Derrière l’élection, ce mercredi 27 novembre 2019, d’Abdoulaye Sow, à la tête de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), se cache une lutte d’influence au sein du secteur privé national.

Le camp du vainqueur -où on retrouve le président de l’Unccias, Serigne Mboup, celui de l’Unacois/Yeessal de Cheikh Cissé, et le Grand Serigne de Dakar, Pape Ibrahima Diagne-, était opposé à une frange des organisations professionnelle, dirigée par Ibrahima Lô et ses souteneurs dont Idy Thiam de l’Unacois/Jappoo, la Cnes de Mansour Kama. Ou, plus surprenant encore, les «Forces Nouvelles» d’Ahmed Fall Braya. À l’arrivée, c’est plutôt à une redistribution des cartes dans le secteur privé national à laquelle on a assisté. Décryptage.

Plus qu’une nouvelle équipe installée au bureau de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans l’histoire multiséculaire de la plus vieille institution consulaire de l’Afrique noire francophone, et qui met fin à des décennies de contrôle de l’institution consulaire par les organisations patronales, au détriment des opérateurs économiques de base. Une césure à la base de la lutte d’influence au sein du secteur privé national dont le point d’orgue a été l’élection de l’homme d’affaires Serigne Mboup à la présidence de l’Unccias. Une arrivée qui a fait l’effet d’une douche froide dans certains cercles du patronat qui n’ont pas vu d’un bon œil l’irruption de ce self made man dans le saint des saints des organisations professionnelles dakaroises. Il s’en suit une guerre de tranchées contre le propriétaire de l’immeuble Touba Sandaga, afin de l’empêcher d’imposer ses réformes à l’organisation faitière.

Au plus fort de cette guerre du secteur privé national, le patronat incarné par le Cnp de Baïdy Agne, la Cnes de Mansour Kama et l’Unacois Yessal d’Idy Thiam vont pousser le bouchon jusqu’à une démarche à la limite de l’illégalité : retirer la Cciad de l’union. Aussi, avec l’élection du président de la chambre consulaire, ce fut un jeu d’alliance qui s’est joué avec, d’une part, le candidat Abdoulaye Sow, soutenu par les opérateurs économiques de base, les mareyeurs et autres petits commerçants et cornaqués par Serigne Mboup (Unccias), Cheikh Cissé de l’Unacois/Yeessal et le Grand Serigne Papa Ibrahima Diagne ; et de l’autre, les pontes du patronat déterminés à garder l’instance sous leur giron.

Une victoire dont se réjouit Serigne Mboup : «Je suis le président de l’Unccias, à ce titre j’ai publiquement appelé pour l’organisation de ce scrutin, pour mettre fin à la crise née du long intérim consécutif au décès du président Amadou Lamine Niang. J’ai soutenu personnellement la candidature du nouveau président de la Cciad qui tire sa légitimité de la confiance d’une large majorité du secteur privé de la région de Dakar, d’autant qu’il incarne un trait d’union entre les secteurs commerçants et industriels et celui agricole. Nous l’encourageons à faire de la Cciad la vitrine d’un secteur privé national engagé à accompagner l’ambition d’un Sénégal émergent, tel que voulu par le Président Macky Sall, mais avec le privé national comme fer de lance».

Résultats des courses, un triomphe pour Abdoulaye Sow et ses alliés et un cuisant revers pour Ibrahima Lô et ses souteneurs, dont Idy Thiam, Mor Maty Sarr et leur allié de la dernière minute, Ahmed Fall Braya. Ce dernier qui plaide pour l’avènement d’un secteur privé fort et autonome, travaillant main dans la main avec l’État, n’a pas manqué de féliciter le gouverneur de la région de Dakar et le président du Cnp Baïdy Agne pour l’organisation parfaite du scrutin.