Ce livre est le portrait d’un homme, Abdoul MBAYE, et celui d’un pays, le Sénégal. D’abord, c’est le portrait d’un homme exceptionnel avec toutes les vertus d’un chef, car il est compétent, ouvert d’esprit, expérimenté et soucieux de l’éthique, c’est-à-dire de l’esthétique du cœur. C’est également le portrait croisé de notre pays, le Sénégal, avec la France. Le Sénégal a un gros potentiel économique grâce à sa jeunesse, sa faune, sa flore, son sol, son sous-sol, ses cours d’eau, ses hommes et son histoire. Pourtant, il avance lentement à cause du chômage chronique d’une jeunesse désœuvrée, de la corruption endémique, de la politique politicienne, de la perte des valeurs morales, du recul de l’État de droit et de la démocratie. Ces deux portraits, celui d’un grand homme et d’un beau pays, doivent se donner rendez-vous lors de la prochaine élection présidentielle prévue en 2024.
Le Sénégal a manqué le rendez-vous avec Mamadou DIA. Le Sénégal a manqué le rendez-vous avec Cheikh Anta DIOP. Le Sénégal, qui a manqué tant d’autres rendez-vous avec ses fils exceptionnels, ne doit pas rater celui avec Abdoul MBAYE en 2024. Désormais, nous, Sénégalais, nous devons savoir choisir un vrai président de la République pour notre cher pays, le Sénégal.
Un président de la République de transition
Comme Abdoul MBAYE a été un Premier ministre de transition, il aspire à être un président de la République de transition, l’homme d’un seul mandat. Son âge, au demeurant, lui interdit d’en faire deux. Mais, au-delà de cette question calendaire, il est, comme beaucoup, fondamentalement hostile à la multiplication des mandats et au maintien à tout prix au pouvoir de nos dirigeants. Beaucoup, après en avoir accompli deux, ont la tentation d’un troisième alors qu’ils seraient mieux inspirés d’avoir « la tentation de Venise », à savoir de se consacrer à autre chose, de changer de mode de vie afin de remplir au mieux leur existence.
Les jeunes générations, les jeunes talents sont là, qui frappent à la porte et qui n’aspirent qu’à prendre leur responsabilité. Aucun d’entre nous n’est irremplaçable, et ayons la sagesse de nous retirer, sans faire le mandat de trop, lorsque nous estimons avoir accompli notre devoir.
Dès lors que l’ambition d’Abdoul MBAYE se limitera à l’exercice d’un seul mandat, il n’aurait aucune excuse pour ne pas s’investir pleinement dans la charge de chef de l’État. Sa ligne d’horizon ne sera pas fixée sur sa future réélection, qui a pour conséquence en général de susciter une forme d’inaction politique, d’immobilisme, afin de ne pas décevoir le corps électoral. Il pourra ainsi se consacrer pleinement, sans compter, à ses tâches quotidiennes au profit du peuple sénégalais, sans aucune arrière-pensée ni volonté politique. Seul comptera pour lui le résultat, l’efficacité dans la mise en œuvre des réformes indispensables à l’avenir du Sénégal. Toute action doit être le fruit d’une réflexion, mais la réflexion doit déboucher sur l’action. Ensemble, en 2024, faisons le choix d’un nouveau départ pour notre pays, ensemble, œuvrons pour un avenir meilleur pour nos compatriotes, pour cette jeunesse assoiffée de vivre et de s’épanouir au pays, qui rêve d’un destin qu’on lui promet, mais sans cesse reporté et qui demeure un mirage.
Ensemble, faisons de notre rêve une réalité.
Abdoul MBAYE est l’homme de la situation,
le grand homme dont notre beau pays, le Sénégal, a besoin.
Faisons-lui confiance en 2024.
Plusieurs fois à La Mecque, la réalisation de bonnes œuvres en toute discrétion
Un fervent musulman, El Hadj Abdoul MBAYE a accompli
plusieurs fois le pèlerinage à La Mecque.
Le pèlerinage aux lieux saints de l’islam, à Médine et à La Mecque, en Arabie
saoudite, est le souhait de tout musulman qui, parfois, travaille toute sa vie
pour effectuer ce grand voyage. L’offrir à ses parents est le rêve de tout
musulman sénégalais.
Ce parcours, Abdoul MBAYE l’a plusieurs fois accompli à l’occasion de ses nombreux pèlerinages à La Mecque et à Médine.
C’est en 1995 qu’il effectue son premier grand pèlerinage après avoir pris le soin de solliciter les prières de Mame Abdoul Aziz SY Dabakh.
La construction de mosquées et la réalisation de bonnes œuvres en toute discrétion. Récemment, l’imam DIOUF nous appelle en nous informant qu’il avait reçu d’Abdoul MBAYE, vingt tonnes de ciment et de l’argent pour la finition des travaux de la mosquée de son village. Pourtant, Abdoul MBAYE ne nous en avait jamais parlé, notamment à moi qui les avais pourtant présentés l’un à l’autre un mois auparavant.
« Avez-vous demandé de l’aide à Abdoul MBAYE à l’occasion de sa visite dans votre localité ? » demandons-nous à l’imam.
« Non ! Abdoul MBAYE avait certainement remarqué que notre mosquée est en cours de rénovation alors qu’il y effectuait la prière », nous répond l’imam.
D’après nos enquêtes, Abdoul MBAYE
accomplit de nombreuses bonnes œuvres en toute discrétion.
Quand ta main droite donne quelque chose, ta main gauche elle-même ne doit pas
le savoir. Ainsi, il faut que ce don reste secret, et Dieu, ton père, qui voit
ce que tu fais en secret, te récompensera. Matthieu 6:3-4.
Au demeurant, c’est pour cette raison évidente qu’il avait refusé d’être en première ligne lors des dernières inondations.
La nomination surprise d’un technocrate à la Primature
François HOLLANDE, très surpris, lui avait posé la question : « Abdoul, comment as-tu fait pour devenir Premier ministre sans faire de la politique ? » Ce fut évidemment une grosse surprise. En effet, Abdoul MBAYE avait voté au second tour, pris l’avion le dimanche, pour se rendre à Paris où l’attendait une mission de consultance. Lus mardi, les résultats sont déjà connus, car la tendance est irréversible. Il joint Macky SALL au téléphone pour le féliciter. Le nouveau Président le remercie, puis lui dit : « Mais quand seras-tu de retour ? Car nous avons besoin de toi ici ».
Abdoul MBAYE lui précise que son retour est prévu à la fin de la semaine. La conversation achevée, il subodore déjà que Macky SALL pense lui proposer un poste ministériel, et en raison de son passé de banquier, celui de ministre des Finances. Ne souhaitant pas être ministre sous les ordres d’un Premier ministre politicien, il préparait sa réponse au nouveau président de la République en l’imaginant comme suit : il ne souhaite pas être dans le gouvernement, en fait il pensait que le Premier ministre serait un politicien, il était hors de question évidemment qu’il occupe une fonction aussi délicate que celle de ministre des Finances sous les ordres d’un politicien. Il conçoit donc sa future réponse en ces termes : «Je vous remercie de votre proposition, mais je souhaiterais continuer à vous servir de conseiller comme je l’ai été pendant cette campagne présidentielle ».
Lorsque Abdoul MBAYE fut revenu à Dakar, le responsable du protocole du président l’a appelé pour lui dire que le président cherchait à le joindre au téléphone et qu’il fallait qu’il soit attentif à sa prochaine sonnerie. Finalement, l’appel viendra très tard, à quasiment minuit. Abdoul MBAYE décroche et le président lui dit : « Il fait certes tard, mais je souhaite que tu occupes les fonctions de Premier ministre, on en parle demain ».
Et Abdoul MBAYE de répondre : « Il se fait certes tard, mais permettez que je vienne à vous maintenant, Monsieur le Président ».
Son accord est déjà donné. En effet, il croit au Yonou Yokkouté, qui est son programme de candidat, et il lui propose une fonction de coordination de l’action gouvernementale pour la mise en œuvre de la vision du chef de l’État proposée aux Sénégalais, et largement acceptée par eux puisqu’il a été élu au second tour avec un score particulièrement impressionnant.
En l’absence de chauffeur disponible à cette heure, son épouse conduit la voiture pour se rendre au palais de la République.
Parvenu à destination, il attend quelques minutes dans l’un des salons avant d’être reçu par le président. Ce dernier lui confirme son souhait de l’installer dans les fonctions de Premier ministre. Abdoul MBAYE le remercie et ajoute ces phrases qu’il lui rappellera lorsqu’il quittera ses fonctions :
« Monsieur le Président de la République, je veux que vous sachiez que quasiment toute ma vie durant, j’ai été un mandataire social révocable ad nutum. Je sais que les fonctions de Premier ministre sont soumises à un principe quasi similaire. Je souhaite que vous sachiez que même si demain vous décidiez de mettre fin à mes fonctions de Premier ministre, je vous serai reconnaissant d’avoir porté votre choix sur ma personne parmi tant d’autres possibilités ».
Le lendemain très tôt, juste après la prière de Fadjr, il fait venir à lui quatre proches pour des conseils après les avoir informés. Puis, il se rend auprès de sa mère pour l’informer avant d’aller prier sur la tombe de son père. Il pense à une continuité de destin. Après trois établissements bancaires à redresser lui vient le gros défi de contribuer au redressement économique et financier du Sénégal, son pays. La dimension est tout autre. Mais il suffira de relever le défi avec l’aide de Dieu. Il est optimiste, pensant moins à l’importance de la fonction qu’à celle de la charge, à sa capacité à l’assumer en fonction de son passé déjà riche d’expériences réussies.
Avec François Hollande à HEC, après les classes préparatoires à Louis le Grand
En 1973, lorsqu’Abdoul MBAYE intègre HEC, commencent les années de l’internationalisation de l’école qui met l’accent sur la recherche. Il partage le campus avec François HOLLANDE, qui sera de la promotion 1975.
Lors de son séjour à Dakar en tant que président de la République française, il avait évoqué ses années passées sur le campus de HEC avec Abdoul MBAYE. François HOLLANDE s’était étonné de le retrouver dans les fonctions de Premier ministre, ne se souvenant pas d’un engagement politique visible sur le campus. C’est Macky SALL qui avait répondu en lui disant qu’à la suite de son élection soutenue par une large coalition, il lui avait semblé plus judicieux de recourir à un profil non engagé en politique. Il avait beaucoup plaisanté, à l’occasion, avec lui devant le président Macky SALL, l’air très impressionné. À l’aéroport, au moment d’embarquer dans l’avion qui devait le ramener à Paris, le tutoyant comme de convenance entre anciens camarades d’école, François HOLLANDE avait demandé à Abdoul de ne pas hésiter à l’appeler à l’occasion de ses prochains déplacements à Paris. Il accordera à Abdoul MBAYE le grade de grand-croix de l’ordre national du Mérite.
«Le président Macky SALL n’est pas sous l’influence de réseaux»
« Non, le président Macky SALL n’est pas sous l’influence de réseaux », répond sans ambages Abdoul MBAYE. En revanche, il poursuit : « Il est sous l’influence de son propre projet, de son propre objectif, et cet objectif peut se résumer ainsi : demeurer le plus longtemps au pouvoir et en profiter, ainsi qu’en faire profiter sa famille et son clan de partisans ».
Abdoul MBAYE croit dur comme fer que toutes les grandes décisions qui sont prises, qu’elles concernent des démarches stratégiques ou des décisions d’investissement en infrastructures, sont guidées par ce souci. C’est vrai, l’électricité est à la peine, et du coût de l’électricité dépendait l’émergence du Sénégal. Le Plan Sénégal Émergent (PSE) en a fait la première de toutes autres conditions. Mais lorsque la SENELEC est transformée en vache à lait politicienne, on voit bien que la priorité n’est pas donnée à l’émergence, mais plutôt à la politique et à l’enrichissement des politiciens. L’agriculture et l’agro-industrie devaient jouer également un rôle important dans le processus d’émergence du Sénégal défini à travers ce même PSE. On voit à quel point tout a été abandonné au profit de l’enrichissement individuel de quelques privilégiés. À chaque fois en rapport avec des logiques politiciennes.
À titre d’exemple, la culture de l’arachide a été sacrifiée, car on a négligé la production des semences certifiées et privilégié une logique d’achat de graines sélectionnées qui avait pourtant pour effet de baisser les rendements d’une saison à l’autre. Alors que le processus de retour aux semences certifiées avait été lancé sous le magistère d’Abdoul MBAYE avec l’objectif de reconstituer le stock nécessaire en deux années, il a été malheureusement abandonné après son départ de la primature. Le secteur de l’agriculture tout entier souffre d’un système de distribution des engrais maintenu dans une logique de définition de quotas, d’enrichissement d’intermédiaires ne respectant ni délais de livraison ni qualité des produits.
En ce qui concerne le sucre, le gouvernement que dirigeait Abdoul MBAYE avait réussi à réduire les prix locaux en ouvrant aux opérateurs économiques sénégalais la part d’importation nécessaire pour couvrir la demande nationale. Les prix de la production locale avaient été maintenus afin de protéger les résultats et l’activité de la société de production sénégalaise. Mais en transformant la délivrance des autorisations d’importation en moyen d’enrichissement illicite, ils sont parvenus à mettre en danger la production locale. L’ancien Premier ministre pense très sincèrement que Macky SALL est prisonnier de son système politicien mis en place et de son objectif principal, qui est de rester au pouvoir le plus longtemps possible. Et évidemment avec ce que cela suppose comme avantages.
C’est vrai qu’on peut, peut-être, ajouter la prise en compte d’intérêts extérieurs parce que lorsque vous prenez le risque de voir un jour le peuple contre vous se dresser, il est important d’avoir noué des relations internationales qui vous permettent de bénéficier de lieux d’exil. Abdoul MBAYE reste cependant nuancé, il pense que, sans doute, il y a une prise en compte de lobbys à servir, mais encore une fois, sur la base d’un projet personnel.
Une méthode de management, secret de ses réussites
On dit d’Abdoul MBAYE qu’il a la main verte. En effet, le redressement de trois banques en difficulté qui auraient pu être fermées lui a valu le surnom de docteur des banques. De plus, son passage à la tête du gouvernement du Sénégal nous a laissé, à nous, ses compatriotes, de très bons souvenirs en matière d’organisation, de méthode et de résultats.
Quelle est donc sa méthode de management, le secret de ses réussites aussi bien dans le management privé (BHS, BIAO, SOGECA, SENINVEST, CBAO, BST, WESTERN UNION, MONEYGRAM, etc.) que dans le public (chef de la division de la prévision de la BCEAO, Premier ministre) ?
En effet, lorsque le Premier ministre Habib THIAM, nommé par le président de la République Abdou DIOUF, lui pose la question suivante : « Te sens-tu capable de diriger la Banque de l’Habitat du Sénégal ? » Il n’hésite pas une seule seconde et lui répond : « Oui ».
Tout commence par avoir confiance en soi, en ses capacités. Il n’y a pas de tâches ou d’œuvres impossibles à réaliser, à condition de se donner les objectifs adéquats et de constituer la bonne équipe pour les atteindre. D’ailleurs la réussite n’est qu’un progrès certain et mesurable. Il faut ensuite toujours chercher à aller plus haut afin de laisser une marque durable.
Si la confiance en soi fait accepter le défi, elle doit également créer de la confiance en vous et autour de vous ; c’est alors que l’adhésion à votre projet, à vos options de gouvernance, se crée et vous transforme en vrai leader.
Confiance en soi et confiance en vous vont ensemble : lorsque le Premier ministre Habib THIAM pose cette fameuse question à Abdoul MBAYE, c’est qu’il a déjà confiance en raison de son début de carrière à la Banque centrale où il est jeune chef de division. Il importe alors de ne pas décevoir et de rester dans cette spirale de cercle vertueux.
Il a à chaque fois fait démarrer son management par la communication d’une impression que le changement était arrivé. Il n’y a pas d’entreprise malade sans qu’une part de la responsabilité ne soit celle du personnel. Les mauvaises habitudes se sont installées et il faut des ruptures immédiates avec les pratiques antérieures. Ces ruptures doivent toutes viser à faire savoir que le temps doit revenir au travail, au sérieux et à la rigueur. Il n’a jamais demandé au personnel ce qu’il ne s’appliquait pas à lui-même, en termes de respect des horaires, de temps de travail au-delà des horaires et d’exécution des tâches dévolues à un agent simple ou à un responsable. Il a toujours choisi de diriger par l’exemple et non par la seule instruction. À titre d’exemple, Abdoul MBAYE ne conçoit pas que le responsable d’un service arrive après l’heure tout en réclamant la présence de ses collaborateurs avant les heures d’ouverture.
Le temps des ruptures dans les attitudes est à chaque fois celui mis à profit pour le diagnostic qui permettra de construire un projet dont la description prend la forme d’un business plan, ce dernier devant être guidé par un « rêve » ou un « idéal ». Il est convaincu qu’il ne faut jamais faire dans l’ordinaire si on souhaite mobiliser vers un objectif largement partagé.
À la Banque de l’Habitat du Sénégal, il faut bien entendu donner de nouveaux moyens de financement aux programmes d’habitat social à la suite du retrait de la Caisse Centrale de Coopération Économique (CCCE) française, dernier et unique bailleur des projets de cette nature. Mais l’Afrique, à cette époque (nous sommes au début des années 1980), n’ayant pas trouvé de solutions à cette problématique, la banque devra être un exemple pour le continent et exporter son modèle et sa qualité. La banque est une entreprise comme les autres ; elle devra être rentable, certes, mais aussi devenir une référence africaine dans son domaine d’intervention.
L’objectif sera atteint, et l’équipe aura réussi à transformer la BHS en assistant technique pour permettre à d’autres pays de la sous-région de créer des banques de financement de l’habitat social au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire. Elle développera un progiciel bancaire dédié qui sera vendu à ces institutions nouvelles.
Le projet de redressement de la BIAO-Sénégal était celui d’une reconquête de positions perdues. Le but était que l’ancienne première banque de l’Afrique de l’Ouest, la BAO, créée avant les grandes banques françaises de la métropole en 1853, redevienne la première banque du Sénégal. Elle devait parvenir à passer devant la filiale locale de la BNP (la BICIS), qui s’était retirée de son capital en jouant sa fermeture. L’ambition pouvait paraître folle à cet instant et faisait sourire plus d’un. Elle devait aussi devenir le premier groupe bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) en proposant des solutions de financement aux opérateurs nationaux tels que le crédit-bail et le capital-risque. Elle eut donc pour filiale la SOGECA, où fut logée l’activité de crédit-bail. Et la SENINVEST fut le premier établissement de capital-risque de l’UMOA.
Le changement de sa dénomination pour rompre avec un passé immédiat et peu glorieux devait traduire ce souci de reconquête et de transformation en un groupe bancaire performant. Elle devint la Compagnie Bancaire de l’Afrique de l’Ouest, soit la CBAO, le sigle rappelant l’ancienne BAO.
Le sauvetage de la Banque sénégalo-tunisienne (BST) eut lieu un mois avant la date de sa fermeture décidée par la Commission bancaire. C’est en novembre 1998 que l’administration provisoire de la banque lui fut confiée. En mars 1999, l’acceptation du projet de redressement de la banque par la Commission bancaire mettait fin à l’administration provisoire la plus brève de l’histoire de l’UMOA.
Relever ce premier défi fut particulièrement mobilisateur des énergies à l’intérieur de la banque. Le projet devint ensuite l’ambition de bâtir la première banque commerciale à capitaux majoritairement détenus par des investisseurs sénégalais.
Un homme seul ne peut rien. Les meilleurs résultats sont obtenus par des équipes engagées et de qualité. Abdoul MBAYE s’est donc toujours soucié de recruter le meilleur personnel possible et d’assurer les promotions sur la base de la méritocratie. C’est sans doute pour cela que parmi ses anciens collaborateurs, l’une devint Première ministre, deux d’entre eux devinrent ministres, et quatre finirent directeurs généraux de banques.
Tout projet d’entreprise doit être partagé. Sa mise en œuvre repose sur son acceptation par toutes ses composantes. Et cette acceptation est d’autant plus aisée si le projet a été bâti comme une œuvre commune et dans une démarche inclusive. Sont ainsi concernés les actionnaires, les administrateurs, les personnels d’encadrement, mais également les agents de tout grade. Quand bien même Abdoul MBAYE savait le cap nécessaire à donner, il a toujours réussi à le présenter comme un choix collégial.
Il est essentiel, durant les années que durent la croissance et la marche vers le « rêve », de rendre compte régulièrement à toutes les composantes de l’entreprise des résultats atteints, en rapport avec les objectifs fixés. Il convient de communiquer sur les réajustements à opérer ou opérés, dans une transparence qui fait partager les succès indéniables et les retards éventuels, et bien entendu les changements de cap ou de degré d’efforts à fournir.
La réussite par le résultat d’exploitation doit également donner lieu à un partage équitable entre les actionnaires et le personnel. Ce dernier doit ressentir la présence d’attitudes justes pour chacun, la récompense et la sanction doivent toujours être justifiées et comprises. La sanction suit la faute ou l’erreur. Ces dernières doivent être incontestables.
Le recueil de procédures est le secret de la continuité après le départ d’un chef d’entreprise en mission, comme Abdoul MBAYE l’a à chaque fois été. Il a toujours veillé à en rédiger un avant d’achever ses missions de redressement.
«De toutes les personnes qui s’expriment en français, Cheikh Anta DIOP et Abdoul MBAYE sont les plus dignes de confiance»
Serigne Moustapha Thieytou MBACKÉ résidait à Mbacké, dans le quartier de Gawane qui jouxte celui de Darou Salam. Sa relation avec Abdoul MBAYE date du début des années 90. Cette relation était forte et filiale. Abdoul MBAYE est le dernier à lui avoir parlé au téléphone avant qu’il quitte ce bas monde à la suite d’une maladie. C’est son fils qui nous le rapporte, et Abdoul MBAYE de confirmer : « J’ai été celui qui lui a parlé le dernier ».
Leurs relations étaient donc fortes. Après son décès,
l’un de ses fils lui a avoué des propos qui l’ont considérablement touché. Ces
propos concernant Abdoul MBAYE venaient du saint homme.
Serigne Moustapha Thieytou MBACKÉ avait dit que « de toutes les personnes qui
s’expriment en français, Cheikh Anta DIOP et Abdoul MBAYE sont les plus dignes
de confiance ».
C’était donc une bien belle appréciation, qui honorait Abdoul MBAYE et qui traduit évidemment, nous semble-t-il, le degré d’estime que le saint homme lui portait. Cette grande estime était réciproque.