Pour sauver l’année académique (2019-2020) en berne depuis le 16 mars dernier, l’Etat du Sénégal a agité le recours au numérique à travers les plateformes existantes et les cours déjà mis en ligne. Si cette trouvaille s’avère être l’unique alternative pour assurer la continuité pédagogique, sa mise en œuvre effective suscite beaucoup d’interrogations sur lesquelles les cadres de Pastef interpellent le Président Macky Sall et son gouvernement.
«Comment peut-on prétendre poursuivre des activités pédagogiques en cette période de vacances forcées où la majeure partie des étudiants habite parfois dans des contrées pauvres et reculées dépourvues d’électricité avec la persistante problématique de la fracture numérique ? Comment tous ces enseignants et étudiants confrontés au manque d’outils informatiques adéquats et n’ayant subi aucune formation pour l’utilisation des plateformes en ligne pourront-ils s’adapter à cette nouvelle situation à laquelle ils ne sont pas préparés ? Au cas où la pandémie continuerait à gagner du terrain, quels procédés d’évaluation préconiser pour les apprenants ? Que dire des apprenants qui seraient bien partis pour être les victimes de leur inadaptation (…)? », s’interrogent ces cadres. Cette impréparation du Gouvernement de pousser donc la Commission Enseignement Supérieur et Formation Professionnelle (CESFP) du Mouvement National des Cadres Patriotes de PASTEF (MONCAP) à appeler les autorités étatiques à faire face à leurs responsabilités dès à présent. « C’est-à-dire, éclairer les parents, enseignants, étudiants et partenaires en prenant des dispositions concrètement applicables, adossées à un échéancier, quelle que soit la situation qui se présentera au lendemain de la date butoir», insistent-ils.
Le MONCAP de rappeler, avec force, que le gouvernement du Président Sall a pris des résolutions inspirées de l’une des recommandations fortes de la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur au Sénégal (CNAES) relative à l’utilisation du numérique dans l’enseignement supérieur en 2013. Malheureusement, contre toute attente, la majeure partie de ces projets n’a pas abouti avec parfois des objectifs dévoyés. «Le projet «un étudiant, un ordinateur» n’a touché qu’une partie infime des étudiants depuis 2013. La formation des acteurs n’est pas généralisée. L’interconnexion des établissements fait défaut. L’UVS peine à fonctionner correctement. Depuis 2015, seuls 03 des 50 Espaces Numériques Ouverts (ENO) prévus ont été effectivement construits et achevés, 10 ENO fonctionnent provisoirement dans des bâtiments loués et 37 sont au stade de projets malgré les financements disponibles. Les financements du PGF SUP n’ont pas aidé à l’acquisition des équipements technologiques prévus dans les projets. Malheureusement, le projet Smart Sénégal E-learning entre la Chine et le Sénégal qui devait équiper les universités dans ce cadre depuis 2018 fait face à des lenteurs. Des chapiteaux ont été érigés à hauteur de 300 millions FCFA en lieu et place de bâtiments dans les EES publics», cite-t-il.
Malgré ces initiatives probantes dans la mise en pratique du numérique au service de l’enseignement supérieur, l’Etat a failli dans la mise en œuvre des recommandations et des mesures adoptées pour que l’on assiste aujourd’hui à ce qui ressemble beaucoup plus à une entreprise de tâtonnement de la part du gouvernement, argue le MONCAP. Aussi assure-t-elle, les véritables dispositions palliatives s’inscrivent dans la durée et appellent à une mise en œuvre effective des résolutions du MESRI tirées des recommandations de la CNAES. «Elles impliquent la généralisation de l’enseignement à distance, la mise à disposition d’infrastructures technologiques fiables, la facilitation de l’accès des apprenants aux outils informatiques, à l’internet et à l’électricité, la préparation des acteurs principaux, à la base (depuis l’élémentaire), à l’usage du numérique tel est le gage d’une alternative crédible dans la préservation des enseignements lors des crises majeures et de l’amélioration de la qualité du système éducatif dans les EES publics et privés du Sénégal !», conclut le Mouvement National des Cadres Patriotes de PASTEF (MONCAP).