L’histoire racontera avec quels leviers de commande les gestionnaires passés et actuels (futurs ?) de la chose publique ont pu ouvrir et se servir sans retenue dans la caverne d’Ali Baba. Ce que l’on sait, d’ores et déjà, c’est que beaucoup d’entre eux ont rechigné à dévoiler, en violation flagrante de la loi, leur subite richesse. Allez savoir le pourquoi de leur réticence.
«Ils ne sont pas héritiers. Ils ne sont pas, non plus, des magnats de l’industrie ou de l’immobilier (…). Pourtant, même nés pauvres, ils sont devenus riches. Eux, ce sont les hommes politiques sénégalais. Idrissa Seck, qui a été nommé récemment à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a dû effectuer une déclaration de patrimoine qui a fuité dans la presse. Et son patrimoine, constitué essentiellement des terrains et des biens immobiliers, s’évaluerait en milliards de Fcfa», affirme Walf Quotidien qui s’intéresse, dans sa livraison du jour, à la colossae fortune des dirigeants sénégalais.
Largesses, larcins et racket !
Alors d’où vient tout cet argent ? Walf Quotidien répond : «Si Macky Sall pointait la générosité de son ancien mentor Abdoulaye Wade comme source de cette richesse, Idrissa Seck avait, lui, reconnu avoir bénéficié de fonds politiques. S’y ajoute qu’en 2000, l’alors tout puissant ministre d’État, directeur de cabinet du Président Wade avait fait payer -d’autres diraient racketter- la Sonatel pour l’utilisation d’un nom de domaine lié à l’entreprise leader et opérateur historique de télécom». Bref, «l’un dans l’autre, se pose la problématique jamais résolue du rapport que les gouvernants, actuels comme passés, entretiennent avec le bien public». Souvent issus de la fonction publique, donc fonctionnaires n’ayant pas vocation à être riches comme Crésus, ceux qui nous dirigent se retrouvent subitement avec des fortunes qui s’évaluent en milliards.
La déclaration fuitée d’Idrissa Seck
«La transparence chahutée» ! Tel est le titre bavard du quotidien EnQuête. Le journal s’interroge sur l’origine des fuites concernant le patrimoine d’Idrissa Seck : «D’où provient la fuite ? Est-ce du camp d’Idrissa Seck qui a voulu jouer la carte de la transparence jusqu’au bout ? Est-ce de l’Office national de lutte contre la fraude et corruption (OFNAC) ou de ses membres qui ont laissé fuiter l’information ? Dans le premier cas, ce serait tout à fait légal. Par contre, si c’est l’inverse, ce serait une faute lourde, passible de sanctions». En effet, précise EnQuête, les déclarations de patrimoine des personnalités politiques sont confidentielles. Mais, «sur ce point, ils sont nombreux, les observateurs, à demander la levée du verrou, au nom du droit à l’information et de la transparence».
Le patrimoine de Macky Sall censé être public…
En ce qui concerne Macky Sall, pointe EnQuête, la constitution stipule : «Le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique». Interprété par certains comme une avancée non-négligeable en matière de transparence dans la gouvernance des affaires publiques, ce texte est jugé «très laconique» par plusieurs observateurs. D’ailleurs, depuis sa réélection en 2019, le patrimoine du président de la République n’a pas encore été porté à la connaissance du public. À ce jour, la seule déclaration de Macky Sall rendue publique est celle en date de 2012, évalué à quelque 8 milliards (demeure personnelle, villas, appartement aux États-Unis), qui avait suscité un énorme tollé, à l’instar de celle d’Idrissa Seck.