La Maison de la presse, édifice érigé sur la Corniche Ouest à Dakar, portera le nom de Babacar Touré, fondateur et président du groupe Sud Communication rappelé à Dieu dimanche à l’âge de 69 ans, a annoncé mardi le chef de l’Etat.

La décision de baptiser la Maison de la presse du nom du journaliste et ancien directeur du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a été annoncée par Macky Sall au moment de présenter ses condoléances à la famille du défunt à Ngaparu, localité du département de Mbour, ont rapporté plusieurs médias. Babacar Touré a été inhumé lundi dans la cité religieuse de Touba, dans le centre du pays, après une cérémonie de levée du corps organisée le même jour à l’hôpital Principal de Dakar en présence de nombreux acteurs des médias et d’acteurs politiques du pays. Surnommé BT par certains confrères, en référence à ses initiales, le journaliste avait été à la tête du CNRA entre 2012 et 2018 en remplacement de la magistrate Nancy Ngom Ndiaye.

A l’actif entre autres du magistère de Touré plusieurs propositions de réformes du secteur des médias, préconisant par exemple en 2015, le renforcement des moyens de l’Agence de presse sénégalaise (APS) afin de permettre à ce médias public de jouer pleinement son rôle de pourvoyeur d’informations. ‘’L’APS, doyenne des agences africaines, doit être dotée de façon à s’imposer sur le plan national mais surtout régional africain, voir international. Cela est possible, cela est faisable. Si nous ne voulons pas rester sur les bords des autoroutes de l’information et de la communication, il nous faut produire et diffuser par nos propres outils, des contenus adaptés à nos objectifs et à notre quête d’identité, imposer notre capacité contributive’’, avait-il à l’époque déclaré au moment de remettre au chef de l’Etat un rapport.

Babacar Touré avait préconisé « le réarmement de notre principal moyen de production et d’échange de contenus, l’agence de presse sénégalaise, qui possède déjà les bases d’une véritable plateforme digitale primordiale pour produire et fournir des news, des images, du son, des données et des documents aux diffuseurs ». Ce mardi, le chef de l’Etat lui a de nouveau rendu hommage, saluant la mémoire d’un journaliste « chevronné et pionnier dans l’entreprise de presse, un homme de consensus et de dialogue ». « Journaliste chevronné et pionnier dans l’entreprise de presse et la formation des journalistes, homme de consensus et de dialogue, Babacar Touré aura été de tous les combats pour la liberté et la démocratie. A sa famille, au groupe Sud et à la presse, je présente mes condoléances », avait-il twitté à l’annonce du décès.

La Maison de la Presse a été construite entre 2007 et 2012 sous le régime d’Abdoulaye Wade, concrétisant ainsi une doléance du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS). Elle a la forme d’un grand livre ouvert pour symboliser une grande bibliothèque de l’information. L’infrastructure est présentée comme un espace de dialogue et de concertation offrant aux journalistes et aux techniciens de la communication sociale un cadre d’épanouissement et de travail. A ce titre, elle est chargée de contribuer à la promotion de la liberté de la presse, du pluralisme et de l’indépendance des médias ; de participer à faire de la presse sénégalaise une presse libre, crédible et responsable, d’offrir un espace de réflexion et de service pour les professionnels des médias, d’offrir un espace de liberté pour les professionnels de la communication sociale’’.

Toutefois, les organisations de journalistes ont à plusieurs reprises exprimé leur opposition à son mode de gestion. En juin, la Coordination des associations de presse (CAP) a demandé au chef de l’Etat de rendre aux acteurs des médias la Maison de la Presse, rappelant que cette infrastructure est « un acquis de haute lutte » des professionnels du secteur. « Monsieur le président de la République, rendez-nous notre maison ! L’État du Sénégal, dont vous êtes le chef, a toujours entretenu un consensus pour l’érection de cette maison », écrivait la CAP (APPEL – CDEPS – CORED – CTPAS – SYNPICS – CJRS – URAC – UNPJS) dans une lettre ouverte au chef de l’Etat.