La nomination avortée de l’ancien directeur général de la Sonatel, Cheikh Tidiane Mbaye, comme conseiller spécial au Conseil économique, social et environnemental (CESE), une institution placée depuis peu sous la responsabilité du président du parti Rewmi, constitue le premier couac sérieux de l’alliance entre Idrissa Seck et Macky Sall.
Auparavant, Idrissa Seck avait commis une «gaffe diplomatique doublée d’une bêtise politique» en s’arrogeant un domaine réservé, par excellence, au président de la République : féliciter le président élu des États-Unis Joe Biden pour la nomination de Cecilia Elena Rouse comme chef du CEA (Council Of Economic advisors), l’équivalent du CESE.
Sans doute pour arrondir les angles, le président de la République a reçu, ce jeudi 24 décembre, en fin de matinée au Palais, son nouvel allié arrivé deuxième à la présidentielle de 2019. Une audience longue de près de deux heures, durant laquelle ils ont échangé, selon des sources dignes de foi, sur plusieurs sujets d’intérêt national.
Le Président averti et l’as de la roublardise
En effet, ils sont nombreux les observateurs à déceler dans la tentative de recrutement du petit frère de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, devenu par la suite un irréductible opposant du président de la République, une sorte de pied de nez, d’autres diront sans doute un coup fourré voire tordu, qui ne dit pas son nom de la part de Ngorsi.
Sans entrer dans les détails et autres raisons cachées de la communication outrancière ayant jalonné la mise sur orbite du technocrate Cheikh Tidiane Mbaye, force est de constater que Idrissa Seck voulait envoyer, on ne sait pour quelle motivation, un signal fort à l’opinion publique, et même à Macky Sall, sur sa capacité à enrôler de grosses pointures.
Surtout que la censure populaire bruit, depuis 2012, de rumeurs persistantes, jamais démenties, comme quoi la première option du successeur nouvellement élu d’un certain Me Abdoulaye Wade, reclus en ces circonstances historiques à l’hôtel Radisson de Dakar pour peaufiner son gouvernement, avait jeté son dévolu sur Mbaye Junior comme capitaine d’équipe.
Le frère du technocrate et le cheval de Troie
Finalement, raconte-t-on dans les influentes chaumières de la capitale où se nouent et se dénouent la nuit tombée nos destins, l’ancien directeur général de la Sonatel, « qui mettait la dernière mains à certains dossiers stratégiques et se préparait à passer la main, réussit à convaincre Macky Sall de prendre son grand frère qui voulait une expérience étatique.
On connait la suite de leur compagnonnage qui a fini en eau de boudin. Dès lors, la décision de Cheikh Tidiane Mbaye de renoncer à l’offre d’Idrissa Seck donne une autre grille de lecture que celle du fourre-tout « convenances personnelles ». Tout comme la nomination de Talla Sylla, maire de Thiès et ennemi juré du président du CESE, comme conseiller spécial de Macky Sall.
Bref, en un mot comme en mille, un constat s’impose : les relations entre Macky Sall et Idrissa Seck, accusé de vouloir faire du CESE (à l’instar d’une certaine Aminata Touré) une base-arrière pour 2024, commencent à se détériorer gravement. « Le Président, seul maître des horloges républicaines, ne laissera pas prospérer cette fourberie », prophétise un observateur.
(Texte Réactualisé)