L’information est tombée, ce matin, en marge de la cérémonie de rentrée fiscale. Le ministre des Finances et du Budget a reconnu que «le détournement d’objectifs est un des maux qui gangrènent la mission des pouvoirs publics». En effet, selon Abdoulaye Daouda Diallo, «35% des exonérations fiscales ont été détournées». Ce chiffre brandi par l’argentier de l’État -qui procédait au lancement du programme «Yaatal» (élargir l’assiette fiscale) de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid), afin de relever les défis de la contribution citoyenne pour bien maîtriser les besoins de financement des projets de politiques publiques et faire gagner au Sénégal un point de taux de pression fiscale par an -, est tiré d’une enquête de l’Inspection générale des finances (Igf).
Plaidoyer pour un meilleur civisme fiscal et une nouvelle forme d’exonération
D’ailleurs, ces détournements d’objectifs ont poussé le ministre Finances et du Budget à bloquer tous les dossiers d’exonérations fiscales en instance dans ses services. Abdoulaye Daouda Diallo, qui répondait ainsi à une interpellation du président du Conseil national du patronat (Cnp), M. Baïdy Agne, d’inviter, au passage, «toutes les parties à un meilleur civisme fiscal». En effet, selon lui, ses services sont en train de repenser une nouvelle forme d’exonération pour éviter ces impairs. «Évidemment, je ne peux pas continuer à bloquer indéfiniment ces titres d’exonérations», a-t-il signalé. Entre autres solutions préconisées, il y a «l’élargissement de la suspension de la Tva et des autres impôts».
«500 000 personnes paient l’impôt sur une population active de 6 millions d’individus»
À son tour, le Directeur général des Impôts et Domaines, Bassirou Samba Niasse, a également fait une révélation chiffrée dans sa communication devant les ministres en charge des Finances et du Budget (Abdoulaye Daouda Diallo) et celui en charge de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale (Amadou Hott). En effet, sur une population active de 6 millions d’individus, seules 500 000 personnes paient leurs impôts. Ce qui constitue, naturellement, une perte énorme estimée au moins à 200 milliards Fcfa par an. Avec ce programme «Yaatal», la DGID vise, avec une cible de 20% à l’horizon 2023, une planification opérationnelle pour recentrer tout le dispositif fiscal sur le citoyen, en tant qu’acteur principal qui contribue et qui est destinataire, in fine, de la collecte des impôts.