Le président de la République du Sénégal a effectué, le 30 mai dernier, des visites au Mali et au Burkina Faso, deux pays actuellement dirigés respectivement par les putschistes Assimi Goita et Ibrahim Traoré.
Les deux pays font partie de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui est l’organisation née d’un pacte de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso le 16 septembre 2023. L’accord avait été signé à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger, contre lequel la CEDEAO menaçait d’intervenir militairement. Ce voyage était surveillé de près par les observateurs car le Sénégal, un modèle de démocratie dans la région qui n’a jamais connu de coup d’Etat, est naturellement attendu pour défendre les valeurs démocratiques et non pour s’aligner sur la position de régimes militaires.
Questionné sur l’adhésion éventuelle du Sénégal à cette alliance, Bassirou Diomaye Faye a coupé court aux supputations. « Cela n’est pas à l’ordre du jour », a répondu le président sénégalais. « Comme je vous l’ai dit, je ne désespère pas de voir la CEDEAO repartir sur de nouvelles bases qui nous éviteraient la situation que nous traversons aujourd’hui. Tant que nous sommes dans cet élan, je considère qu’il nous faut travailler au sein de la CEDEAO avec les différentes parties prenantes pour voir comment réconcilier les positions. Mais le Sénégal n’a pas mis à l’étude la question de rejoindre un ensemble quel qu’il soit ».
Un camouflet pour Moscou ?
Le déplacement du président de la République du Sénégal, le 30 mai, au Mali et au Burkina Faso, aurait suscité un grand intérêt pour le Kremlin. De sources diplomatiques dignes de foi, les décideurs russes s’attendaient, à défaut de voir le nouveau président sénégalais annoncer l’adhésion de son pays à l’Alliance des États du Sahel (AES) parrainée par Moscou, à au moins une annonce qui laisserait la porte ouverte à cette éventualité.
Ainsi, la déclaration du Président Faye assurant vouloir renforcer la CEDEAO et répondant sur l’adhésion à l’AES que « cela n’est pas à l’ordre du jour (…) le Sénégal n’a pas mis à l’étude la question de rejoindre un ensemble quel qu’il soit » sonne comme un camouflet. Même l’information reprise et amplifiée par les réseaux russes sur la possibilité que Dakar abrite incessamment une réunion avec les pays de l’alliance n’a pas atténué la déception, d’autant plus que l’objectif de cette rencontre serait plus de rapprocher le Mali, le Niger et le Burkina Faso de la CEDEAO que d’élargir l’AES.
(SOURCE : 5 SUR 5 HEBDO)