Élu pour un nouveau mandat de cinq (5), ans avec plus de 57% des suffrages exprimés, Roch Marc Christian Kaboré a prêté serment ce lundi 28 décembre. La cérémonie, qui a eu pour cadre le Palais des Sports de Ouagadougou, a enregistré la participation de dix chefs d’État provenant de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Sénégal, du Liberia, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, de la Guinée Conakry, du Tchad, du Niger et du Togo, tandis que le Mali était représenté par le Premier ministre de la Transition, Moctar Ouane.

Troisième mandat assimilé à un coup d’État

Dans son discours d’investiture, le président Kaboré a promis de réconcilier les Burkinabé à travers des concertations nationales. Mais, en prenant cet engagement, il n’ignorait pas que certains de ses invités de marque devraient être rabibochés à moins qu’ils ne soient intraitables. En tout cas, certains d’entre eux sont à un degré d’adversité tel qu’il sera difficile d’obtenir d’eux qu’ils fassent table rase du passé. C’est le cas entre les présidents Umaro Sissoco Embalo et Alpha Condé.

Le bissau-guinéen et son voisin de Conakry ne se portent pas dans le cœur et ne ratent aucune occasion pour le montrer. Lors du sommet de la Cedeao consacré au Mali, où un nouveau coup d’État venait d’être perpétré, Umaro Sissoco Embalo ne s’est pas fait prier pour dire ce qu’il pense du troisième mandat qu’il a assimilé à un coup d’État. Il visait son ennemi juré, Alpha Condé, qui venait de changer la constitution de son pays pour tenter un 3e mandat.

En effet, il ne lui pardonne surtout pas son soutien à son adversaire Domingos Simoes Pereira à la présidentielle bissau-guinéenne de décembre 2018. Une inimitié que le président Alpha Condé lui rend bien sur tous les fronts. Leur relation s’est dégradée à tel point que le président du Sénégal, qui semblait en bons termes avec son homologue et non moins voisin de Conakry, a fini par être catalogué «pro-Embalo». Et Macky Sall ne fait rien pour arranger les choses.

Salutations «très furtives» entre Macky et Condé

Déjà soupçonné de parrainer le «jeune» Umaro Sissoco Embalo par Alpha Condé, le chef de l’État sénégalais, pour ne pas nommer Macky Sall, en a rajouté une couche en s’abstenant de féliciter le vainqueur de la dernière présidentielle en Guinée. Quant à Embalo, il a utilisé un ton ferme pour dire qu’il ne félicitera jamais Alpha Condé. C’est dire que le climat est plus que tendu entre ces trois (3) frères ennemis.

À Ouagadougou, des sources nous renseignent que le service du protocole a fait le nécessaire pour éviter des accrochages entre leurs délégations. Par exemple, l’on a pu éviter que Condé et Embalo se croisent. Par contre, on a appris que les présidents sénégalais et guinéen se sont salués. «Mais, très furtivement», glissent des sources qui renseignent qu’entre Condé et Issoufou Mahamadou du Niger non plus, ce n’est pas le grand amour.

Sa proximité avec son homologue bissau-guinéen lui aurait valu l’inimitié de Condé. Si ces différends entre présidents sont préoccupants, c’est parce qu’ils ne se limitent pas à leurs personnes, mais déteignent sur les relations diplomatiques de leurs pays. Ce qui rend difficile l’intégration ouest-africaine tant voulue, mais aussi la résolution des crises électorales dans l’espace CEDEAO.