En partenariat avec Afrobaromètre, Transparency International a recueilli l’opinion de milliers de citoyens africains sur la corruption et leur expérience directe de la pratique des pots-de-vin en Afrique. Au finish, un rapport de 42 pages titré «Le Baromètre mondial de la corruption-Afrique 2019» a été publié par l’organe anti-corruption.
Un travail de terrain a été mené pour avoir des données les plus complètes et les plus détaillées. Afrobaromètre a investigué dans 34 pays, de 2016 à 2018, en plus d’une enquête réalisée par Omega Research. Et, le Baromètre mondial de la corruption a présenté les points de vue de plus de 47 000 citoyens de 35 pays africains. «Les résultats montrent que plus de la moitié des citoyens considèrent que la corruption s’aggrave dans leur pays et que leur gouvernement ne lutte pas efficacement contre ce problème », renseigne «Le Baromètre mondial de la corruption-Afrique 2019», publié par Transparency International en partenariat avec Afrobaromètre. Des personnes ressources ont déploré la régression de la lutte contre la corruption, épinglant notamment les gouvernants. Le rapport révèle également que plus d’une personne sur quatre a dû payer un pot-de-vin au cours de l’année précédente. Il épingle notamment les services publics tels que la santé et l’éducation.
Les personnes vulnérables plus durement touchées
L’organe anti-corruption revient également sur les allégations de corruption visant 35 pays sondés, cela équivaut à environ 130 millions de citoyens. «L’enquête montre aussi que les personnes les plus vulnérables sont les plus durement touchées par la corruption», informe le document. Ce qui suscite de vives inquiétudes et fait craindre un impact négatif chez les plus démunis. Ces derniers, indique le rapport, sont deux fois plus susceptibles de devoir verser un pot-de-vin que les plus riches. «Lorsqu’elles doivent s’acquitter de pots-de-vin pour accéder à des services publics essentiels, les familles pauvres ont moins d’argent à consacrer aux besoins cruciaux tels que la nourriture, l’eau et les médicaments», lit-on encore dans le rapport. Malgré tout cela, le Baromètre laisse entrevoir un changement positif en révélant que plus de la moitié des Africains pense que les citoyens peuvent contribuer à enrayer la corruption.
L’intégrité des fonctionnaires fortement mise en doute
«Plus de la moitié (55 %) des citoyens considèrent que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois. Seuls 23 % pensent qu’elle a diminué». «Seul un citoyen sur trois (34 %) pense que son gouvernement lutte efficacement contre la corruption, tandis que 59 % des sondés considèrent que les actions de l’État sont inefficaces». «Parmi les principales institutions publiques, la police est vue comme la plus corrompue : 47 % des sondés estiment que les policiers sont majoritairement ou totalement corrompus. Cela étant, près de 4 citoyens sur 10 ont la même opinion sur les fonctionnaires d’État (39 %) et les parlementaires (36 %). Des résultats similaires avaient été obtenus lors de la dernière série d’enquêtes en 2015, où les citoyens considéraient aussi que la police était l’institution la plus corrompue».
Malgré la peur de représailles, les citoyens veulent que ça change
«Plus d’une personne sur quatre a dû verser un pot-de-vin pour accéder à des services publics tels que la santé et l’éducation au cours de l’année précédente. Au total, cela équivaut à environ 130 millions de personnes». «Les hommes paient un peu plus de pots-de-vin que les femmes, les plus pauvres versent deux fois plus de pots-de-vin que les plus riches, et les jeunes de 18 à 34 ans paient aussi plus de pots-de-vin que les plus de 55 ans». «Deux tiers des citoyens craignent de subir des représailles s’ils dénoncent la corruption. Cela étant, plus de la moitié des sondés (53 %) pensent que les gens ordinaires peuvent changer la donne dans la lutte contre la corruption».