Le lancement du mouvement Taxaw Citoyens Debout a eu lieu, à Dakar, le jeudi 17 août 2023. Sa mission est de travailler au renforcement du civisme, de la citoyenneté et du patriotisme, à l’assainissement des mœurs politiques, à la bonne gouvernance et au raffermissement du processus démocratique, à l’amélioration de la paix civile et sociale ainsi que des conditions de vie des populations. Bref, favoriser la qualité de la participation citoyenne à la gestion des biens et des institutions publiques. Nous vous proposons la déclaration de son coordonnateur national, M. Abdou Khadre Gaye.

Le Sénégal est à la croisée des chemins : un basculement important est en train de se produire, qui va nous porter en haut de la montagne ou bien au fond de la fosse. On dit que notre pays va commencer l’exploitation de son pétrole et de son gaz. Mais au même moment, l’indiscipline, le laisser-aller et le je-m’en-foutisme sont en phase de se transformer en délinquance sociale et en banditisme politique. En effet, il n’y a guère longtemps, le débat portait sur le manque de civisme et de citoyenneté de nos compatriotes que le naufrage du bateau le Joola a révélé à la face du monde. On a alors sonné l’alerte et appelé à l’introspection et au changement des comportements.

Aujourd’hui, la plaie est devenue une gangrène : ce n’est plus la dégradation du cadre de vie qui fait peur, mais la régression morale de l’homme sénégalais. On pourrait même parler de dégénérescence. Ce ne sont pas que nos rues qui sont encombrées et sales, mais aussi nos âmes. Ce n’est pas que le manque de respect aux armoiries et institutions de la République qui pose problème, mais aussi le manque de respect vis-à-vis de nous-mêmes et de notre prochain. Ce n’est pas que l’homme de la rue qui mal se comporte, mais aussi l’homme public. C’est comme si en pourrissant notre environnement, nous avons pourri notre esprit et notre cœur. Et le dépôt sauvage d’ordures qui encombre la rue ne pose plus problème à cause de la saleté intérieure qui transparaît dans notre vocabulaire et nos actes et dont les miasmes empoisonnent le débat public, partout où cela se passe. Et la bonne éducation et les qualités d’esprit et de cœur sont ravalées au dernier rang. Et les plus fous et les plus insolents l’emportent. Et la foule d’éclipser le peuple…     

Et la politique, aujourd’hui plus que jamais, est devenue un simple métier garant d’une vie de mollesse et de loisir. Elle est devenue l’art du mensonge, du maquillage et de la roublardise. Elle est devenue une vulgaire arène de singes, un jeu de quilles quelconque. Et l’adversaire politique est devenu l’ennemi à abattre, lui, son épouse, ses enfants et tous ses amis et partisans. Les armes préférées pour le descendre sont la délation, la dérision et la calomnie. On assiste alors à la prolifération d’un nouveau type d’acteurs, pour ne pas dire un nouveau type de Sénégalais, adepte du tape-à-l’œil et de la politique-spectacle. Car les langues, avec internet, se sont déliées, et sont devenues meurtrières. Et l’on attaque, et l’on tue, sans état d’âme. Ce n’est plus de la colère qui explose, et c’est plus que de l’intimidation : c’est de la pure terreur. Et notre nation de se fissurer en deux camps : celui des bons et celui des mauvais…

Cette intolérance, cette rage d’attaquer l’autre, de l’injurier, d’étaler sa honte sur la place publique et de s’en réjouir, ne se rencontre pas que dans l’espace politique. Tout le monde s’y met à qui mieux mieux, et partout. On aime les scandales à tel point que si l’on ne trouve pas de vilenie à raconter, on l’invente. Parce qu’on cherche le buzz. Et pour cela, pas besoin d’érudition. Il s’agit seulement d’oser l’inosable. Il s’agit d’étonner, de surprendre, de faire jaser. Il s’agit de faire se tenir la tête et crier. Et plus c’est grossier, plus c’est bête, mieux ça marche. Plus la cible est élevée, plus elle est respectée, plus le succès est garanti. Ainsi, on insulte les chefs de confréries. On dénigre les références historiques. On travestit les écritures, les paroles des sages, l’histoire et les traditions. Et les prêches loufoques, les chroniques hilarantes et les mises en scène impudentes stupéfient les Sénégalais. Le langage ordurier triomphe, jusque dans la religion, l’art et la culture. De la sorte, on remet en cause les valeurs fondamentales de notre peuple, on casse les liens qui le nouent. On piétine le patrimoine. On déchire le tissu social sénégalais…

Et nous nous réjouissons de la couleur de l’actualité en une sorte de délectation morose, oubliant qu’il s’agit de notre peuple, qu’il s’agit de nous : de nos frères, de nos sœurs, de nos enfants… Oui : cette sage-femme négligente qui laisse mourir sa patiente ou son bébé, c’est nous ; cet étudiant qui violente son professeur, c’est nous ; cet enseignant qui triche avec ses élèves, c’est nous ; ce maître de daara qui viole son talibé, c’est nous ; ces députés qui se battent et s’insultent dans l’hémicycle, c’est nous ; ces nervis qui attaquent et pillent et jettent des cocktails Molotov jusque dans les cars de transport en commun, c’est nous ; ce chauffard qui met en danger la vie de ses passagers, c’est nous ; ce faux marabout qui cultive et exploite l’ignorance des masses, c’est nous ; cet homme qui perturbe le repos des tombes pour enterrer son talisman, c’est nous ; ce journaliste qui tronque l’information, c’est nous ; cet animateur inconscient, c’est nous ; ce fonctionnaire corrompu, c’est nous ; ce politicien véreux, c’est nous…

Hélas, pendant que nous jouons avec notre avenir, avec l’avenir de notre pays,  la misère des populations s’accroit, et, par vagues, des jeunes, bien de chez nous, préfèrent s’expatrier à Barça ou bien se laisser mourir dans l’Atlantique (barzakh) plutôt que de vivre parmi nous… Parce que, pour eux, chez nous, c’est l’enfer. Le paradis, c’est ailleurs. Et, comble de désolation, beaucoup de ceux-là qui devraient les conseiller leur donnent raison de par leur comportement, entre autres ce Sénégalais haut perché qui fait accoucher sa femme en Occident pour offrir à son fils, dès sa naissance, la bonne nationalité ; la nôtre étant la mauvaise.

Il ne s’agit pas de dire qui a tort ou raison. Car il ne s’agit pas d’accuser ni de condamner quiconque. Il s’agit seulement d’arrêter d’attiser ce feu qui nous consume. Il s’agit d’une étoile à choisir, d’une route à parcourir. Il s’agit d’une pente à remonter, d’un sommet de montagne à conquérir. Parce qu’il est temps pour nous, Sénégalaises, Sénégalais, de nous tenir debout. Debout, comme dit notre hymne national. Taxaw. Épaule contre épaule. Car le développement est l’affaire des peuples debout ; et un homme qui se tient debout est le plus beau des monuments. Il est plus que temps de nous occuper de ce peuple avant qu’il ne soit trop tard. Il est plus que temps pour nous de changer nos comportements et de développer le Sénégal.

C’est pourquoi on chante l’hymne des citoyens debout dans sa première strophe :

« Nous sommes les Citoyens Debout

Soldats du développement

Partisans du réveil des peuples

Nous disons non à l’inconscience

Nous disons non à l’insouciance

Nous disons non aux ignorances

Nous disons non ! Nous disons non ! Nous disons non ! Non ! Non ! »

Mais, nous ne disons pas que non, car dit la dernière strophe de notre hymne :

« Debout citoyens !

Arrosons notre terre de lumière

Recouvrons notre peuple de beauté

Hommes et femmes

Jeunes et adultes

Main dans la main

Âmes lumineuses

Cœurs en prière

Au rythme des koras et des balafons

Nous disons oui ! Nous disons oui ! Nous disons oui ! Oui ! Oui ! »

Taxaw Citoyens Debout est donc un mouvement dont la mission est de travailler au renforcement du civisme, de la citoyenneté et du patriotisme, à l’assainissement des mœurs politiques, à la bonne gouvernance et au raffermissement du processus démocratique, à l’amélioration de la paix civile et sociale ainsi que des conditions de vie des populations, en vue de favoriser la qualité de la participation citoyenne à la gestion des biens et des institutions publiques. Le mot Taxaw, en parlé wolof, renvoie à la position debout de l’homme d’action. Les membres du mouvement (ouvert à toutes les populations, sans considération religieuse, confrérique ou ethnique) sont appelés Les Citoyens Debout.

Le mouvement Taxaw qui a pour emblème le baobab, symbole de force, de résilience et de croissance, et dont les couleurs sont le vert de l’espérance et de l’abondance et le bleu de l’unité et de la paix, propose comme valeur de garder constamment à l’esprit l’intérêt des populations, surtout les plus vulnérables, en évitant la partisanerie aveugle, les critiques et les applaudissements infondés. Sa vision est de privilégier la centralité de l’homme dans le processus de développement. Son credo c’est le changement positif des comportements et des postures. Sa devise est : toujours au service des populations et du pays. Ses objectifs sont : impacter positivement les comportements et postures de nos concitoyens et contribuer à faire évoluer les pratiques politiciennes ; prêter assistance aux populations démunies des quartiers des villes et des villages ; participer directement ou indirectement à la gestion des biens et des institutions publiques, des assemblées et instances à tous les échelons du découpage administratif ; accompagner le processus de démocratisation ; promouvoir le dialogue et la paix civile et sociale ainsi que le panafricanisme et l’intégration des peuples… Pour se faire, Taxaw va informer, former, éduquer, défendre, assister et participer… Il est plus que temps pour nous de nous tenir debout et de remettre notre train sur les rails du développement. Il est plus que temps de nous tenir debout et de remettre à flot la pirogue Sénégal.

Alors, chantons ensemble :

« Nous sommes les Citoyens Debout

Soldats du développement… »

ABDOU KHADRE GAYE

Coordonnateur national du  

Mouvement Taxaw Citoyens Debout