalaise. A force de travail, il est devenu un haut fonctionnaire parmi les plus méritants. Ancien instituteur, il a persévéré dans les études jusqu’à devenir un administrateur civil sorti de la prestigieuse École nationale d’administration (ENA). Entré en politique à l’Alliance pour la République du président de la République Macky Sall, Maguette Sène a récemment été plébiscité pour un deuxième mandat à la tête de la commune de Malicounda dont il est le maire depuis 2014. Ancien directeur de la Direction du Matériel et du Transit Administratif (DMTA), Maguette Sène a été promu depuis 2020, à la tête du Centre des œuvres Universitaire de Dakar (COUD) où il a imprimé une marque indélébile sur tous les domaines de la vie universitaire. Dans cet entretien avec le quotidien L’Info, le Président de l’Amicale des Administrateurs civils du Sénégal évoque les législatives, son bilan à la mairie de Malicounda et au COUD. Maguette Sène se prononce également, entre autres sujets, sur les dix ans de Macky Sall à la tête du Sénégal.

Les élections législatives du 31 juillet prochain sont sur toutes les lèvres. À défaut d’être candidat, avez-vous un candidat à la députation ?

Ma candidature ne fait pas défaut. Si la population de ma commune ou du département de Mbour estime que je dois être candidat, je porterai cette candidature avec fierté. Certes, je ne mets pas ma personne en avant, mais j’estime que Malicounda doit avoir un député. Depuis que notre commune existe, nous n’avons jamais eu de député. Je suis la seule personne à occuper un poste de responsabilité à Malicounda. Il est temps au regard du poids électoral et démographique de Malicounda qui est la deuxième commune au niveau départemental, que nous ayons un député. Il faut avoir le courage de le dire sans ambages. C’est notre souhait, j’allais dire le vœu des populations de Malicounda.

Si vous êtes investi, avez-vous une préférence pour la liste nationale ou celle départementale ?

Je préfère être sur la liste départementale pour porter le combat au niveau départemental et faire peser de tout mon poids politique pour une large victoire. Le mandat au niveau département est un défi et si je suis investi, je serais fier de mouiller le maillot pour une large victoire, bien que même si c’est le contraire, je serais toujours dans la même dynamique de soutenir les investis de notre coalition.

Pensez-vous qu’au regard des résultats des dernières élections locales, Benno Bokk Yakaar peut sortir majoritaire de ces élections ?

Benno Bokk Yakaar était déjà majoritaire au niveau départemental lors des dernières élections locales. Nous avions gagné avec plus de 50%. Nous ne faisons pas parti de ces départements à majorité relative. Au niveau départemental, nous avons une majorité absolue lors des dernières élections. Et malgré que nous étions partis en rangs divisés dans certaines communes, nous avions gagné. Aujourd’hui que le Président Macky Sall est parvenu à réunir et à réconcilier toute sa famille, nous osons espérer aller au-delà de 60% voire 70%. Nous n’avons pas de crainte, nous sommes conscients que nous allons gagner les prochaines élections avec brio dans le département de Mbour.

Votre commentaire sur les dix années au pouvoir de Macky Sall ?

Le bilan des dix ans de pouvoirs du Président Macky Sall est à la fois matériel, social et immatériel. Au plan matériel, les infrastructures sont visibles et palpables. Dans le domaine des routes et autoroutes, le patrimoine a été multiplié par deux. Nous qui vivons en milieu rural, l’électrification universelle n’est pas un simple slogan. Durant une décennie, il a multiplié par deux voire trois le nombre de village qui a été électrifié. C’est un bilan élogieux. Dans tous les domaines, il a fait un excellent bilan. Et la ville de Diamnadio qui est sortie de terre en un laps de temps est l’illustration la plus parfaite avec des équipements et des infrastructures de dernière génération. Dans le domaine de l’agriculture, l’accompagnement du monde rural en termes de matériels et d’équipements agricoles et en termes de semence de qualité, est une réalité. Dans le domaine de la pêche, pour ce qui est du matériel à bord, il a financé des milliers de moteurs à des centaines de millions de francs pour faciliter le travail de nos braves pêcheurs. Dans tous les domaines socio-économiques, il a effectué des réalisations qui méritent d’être salués et magnifiés. Sans compter le bilan au plan social avec les bourses de sécurité familiale qui sont une parfaite illustration du Président Macky Sall à réaliser l’équité territorial et social dans tout le pays. Les nombreux programmes dans le domaine social et économiques sont visibles et sont ressentis par les populations. Bref, dans tous les secteurs de développement économiques et social, il a effectué des actes de grandes envergures.

Vous êtes souvent cité parmi les meilleurs maires en termes de réalisations et mobilisations de ressources. Quels sont vos secrets ?

Être un bon maire, c’est tout simplement s’oublier auprès des populations et être au chevet de ces dernières. Il faut également mobiliser toutes les ressources de sa collectivité au bénéfice de la population. Être un commis de la population a été notre crédo depuis notre arrivée à la tête de la commune. À la suite d’un diagnostic, nous avons mis le focus dans les secteurs identifiés par les populations notamment l’éducation, l’électricité, la santé. Avec un investissement de plus de 500 millions de francs, nous avons réussi l’électrification de tous nos villages. Nous avons réussi ce pari avec nos moyens propres et un appui de l’état. Dans le domaine de l’accès à l’eau, nous avons effectué d’importantes réalisations à savoir des forages où la population s’alimentait dans le temps à l’eau de pluie. Nous avons aussi réussi l’extension du réseau SEN’EAU pour l’accès à l’eau potable. Nous avons en moyenne mobilisé plus de 300 millions pour l’accès à l’eau durant notre premier mandat. Dans le domaine de la santé, nous avons multiplié le plateau médical par deux. A notre arrivée à la tête de la commune, nous avons trouvé 6 postes de santé et nous avons construit 7 autres. Pour ce qui est de l’éducation, nous avons construit une trentaine de salles de classe et nous avons acquis un peu moins de mille tables banc. Le slogan « Oubi tey diank tey » est une réalité à Malicounda et nous en sommes champion. D’ailleurs, à une semaine de l’ouverture des salles de classe, nous parvenons toujours à mettre à la disposition des élèves et enseignants le matériel scolaire nécessaire pour une bonne année scolaire. Si on parle de meilleur Maire, ce n’est pas un rêve ni du vent. C’est simplement que nous avons réalisé des résultats probants et palpant pour le bonheur des populations.

Vous venez d’être élu pour un deuxième mandat. Pouvez-vous déclinez vos priorités pour ces cinq ans à venir?

Lors de mon installation, j’ai juré que je rendrai compte à la population autant de fois que nécessaire. Enfin, j’ai promis de prôner, comme durant le 1er mandat, une gestion pragmatique et de proximité. Au terme de ce 2e mandat, j’ai pour ambition le doublement du budget communal, en le portant de 01 à 02 milliards de nos francs. Ces efforts devront être couplés à une exigence de transparence à tous les niveaux. Ainsi, tous les actes posés par le conseil municipal le seront dans une transparence totale à travers la communication et l’information à chaque fois que de besoin. Tout citoyen de la commune désireux de consulter le document du budget pourra en disposer. Pour ce qui est des projets, certes j’ai beaucoup fait durant mon premier mandat dans le domaine de l’eau, l’électricité, l’éducation et la santé, mais retenez que ce sont des besoins qui ne finissent jamais parce que la population grandie et de nouveau quartiers naissent et les besoins seront encore au rendez-vous. Notre objectif c’est de continuer sur la même lancée pour ne pas créer de gap. Pour mieux satisfaire les besoins des populations, nous continuerons la même stratégie et un engagement sans faille. Nous voulons que ce second mandat soit placé sous le sceau des grands projets. Nous nous sommes rendu compte avec la centrale solaire de Malicounda, nous avons pu obtenir beaucoup de recettes qui nous ont permis de faire des réalisations de taille surtout dans le domaine social. Une commune peut se développer certes avec les taxes municipales, mais le vrai levier pour qu’une commune se développe c’est le partenariat public privé qui permet d’attirer les investisseurs pour pouvoir faire de gros investissement et booster l’économie communale. Ce nouveau mandat, nous l’avons placé sous le signe des grands projets avec la création de zones économiques spéciales et de projets agrobusiness. Tous les secteurs d’activités qui peuvent nous générer des ressources seront exploités. Nous sommes en train d’exploiter des pistes de partenariat afin que Malicounda puisse continuer à être une commune modèle.

Après Dakar et Touba, le département de Mbour est le troisième Pôle économique du pays. Où en êtes-vous avec votre intercommunalité ? Est-elle dynamique ? Si oui, quels sont les grands projets créateurs de richesses et d’emplois ?

L’intercommunalité que nous avons créé avec les communes de Sandiara, Nguiniéne est en bonne voie. Certes, il avait une petite pause avec les élections locales, mais au lendemain du vote des budgets, nous allons reprendre nos activités. D’ailleurs, le Chef de l’État nous accompagne déjà avec une importante enveloppe de 50 milliards sur l’Agropole, objet de notre entente inter communale. Cela veut dire que c’est une question de mois car au courant de l’année 2022, les activités de l’agropole vont démarrer et l’entente va continuer à être viable.

On note beaucoup de tensions sur le foncier et les maires sont au banc des accusés. Que faire pour éviter ces litiges fonciers ?

Lorsque j’ai été élu en 2014, mon premier discours était de parfaire la sécurité juridique au plan foncier. Et j’avais promis que sous mon règne il n’aura pas de litige foncier. Mon combat au quotidien est de faire en sorte qu’il n’ait pas de litige foncier et tout se passe sans contestation. J’ai sécurisé le système de délivrance des actes et aujourd’hui Malicounda peut se glorifier de ne pas enregistré de litige foncier au niveau des tribunaux. D’ailleurs, dès ma prise de fonction j’avais donné ma parole à toute personne qui souhaiterait habiter à Malicounda que les actes de propriétés se dérouleront en toute transparence et sans contestation. Avec cette démarche de transparence dans les actes de délibération, notre terroir attire plus d’un car les gens savent qu’il a la sécurité juridique dans le domaine foncier. Et je cesse de garantir qu’il n’aura pas de problème de l’acquisition des terrains jusqu’à la construction. Et j’invite tout élu local à éviter au maximum les litiges fonciers.

Est-ce qu’au regard de la rareté du foncier le département de Mbour peut-il accueillir de grands projets comme la nouvelle station de Pointe-Sarène ou une université ?

Après l’hôtel RUI de Pointe-Saréne qui fait déjà la fierté de toute l’Afrique, sous peu nous allons accueillir un grand hôpital dans le département précisément dans notre commune. Nous avons également la Cité de la Diaspora noire-américaine, la Zone économique spéciale, le projet Agropole Ouest et le projet d’agro-business qui sera à cheval entre Fandane et Takhoum.

Pour revenir au tourisme, nous sommes conscient que c’est un secteur qui joue un rôle fondamental et contribue au développement social et économique de notre chère patrie en étant source d’emplois et de revenus. D’ailleurs ici à Malicounda, conscient des avantages qu’offre le tourisme, nous avons très tôt anticipé avec la création d’une école aux métiers hôteliers dont la première promotion est sortie cette année. Une promotion dont les fils de la commune occupent sont classés premiers au Concours national de BTS, pour ainsi dire que les compétences et les expertises sont déjà présentes à Malicounda pour accompagner l’hôtel RIU Baobab à prendre son envol. »

Vous êtes le Président de l’Amicale des Administrateurs civils. Le corps des préfets est accusé par l’opposition d’avoir invalidé leurs listes lors des locales. Que répondez-vous ?

C’est faire un mauvais procès à l’administration territoriale. Les Gouverneurs, les préfets et sous-préfets sont les derniers remparts pour une bonne gouvernance. Ils sont et ont toujours été les sentinelles d’un état de droit. Les Gouverneurs, les préfets et sous-préfets sont sur qui on compter en termes de neutralité, de dévouement et de comportements républicains. On a besoin de les renforcer et de les encourager et non de les décrédibiliser. C’est un procès qui n’a pas sa raison d’être. En cas de litige ou au cas où le responsable politique se sent lésé, les tribunaux sont là pour arbitrer. L’administration territoriale sait ce qu’elle doit faire et elle le fait de manière républicaine avec professionnalisme et rigueur.

Quel commentaire faites-vous sur la volonté des élus de la coalition Yewwi Askan Wi de mettre en place le REEL, en lieu et place de l’AMS ?

Ils sont libres de créer leur propre association, mais j’estime que cela ne soit pas une bonne démarche dans la mesure où ceux qi dirigent l’AMS étaient là sous le régime de Me Wade, pour noter que l’Association des Maires du Sénégal est une institution qui transcende les rivalités politiques. Il fallait avoir l’humilité d’être au sein de l’AMS pour essayer de se l’approprier. S’ils veulent créer leur propre association, ils sont libres de le faire car la liberté d’association est garantie par la constitution. Mais quoiqu’il en soit l’AMS reste et restera une institution crédible, intemporel qui va continuer à exister.

En plus de l’amélioration du cadre vie, de la sécurité et de la restauration, quelles sont les autres avancées que vous avez fait faire au COUD ?

L’environnement au COUD, c’est l’occasion d’en parler, car c’est un défi pour moi d’améliorer le cadre de vie de l’espace. En créant le département de l’environnement, c’est de faire en sorte que le COUD soit un espace où l’étudiant aura envie d’y rester et d’y habiter. Notre objectif est de faire en sorte que le rapport entre l’étudiant et l’espace constitue un objet de recherche dans des domaines de la connaissance proche des sciences de l’éducation, de l’information et de la communication, tels que la psychologie sociale, et les sciences techniques, juridiques et thérapeutiques. À travers cette démarche, notre ambition est de faire de l’espace universitaire un Environnement éducatif et de réflexion pour le bien-être de l’étudiant.

Nous avons inauguré l’année dernière, un Point de Regroupement Normalisé communément appelé «PRN». Sous forme d’enclos semi-fermés, ces «PRN» permettent de créer une zone de cantonnement pour les déchets et d’éviter que les ordures ménagères et sauvages ne se retrouvent n’importe où. Ils permettent également d’avoir un meilleur cadre de vie en évitant les dépôts d’ordures sauvages. Présentement, nous avons atteint une bonne partie de notre objectif et nous n’allons pas arrêter en si bon chemin.

Dans le cadre du cadre de vie, nous avons pu aménager un espace de musculation fitness pour éviter que les étudiants sortent pour aller ailleurs. Les terrains basket et handball ont été aménagés.

Nous allons continuer à travailler du côté de la restauration car il a encore du travail à faire. Avant-hier, j’étais en réunion avec la société Amsa Realty pour la réalisation d’un grand restaurant d’une capacité de 2500 places. Nous étions en réunion pour valider les plans de construction et les travaux vont démarrer sous peu de temps.

Pour ainsi dire que les chantiers au COUD ne finissent jamais, car il y a encore beaucoup à faire et notre ambition est de faire du campus social un espace paisible où il fait bon vivre, un cadre de vie où tout le monde souhaiterait venir visiter et habiter.

Dans le court et le long terme, quels sont vos priorités ?

La réception des nouveaux pavillons et le démarrage du grand chantier du grand restaurant sont nos priorités dans le court terme, ainsi que mieux améliorer le cadre de vie. Dans le long terme, le travail continue pour faire de l’espace social un cadre de vie agréable où il y aura la sécurité, la quiétude et la stabilité où les étudiants auront envie de rester et d’habiter.

Le budget du COUD permet-il de couvrir les besoins ?

Au vu de la dimension de la mission, ce n’est pas facile de régler le budget du COUD avec la grande cité et les cités annexes. À cela, s’ajoutent l’Université de Sine Saloum avec ses sites de Fatick, Kaolack et Kaffrine et l’Université Amadou Mactar Mbow qui sont toutes sous nos responsabilités sur le plan social. Certes le budget est insuffisant et n’a pas évolué malgré les charges supplémentaires, mais nous sommes des commis de l’État avec l’obligation de rationaliser pour répondre à la demande de nos administrés et des étudiants qui sont notre raison d’être. J’en profite pour lancer un appel à tout un chacun, demander à chacun d’y mettre du sien pour que la paix sociale soit une réalité et que les travailleurs également puissent être dans un espace convivial et sécurisé. C’est d’ailleurs l’occasion de saluer leur bravoure et leur abnégation car gérer plus de 95 000 étudiants n’est pas chose facile et aisée. Partout et tout le temps, nos agents mouillent le maillot pour satisfaire les étudiants. C’est l’occasion de féliciter et de les remercier les étudiants pour leur esprit de sagesse dont ils ont fait preuve cette année pour le culte d’une paix sociale.

Votre dernier mot

Saluer tout le monde et remercier particulièrement le chef de l’État pour la confiance qu’il porte à mon endroit. Mes remerciements vont également aux agents et étudiants à qui je souhaite une bonne fête de Korité. J’en profite également pour demander à l’opposition de revenir à a raison pour que les élections législatives se déroulement dans la paix et le calme et que la coalition Benno Bokk Yakaar remporte largement le scrutin partout au Sénégal