Le rapport de la mission de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Chine avait exclu l’hypothèse d’une fuite accidentelle du virus d’un laboratoire. Mais, les récriminations inattendues du patron de l’OMS et de quatorze pays, dont les États-Unis, contre les interférences chinoises dans l’enquête ont relancé le débat.

Le rapport de l’équipe de scientifiques internationaux réunis par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour examiner les origines du coronavirus est un «début bienvenu, mais loin d’être concluant», a affirmé le chef de l’agence sanitaire de l’ONU lors de sa publication hier. «Nous n’avons pas encore trouvé la source du virus, nous devons continuer à suivre la science et ne négliger aucune piste dans notre démarche», a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Dr Tedros a salué les conclusions de l’équipe de 34 membres qui s’est rendue en janvier dans la ville chinoise de Wuhan, où les premiers cas de Covid-19 ont été révélés fin 2019. Toutefois le chef de l’Oms a été clair : dans l’ensemble, le rapport soulève «d’autres questions qui devront être abordées par d’autres études, comme l’équipe elle-même le note dans le rapport». Il a noté que, bien que de nombreuses données aient été fournies, pour comprendre pleinement les premiers cas, ils auraient besoin d’un accès des autorités chinoises «aux données, y compris aux échantillons biologiques, à partir d’au moins septembre 2019».

Rôle «pas toujours clair» des marchés d’animaux

«Lors de nos discussions, l’équipe a exprimé les difficultés qu’ils ont rencontrées pour accéder aux données brutes», a continué le Dr Tedros, ajoutant qu’il «s’attend à ce que les futures études collaboratives incluent un partage des données plus rapide et plus complet».Dr Tedros a salué les recommandations d’études supplémentaires pour comprendre les premiers cas humains et les «clusters», ainsi que pour tracer les animaux vendus sur les marchés de Wuhan et des environs, soulignant néanmoins que «le rôle des marchés d’animaux n’est toujours pas clair». L’équipe a confirmé qu’il y avait eu une contamination généralisée dans le grand marché de Huanan, mais n’a pas pu déterminer la source de cette contamination. «Encore une fois, je salue les recommandations de recherches supplémentaires, notamment une analyse complète du commerce des animaux et des produits sur les marchés de Wuhan, en particulier ceux liés aux premiers cas humains», a déclaré le chef de l’OMS. Il a convenu que les agriculteurs, les fournisseurs et leurs contacts devraient être interrogés. Des études supplémentaires sont également nécessaires pour identifier le rôle que «les animaux sauvages d’élevage ont pu jouer dans l’introduction du virus sur les marchés de Wuhan et au-delà».

«Toutes les hypothèses restent sur la table»

L’équipe a également visité plusieurs laboratoires à Wuhan et a envisagé la possibilité que le virus ait pénétré dans la population humaine à la suite d’un incident de laboratoire, a noté le Dr Tedros. «Toutefois, je ne pense pas que cette évaluation ait été suffisamment approfondie. Des données et des études supplémentaires seront nécessaires pour parvenir à des conclusions plus solides», a-t-il déclaré. «Bien que l’équipe ait conclu qu’une fuite en laboratoire est l’hypothèse la moins probable, cela nécessite une enquête plus approfondie, potentiellement avec des missions supplémentaires impliquant des experts spécialisés, que je suis prêt à déployer», a ajouté le chef de l’OMS. En ce qui concerne l’OMS, «toutes les hypothèses restent sur la table», a-t-il déclaré lors du briefing des États membres sur le rapport à Genève. «Trouver l’origine d’un virus prend du temps et nous devons au monde de trouver la source afin que nous puissions collectivement prendre des mesures pour réduire le risque que cela se reproduise», a dit le Dr Tedros, précisant qu’aucun voyage de recherche ne peut à lui seul apporter toutes les réponses.