Rebelote pour Karim Meïssa Wade ! Une fois encore les ambitions présidentielles du fils de l’ancien chef de l’État, Abdoulaye Wade n’ont pas franchi l’obstacle de la validation de candidature par le Conseil constitutionnel, même après avoir passé avec brio l’étape du contrôle des parrainages. Si à l’élection présidentielle de 2019 sa candidature avait buté sur la perte de ses droits civiques en raison d’une condamnation pour enrichissement illicite, en 2024 elle est plombée par un renoncement tardif à la nationale française, alors qu’il faut être exclusivement de nationalité sénégalaise pour briguer la magistrature suprême, selon la loi électorale. Un nouveau coup à la carrière politique du leader duParti démocratique sénégalais (PDS), condamné en 2015 à 6 ans de prison ferme par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et exilé au Qatar depuis 2016, que ses partisans espéraient revoir en chair et en os, battre le pavé avec lui à la conquête des suffrages des Sénégalais.  Karim Wade, né le 1er septembre 1968 à Paris, est cet inconnu du grand public à l’élection d’Abdoulaye Wade en 2000, sur lequel tous les projecteurs étaient braqués jusqu’à être considéré, à un moment donné, comme le futur héritier de son père à la tête du Sénégal. Après un Bac économique à Paris, en 1984, et des études en ingénierie financière, il est embauché en 1995 par la société de banque suisse.

«Ministre du Ciel et de la Terre»

Mais les Sénégalais, dans leur grande majorité, le découvriront en 2000 à la faveur de l’accession de Me Abdoulaye Wade à la magistrature suprême, après 25 ans d’opposition. C’est en 2002 qu’il devient conseiller de son père chargé des grands projets. À la faveur du sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) prévu au Sénégal en 2008, Karim Wade se voit confier dès 2004, la présidence de l’Agence de l’organisation de la coopération islamique (ANOCI). Les élections locales de 2009 seront un « premier test électoral » pour Karim Wade à qui l’on prête l’ambition de devenir le maire de Dakar. La campagne électorale lui donnera l’occasion d’être au contact des masses. Karim Wade battra campagne à Dakar, Thiès, Saint-Louis, Matam, Ziguinchor, un peu partout, sous la houlette du Parti démocratique sénégalais (PDS). Mais à l’arrivée, c’est la défaite chez les Wade à Dakar. La coalition Benno Siggil Senegal (BSS), regroupement des principales forces de l’opposition, rafle les grandes villes du pays. Nommé ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures, de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire dans le gouvernement dirigé par Souleymane Ndéné Ndiaye, Karim Wade devient une pièce maitresse de l’État (Plan Takkal censé résoudre le problème de l’énergie, remise en ligne de Sénégal Airlines, construction de l’AIBD, restructuration des ICS…). Mais celui qui est surnommé « ministre du Ciel et de la Terre » n’échappe pas à la critique.  

«Dévolution monarchique du pouvoir»

À l’approche de la présidentielle de 2012, Me Abdoulaye Wade, 86 ans à l’époque, et dont la candidature pour un troisième mandat suscite la controverse, sort l’idée d’un ticket président-vice-président, élu à 25% au premier tour. Pour l’opposition, la société civile de l’opposition et une partie de l’opinion, ce projet de loi cache une « dévolution monarchique du pouvoir ». Abdoulaye Wade chercherait tout simplement à léguer le pouvoir à son fils Karim Wade. C’est la réforme de trop qui poussera l’opposition et la jeunesse à la révolte, le 23 juin 2011, jour de vote du projet de loi. Des milliers de manifestants investissent la rue et la devanture de l’Assemblée nationale, obligeant le chef de l’État à retirer son projet. Avec la défaite de Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012, les ennuis judiciaires commencent pour Karim, invité à justifier l’origine licite d’un patrimoine estimé d’abord à 694 milliards de francs avant d’être ramené à 117 milliards de francs. Arrêté en 2013, dans le cadre de la « traque des biens mal acquis », il est condamné en 2015 à six (6) ans de prison ferme par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Le 24 juin 2016, à la surprise générale, les Sénégalais apprennent que Karim Wade est sorti de prison. En effet, le Président de la République, par décret n° 2016-880 du 24 juin 2016, a gracié Karim Meissa Wade, Ibrahima Aboukhalil dit Bibo Bourgi et Alioune Samba Diassé. Dans la foulée, il s’envole vers Doha, en compagnie du procureur général du Qatar.

(Avec Aps)