Finie l’époque où les portes du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar étaient poreuses à tous les vents, désormais il faut montrer patte blanche pour y accéder avec la mise en place d’un important dispositif sécuritaire et technique qui permet de contrôler les entrées et les sorties.
En ce début de matinée, au milieu du rond-point de l’Avenue Cheikh Anta Diop se dresse la statue du parrain de la première université sénégalaise, en face du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD). Juste à l’entrée du Centre des œuvres universitaires de Dakar, les visiteurs sont accueillis par ces paroles de Cheikh Anta Diop sous forme de graffiti : ‘’Armez-vous de savoir jusqu’aux dents’’. Le campus social a fait peau neuve ces dernières années grâce à de nouveaux aménagements paysagers, de nouvelles décorations. Sur le seuil du portail, quatre agents, le teint noir, la stature assez imposante, assurent la sécurité. ‘’Le contrôle s’effectue 24/24. Nous avons des équipes de jour et de nuit’’, explique Mamadou Camara, adjoint du chef de l’unité de sécurité.
A 9h, c’est la grande affluence des étudiants et autres employés qui entrent et sortent du campus social. Finie l’époque où l’on franchissait les portes du Coud sans aucun protocole. Pour des raisons de sécurité, les autorités ont mis en place depuis plus de deux ans un dispositif technique pour gérer les entrées et sorties. ‘’Pour y accéder, il faut présenter une carte d’étudiant, des cartes professionnelles pour les autres agents de l’université et une pièce d’identité en échange d’une carte visiteur pour les autres’’, explique Ahmed Tidiane Cissé, coordinateur de l’Unité de Sécurité du Coud. Selon lui, ‘’ce qui est surtout nouveau, c’est que même pour les permanents et temporaires travaillant au campus doivent se munir de leurs cartes professionnelles’’’.
Le contrôle est de rigueur à toutes les 5 portes du campus social. En effet, un dispositif technique permet aux préposés à la sécurité de contrôler les cartes présentées par les étudiants et autres personnels. Par exemple, lorsque l’étudiant introduit le numéro de sa carte dans l’onglet de recherche d’une application, son nom et son visage s’affichent, confirmant qu’il est régulièrement inscrit. ‘’Cette mesure nous facilite le travail car un étudiant peut oublier ou perdre sa carte, dans ces cas, nous lui demandons juste le numéro de la carte’’, dit avec enthousiasme l’agent Mamadou Camara.
Système de cartes pour les visiteurs
Pour renforcer ce dispositif sécuritaire, un important matériel technique et logistique tels que des miroirs et des détecteurs de métaux a été mis à la disposition des agents. Grace à ces outils techniques, explique le coordinateur de l’unité de sécurité, les autorités du Coud parviennent à contrôler tout ce qui entre dans l’espace social de l’université. ‘’Les armes blanches à savoir les couteaux, les coupes coupes et autres métaux représentent un grand un danger pour la communauté universitaire. Il n’y a pas de sécurité à 100%, mais nous faisons des efforts pour assurer la sécurité de nos étudiants’’, assure-t-il.
Pour avoir ce sésame, le visiteur doit répondre à une série de questions. ‘’Tu t’appelles comment ? Tu vas à quel pavillon ? Tu dois rendre visite à qui ? Ton numéro de téléphone et ta pièce ?’’, demande l’agent. Après avoir répondu à ces questions, l’agent lui donne une carte visiteur en échange de sa pièce qu’il doit récupérer à la fin de la visite. ‘’Les visiteurs ne doivent pas passer la nuit dans le Campus. A 18 h, si le propriétaire de la carte d’identité ne vient pas, nous allons envoyer la pièce à l’unité de sécurité du Coud. Dans ce cas, le propriétaire devra y aller pour s’expliquer’’, a-t-il-indiqué.
Pour le renforcement de son environnement sécuritaire, le Coud a procédé à la formation de plus 100 agents de sécurité dans la communication, la prévention, la sensibilisation et l’intervention. ‘’Nous avons formé durant 30 jours plus de100 agents sur plusieurs aspects notamment techniques pour faciliter les interventions‘’, explique Ahmed Tidiane Cissé, soulignant que des étudiants sont également recrutés afin de faciliter la communication. ‘’Il y a parmi ces agents, d’anciens étudiants, c’est une nécessité du milieu parce qu’à certain niveau, il faut mettre avant la communication. Maintenant, pour pouvoir communiquer avec quelqu’un, il faut connaitre la personne, son milieu son environnement et son tempérament’’, indique M. Cissé.
Les étudiants apprécient et réclament un renforcement du dispositif
Les femmes tentent de se frayer une place dans ce personnel de sécurité. ‘’Nous faisons le travail sans complexe’’, assure l’une d’elle sous le couvert de l’anonymat. ‘’Il y a des étudiants qui se comportent bien avec nous. Il y en a aussi qui n’apprécient pas bien le fait d’être contrôlé par les femmes. Mais, de toute façon, on essaie de faire le travail sans problème’’, souligne-t-elle. Selon le coordinateur de l’unité de Sécurité du Coud, Ahmed Tidiane Cissé, la féminisation du secteur est un levier qui participe également à la communication et à l’accueil.
‘’La féminisation du secteur, c’est un volet qui participe également à la communication. La sécurité ce n’est pas seulement l’action, il y a la prévention qui est mise en avant. C’est après cette étape qu’on passe à l’action’’, explique Cissé. Devant chaque pavillon, le Coud a posté un agent, souligne-t-il, relevant qu’il ‘’y avait souvent des cas de vols dans les chambres des étudiants’’. ‘’Le plus souvent ces malfaiteurs venaient de l’extérieur mais maintenant les choses ont changé, les cas de vol ont diminué’’, se félicite-t-il. Des étudiants apprécient ces mesures sécuritaires et réclament même un renforcement du dispositif.
Désiré Pascal, étudiant en master au département d’histoire et ancien représentant des étudiants en tant qu’adjoint au président de la commission sociale de la faculté des lettres et sciences humaines, salue ce dispositif. ‘’En tant que syndicaliste, je ne me plains pas beaucoup. Il y a quelques années, le contrôle n’existait pas et les étudiants étaient souvent victimes de vols. Il y avait parfois des heurts entre les étudiants ou entre des personnes qui n’étaient même pas des étudiants car l’accès au campus social était très facile’’, a-t-il-dit. Selon lui, ‘’il y a des avancées significatives’’ même si ‘’des manquements’’ sont notées. ‘’A titre d’exemple, dit-il, il existe toujours des individus qui vivent au campus alors qu’ils ne sont plus étudiants ». Un étudiant qui a requis l’anonymat salue des ‘’avancés majeures’’ dans le domaine de la sécurité, tout en plaidant le renforcement la sécurité devant les pavillons.
(Source : APS)