Une nouvelle accueillie par les hourras d’une foule survoltée à la place Bembaya de Ziguinchor. Un défi majeur à relever selon certains observateurs de la scène politique. Le président Ousmane Sonko a finalement tranché la question de sa candidature à la mairie de Ziguinchor et a ainsi mis fin au suspense. Il dirigera la liste de la coalition Yewwi Askan Wi dans le sud du pays. Il sera d’ailleurs l’un des rares chefs de parti à se lancer à l’assaut d’une localité au même titre que ses lieutenants politiques investis dans leur milieu d’origine.
Le nouveau pari peut paraitre surprenant pour celui qui, ces dernières années, ne semblait nourrir qu’une ambition présidentielle. Mais une décision, aussi difficile et discutable soit-elle, devait être prise surtout dans un contexte particulier où un véritable leader local de l’opposition, en dehors du président de Pastef, peine malheureusement à émerger dans la région du sud. C’est un acte de courage et PROS n’en manque pas.
Diriger c’est prendre des décisions, parfois lourdes de conséquences, après avoir écouté ses proches collaborateurs. Sonko n’a pas échappé à cette règle qui peut même faire grincer des dents et engendrer des frustrations. Il en est clairement conscient, c’est pourquoi il n’a pas manqué de revenir, à l’entame de ses propos, sur les primaires au sein de PASTEF et leur lot de contestations, arguant toutefois qu’il n’y a eu aucun «favoritisme» de sa part et que les meilleurs profils ont été choisis. Comme ultime recours, il a fait ce que sa raison lui a dicté pour l’intérêt exclusif du parti. Sans état d’âme !
Ziguinchor pourra s’estimer heureux d’élire au soir du 23 janvier 2022, à la tête de sa région, un profil aussi convoité que celui de Sonko. Un homme d’une grande probité morale, une caractéristique qui fait souvent défaut à la plupart de nos élus, prompts à confondre les fonds publics et le fond de leurs poches.
Expérimentation d’une gestion publique
Ce sera alors pour lui un test grandeur nature de gestion publique dans une région dont les potentialités économiques sont énormissimes et qui tarde hélas à décoller faute d’investissements conséquents et à cause de la mauvaise gouvernance de ses élus. Lors de ce grand meeting aux allures de précampagne électorale, il est d’ailleurs largement revenu, dans un diagnostic sans complaisance, sur les nombreuses promesses non tenues de l’équipe dirigée par le maire sortant, Abdoulaye Baldé.
C’est donc tout naturellement qu’il décide de se lancer dans la course à la mairie même s’il reconnait les limites de la décentralisation tel que conçu actuellement et qui empêche une réelle autonomie agissante des communes. Quid alors des possibles blocages budgétaires dont l’État central a le secret pour barrer la route aux projets d’envergure des maires issus des rangs de l’opposition ? Le nouveau candidat à la maire de Ziguinchor rassure.
Tout semble être sous contrôle, car il compte avant tout sur un développement exclusivement endogène, basé sur le potentiel économique de la Casamance et financé par des bailleurs institutionnels et privés déjà identifiés. L’implication citoyenne des uns et des autres en sera le principal moteur. Il pourra ainsi mettre en œuvre sa vision sociale et économique qu’il ne cesse de théoriser depuis la création du parti PASTEF.
Si la course à la tête de la mairie de Ziguinchor est perçue par beaucoup d’analystes comme une simple promenade de santé dont l’issue victorieuse est écrite depuis longtemps pour Sonko, il n’en demeure pas moins que son bilan socioéconomique cristallisera toutes les attentions dans la perspective de l’élection présidentielle. Ziguinchor sera, à coup sûr, un laboratoire en miniature et un terrain d’expérimentation de ce qu’il compte faire à l’échelle de tout le Sénégal s’il est élu en 2024. Il aura moins de deux ans pour y arriver. Une course contre la montre l’attend avec sa future équipe municipale…
LAMINE NIANG
Secrétariat National à la Communication de PASTEF
Co-auteur du livre « PASTEF : La résistance consciente face au Mackyavélisme »
niang.mlamine@gmail.com