La célébration du 23e anniversaire du rappel à Dieu de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, ce 14 septembre de l’an de grâce 2020, intervient dans un contexte où le Sénégal est, encore une fois, à la croisée des chemins. En butte à une impasse politico-sociale indescriptible, ce pays qu’il chérissait tant semble avoir noué un pacte maléfique avec les démons de la contestation. Ayant hérité du khalifat le 29 mars 1957, il aura vécu 93 ans sur terre.
Dialogue national, Covid-19, 750 milliards…
Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, dont le 23e anniversaire du rappel à Dieu coïncide avec le lancement officiel des travaux d’achèvement de la Grande mosquée de Tivaouane en pleine pandémie de Covid-19, a surfé, avec une rare aisance, sur les nombreuses contradictions qui font du Sénégal un pays entièrement à part. Ce n’est pas un hasard, si ses compatriotes ont l’esprit tourné, à chaque fois que les nuages s’amoncellent au-dessus de leurs têtes, vers le fils de Seydi El Hadji Malick Sy et de Sokhna Safiétou Niang.
Si ce ne sont pas les couches vulnérables, dont il était le défenseur acharné et le protecteur naturel, qui crient à l’injustice, ce sont les hommes politiques, avec lesquels il entretenait des relations toutes de courtoisie empreintes, qui peinaient à s’asseoir autour d’une table. Sauf que le Dialogue national est, entre temps, passé par là. Aussi, il va de soi que le régulateur social de Tivaouane n’hésiterait pas, un seul instant, à monter au créneau pour concilier les positions des uns et les autres. D’ailleurs, ses innombrables appels à soutenir les talibés et les écoles coraniques résonnent encore dans les oreilles de ceux qui avaient l’habitude de converger vers la Grande Mosquée et la Zawia Seydi El Hadji Malick Sy (Rta).
Deux lieux de culte qui servaient, à l’occasion, de de foyer où ces bannis de la «société civilisée» trouvaient chaleur et réconfort chez le successeur de Seydi Aboubacar Sy (Rta). Tout cela pour dire que si celui qui a veillé, pendant quarante (40) ans, sur l’héritage et le temple de Maodo, était encore là, sa voix se joindrait à celles de ses nombreux concitoyens qui émettent de sérieuses réserves sur la gestion des récurrentes inondations qui auraient englouti 750 milliards, la loi sur la mendicité… Et, nul doute qu’il se serait déplacé, personnellement, pour en discuter, de vive voix, avec le chef de l’État.
Héritage entre de très bonnes mains
D’autant plus que sa conviction était faite, comme il n’a jamais cessé de le marteler, que «la lumière divine qui jaillit du feu, avec des talibés penchés sur leurs tablettes, ne se trouve pas dans l’électricité». L’illustre disciple de Serigne Hady Touré de Fass Touré ne savait pas si bien dire. Mais, ce qui retient surtout l’attention des observateurs, c’est que le vingt-troisième anniversaire de son décès se déroule à quelques jours du Grand Magal de Touba et du Maouloud Al Nabi communément appelé Gamou. Deux événements phares du calendrier musulman au Sénégal.
Et nos oreilles de vibrer de l’invite du défunt Khalife général des Mourides, Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké, qui avait enjoint les disciples se réclamant de Cheikh Ahmadou Bamba de considérer les Tidianes comme des plus que frères. Une position d’une extrême sagesse qui rappelle cet enseignement de son illustre père que Dabakh aimait rappeler : «Si tu serres la main à quelqu’un et qu’il te demande à quelle confrérie appartiens-tu, ne lui accorde même pas beaucoup de temps et sache que celui-là n’est pas ton ami, car Satan est déjà là.» Tout cela pour dire à quel point feu Serigne Abdoul Aziz Sy entretenait des relations chaleureuses avec toutes les familles religieuses de ce pays.
Mais, à ceux qui, toujours nombreux, regrettent ce patriarche, qui a accédé au Khalifat de Maodo en 1957, qu’ils sachent que le legs est entre de bonnes mains. De Serigne Maodo Malick Sy à l’Ambassadeur Cheikh Tidiane Sy, en passant par Serigne Mansour Sy, Serigne Mbaye Sy Abdou, Serigne Habib Sy, Serigne Sidy Ahmed Sy, Serigne Badou Sy, Mame Alpha Sy, sans oublier son fils cadet Mame Ousmane Sy, ils sont, chacun en ce qui le concerne, en train de marcher sur les traces de cet homme qui a fait l’unanimité sur sa valeur intrinsèque.