«En politique, il n’y a pas d’ennemis ad vitam aeternam. Nos ennemis d’hier peuvent être nos meilleurs amis aujourd’hui». C’est en ces termes que Fabakary Tombong Jatta, leader par intérim de l’APRC, le parti fondé par Yaya Jammeh, a révélé les pourparlers en vue d’une coalition avec l’actuel président gambien, Adama Barrow, en quête d’un second mandat.
C’est après avoir déposé une pétition auprès du ministère de la Justice afin de montrer leur désapprobation sur les activités de la Commission vérité réconciliation et réparations, dont le rapport est attendu dans les prochains jours, que les membres de la direction de l’ancien parti au pouvoir ont fait face à la presse. Pour la première fois, suite à plusieurs démentis, la formation politique confirme l’existence de pourparlers en vue d’une coalition avec le parti de Barrow.
«Nous nous voulons le plus réaliste possible, justifie Fabakary Tombong Jatta, leader par intérim de l’APRC, le parti fondé par Yaya Jammeh, l’ancien président en exil en Guinée Equatoriale. En politique, nous n’avons pas d’ennemis permanents. Ils ont formé une coalition pour nous démettre du pouvoir. Mais, nous sommes prêts aujourd’hui à nous allier avec le président sortant sans gêne. Nous défendons les intérêts de notre formation et celui de notre leader en exil».
«Coalition contre-nature»
L’un des arguments mis en avant par cette formation qui a dirigé la Gambie est qu’aujourd’hui aucun parti ne peut gagner seul un scrutin dans le pays. Mais une telle coalition, perçue comme «contre-nature», est vue d’un très mauvais œil par l’association des victimes et les défenseurs des droits humains en quête de justice et qui redoutent que les recommandations à venir de la Commission de réconciliation soient sacrifiés sur l’autel des compris politiques. Une peur que minimise Doudou Jah, porte-parole de l’APRC.
«Il y a beaucoup de spéculations mais en Afrique tout régime a des victimes, avance-t-il. Ce n’est pas propre qu’a notre pays. Néanmoins, les préoccupations des victimes doivent être prises en compte. Nous n’y voyons aucun inconvénient.» Quant aux recommandations de la Commission de réconciliation attendue dans les prochains jours, l’ex-parti au pouvoir dit n’avoir aucune attente particulière. Pour lui, cette structure n’a été qu’un «instrument politique et judicaire pour persécuter le parti et son fondateur».