Après les propos cinglants tenus par le député Moustapha Cissé Lô à l’Assemblée nationale contre son propre camp, les attaques sur la même tonalité de Youssou Touré contre le Président de la République et la Première Dame, et le mutisme intriguant qui s’en est suivi, la réplique sonne. Foudroyante, elle est portée par une autre figure du pouvoir, le ministre Yakham Mbaye, au verbe tout aussi redouté lorsqu’il s’agit de défendre son mentor, le Président Macky Sall. Dans ce (très) long entretien, il a pulvérisé le député et le ministre conseiller. Le propos du Directeur général du quotidien national « Le Soleil » est lourd de révélations qui risquent de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Car, Yakham Mbaye dépeint Moustapha Cissé Lô et Youssou Touré, avec des arguments documentés, sous des traits très peu reluisant, aux antipodes de l’image d’un « Monsieur Propre ». Entretien explosif !
Depuis le début de la session budgétaire, le député Moustapha Cissé Lô décontenance avec des discours très virulents contre le pouvoir, en général, et le ministre de l’Agriculture, en particulier. Il dénonce une mafia au cœur de l’État qui contrôlerait la distribution des semences et engrais en prenant le soin d’écarter certains opérateurs économiques comme lui. Comment appréciez-vous ces déclarations fracassantes et gênantes ?
Une mafia existerait dans le processus d’octroi des intrants agricoles, que Moustapha Cissé Lô en serait la parfaite illustration avec le titre de parrain.
Est-ce que là vous ne versez pas dans des accusations exagérées et diffamatoires ?
Vous aurez la latitude de vous faire une conviction en appréciant la suite de mon propos tout au long de cet entretien. En attendant, permettez un petit rappel historique.
La mafia a une vertu : en tous temps et lieux, elle est demeurée organisée et solidement fondée, à l’image d’un édifice romain. Ce n’est pas un hasard si elle s’est architecturée en s’inspirant de la doctrine césarienne. Elle a un fondement constitué par ce qu’elle appelle, dans son jargon, les sicaires, autrement dit des tueurs et hommes de main. Ensuite, viennent les colonnes qui soutiennent l’ensemble, formées de capo-régime, qui commandent les sicaires. Enfin, au-dessus de ces deux composantes, on trouve la coupole où siège le don ou parrain.
Moustapha Cissé Lô, qui a un solide parcours de forban – j’y reviendrai –, n’a certes pas des tueurs à sa solde, mais, il a, à profusion, des hommes de main et capo-régime qui œuvrent à ses côtés, depuis des lustres. Ils sont porteurs des forfaits qui lui permettent de faire main basse sur des quantités extraordinaires d’intrants agricoles.
Au-delà de leur gravité, vos accusations sont tout de même incompréhensibles et surprenantes. Moustapha Cissé Lô a dit haut et fort, et répété à l’Assemblée nationale, qu’il est victime d’une mafia animée par des opérateurs économiques véreux, en collusion avec le pouvoir, professionnels de la transhumance politique, qui ont perdu le Président Wade et en feront de même avec le Président Macky Sall.
De Moustapha Cissé Lô et de la transhumance, parlons en. Ensuite, je vais m’atteler à vous démontrer, chiffres et documents en main, qu’il est pire qu’un tartuffe.
S’il y a une seule personne dans ce Sénégal qui doit avoir honte de fustiger les transhumants, c’est bien lui, car il a passé toute sa vie à transhumer. Moustapha Cissé Lô peut abuser ceux qui, nés au moment de l’accession au pouvoir du Président Wade, viennent d’accéder à la majorité légale, et n’éprouvent peut-être pas le besoin de se faire une culture politique. Mais, pas ceux de ma génération.
Il y a près de vingt cinq années, à mes débuts dans le journalisme, je l’ai connu membre du Parti socialiste qui en a fait un député. Quelques années après, à l’avènement de l’alternance de 2000, il a abandonné le navire socialiste naufragé pour rejoindre le Parti démocratique sénégalais triomphant de Me Abdoulaye Wade, qui, encore, en a fait un député. Aujourd’hui, il est député investi par l’Alliance pour la République.
Comment appelle-t-on une espèce qui s’est servie des trois régimes politiques du Sénégal depuis son indépendance ? Si les transhumants qu’il insulte sont des rats, éternels opportunistes et traîtres toujours disposés à sauter à bâbord lorsque le navire s’apprête à couler, le parcours de Moustapha Cissé Lô ne démontre-t-il pas qu’il est de cette même espèce de rongeur ? A l’aune de son parcours politique, il ne vaut pas mieux que ces transhumants qu’il insulte à longueur de journée.
Pourtant, il figure parmi les grands combattants qui se sont sacrifiés lorsqu’il s’est agi de faire face à Wade, jusqu’à être renvoyé de l’Assemblée nationale.
Il faut qu’on arrête de falsifier l’histoire de l’Apr. Le combat de Macky Sall à la tête de son parti n’a pas dix-huit ans d’âge. Personne n’a besoin d’archives jaunissantes pour se repérer. Tout s’est déroulé ces onze dernières années. Aux côtés du Président, j’ai été acteur et témoin oculaire de tant de péripéties qui sont aux antipodes des vérités fabriquées et distillées aujourd’hui dans le parti par ceux qui veulent se donner une stature usurpée de fondateur.
À l’époque, le Président Wade aurait cédé aux chantages de Moustapha Cissé Lô que ce dernier ne figurerait pas au rang des compagnons de Macky Sall. Au contraire, il l’a tout simplement dégagé, certes en usant de méthodes illégales.
Ensuite, qu’a fait Moustapha Cissé Lô à la survenue de l’alternance, en mars 2012 ? Il a exigé et obtenu d’être dédommagé. On lui a payé par rappel tous les salaires dont il avait été privé à cause de son exclusion de l’Assemblée nationale.
À l’opposé, un Mbaye Ndiaye – à qui je rends hommage au passage pour sa loyauté jamais prise à l’endroit de Macky Sall – qui avait guerroyé avec une singulière témérité, sans jamais céder à la tentation de la trahison, malgré qu’il ait subi moult brimades, ne s’était pas fait entendre.
Combien de Sénégalais d’ici et de la diaspora se sont retrouvés au chômage, ont vu leur famille disloquée, leur vie prendre une tournure désastreuse parce qu’ils se sont engagés en répondant à l’appel de Macky Sall et ont combattu, avec lui, le régime du Président Wade ? Qui parmi eux a été dédommagé ou a bénéficié de titres ou d’avantages ?
Ce même Moustapha Cissé Lô, qui nous a valu toutes nos déconvenues électorales dans une ville aussi symbolique, stratégique, importante et sensible que Touba, doit avoir honte de s’en prendre au Président de la République. Il a bénéficié de son extraordinaire magnanimité et générosité dans des moments de détresse. Ce fut le cas lors de la mise à sac de son domicile à Touba du fait de son attitude irrévérencieuse à l’endroit des autorités religieuses de la cité. J’en ai été témoin. Aujourd’hui, je ne redouterais pas le blâme du Président, qui couvre ces bienfaits du voile de la discrétion, j’aurais osé révéler des chiffres qui renseigneraient définitivement les Sénégalais sur la singulière ingratitude de ce Moustapha Cissé Lô. Il a eu le culot de dire à l’Assemblée nationale qu’il a élu Macky Sall. Avec quoi ? Des défaites électorales à Touba de 2009 à 2019 ?
Maintenant, si vous considérez que mes propos à son endroit sont graves, incompréhensibles, surprenants, voire diffamatoires, c’est parce que tout simplement vous ignorez ce qui se cache derrière les menées de Moustapha Cissé Lô.
Qu’est-ce qui se cache derrière les actes que pose le député Moustapha Cissé Lô ? Eclairez notre lanterne !
Des centaines de milliers de Sénégalais sidérés ont regardé et entendu Moustapha Cissé Lô vitupérer, avec une indécence qui frise la furie démentielle, le Président Macky Sall, son ministre de l’Agriculture et les députés de la majorité, accusant ces derniers d’avoir reçu des quotas d’intrants agricoles. Il a poussé le bouchon jusqu’à taxer les tenants du pouvoir de mafieux, d’ingrats toujours disposés à servir les transhumants et les militants de la dernière heure aux dépens de ceux qui se sont sacrifiés pour l’avènement de l’alternance de mars 2012.
Moustapha Cissé Lô aurait été victime de tout cela, rien n’absoudrait ce « simb » (ndlr : danse du faux lion) devant la Représentation nationale face aux Sénégalais qui, indignés, découvrent avoir élu, sans le savoir, un député uniquement préoccupé par les rentes que lui procurent son statut d’opérateur économique. Il y a de quoi être dégoûté de la politique.
Seulement, la vérité est tout autre et plus amère : Moustapha Cissé Lô qui soutient avoir été victime de l’ingratitude du pouvoir, combattu et écarté comme opérateur économique du processus d’achat et de vente des intrants agricoles, n’est rien d’autre qu’un fieffé menteur. En réalité, il a bénéficié de l’État, cette année, de six marchés d’un volume de 4 531 tonnes de semences et d’engrais. Et c’est au moyen de chantages et de menaces qu’il est parvenu à ses fins.
C’est exagéré ce que vous dites ! 4 531 tonnes de semences et d’engrais ? Mais, d’où vous tenez ces chiffres ? Pouvez-vous les prouver ?
Je me ferai un plaisir de vous montrer ces documents avant la fin de nos échanges. D’ici là, permettez que je vous détaille ces 4 531 tonnes.
D’une part, pour son propre compte, Moustapha Cissé Lô a obtenu 4 101 tonnes ainsi composées : 3 000 tonnes d’engrais ; 600 tonnes de semences de niébé ; 500 tonnes de semences d’arachide ; 01 tonne de semences de pastèque.
D’autre part, après ces 4 101 tonnes, il est revenu à la rescousse pour exiger et obtenir deux autres marchés de 430 tonnes qu’il disait devoir réserver à ses protégés. Dans le détail, ce sont 165 tonnes de semences niébé et 265 tonnes d’engrais. Et savez-vous comment il a procédé pour faire main basse sur ces 430 tonnes ?
Non, dites le nous !
Il a concocté deux listes comportant 98 supposés producteurs qu’il dit être ses protégés. Seulement, on est en droit de penser et de croire qu’il s’agit, pour l’essentiel, de membres de sa mafia. Il soutient que c’est à 46 d’entre ses protégés que sont allées les 165 tonnes de niébé ; les 52 autres devant se partager les 265 tonnes d’engrais. Personne n’a pu certifier ou attester que ces 98 protégés sont de vrais producteurs et que les tonnages en question leur sont parvenus ? Personne. Mais, il y a plus grave.
J’ai passé des heures sur tous les documents relatifs à Moustapha Cissé. De prime abord, une chose a saisi mon attention en parcourant les listes au nom d’un Gie qu’il a créé il n’y a pas longtemps. Jointes aux documents autorisant la mise à disposition de dotation d’intrants agricoles, elles révèlent une profusion de personnes dont le nom de famille est Lo. Là, on se rend compte qu’on est au cœur de la mafia de Moustapha Cissé Lô : parmi tous ces membres de sa propre famille biologique, figurent plusieurs de ses enfants. Et ce n’est pas tout. Il s’est arrangé pour positionner comme quotataire de semences et d’engrais un autre de ses enfants qui est grassement servi. Voilà une vraie mafia, difficile à cerner et à combattre.
Ce que vous décrivez est tout de même grave, rocambolesque, car, c’est énormément d’argent qui est en jeu !
C’est un euphémisme de dire énormément d’argent. C’est d’une fortune dont il s’agit ici. Et les occasions ne manqueront pas dans les prochains jours de révéler en détail ces montants, ainsi que l’identité des 98 protégés de Moustapha Cissé Lô. Ce sera l’occasion de savoir s’ils ont oui ou non reçu les quotas en question.
Nous aurons toujours du mal à vous croire tant que nous ne verrons pas les documents. D’où vous tirez tout ce que vous dites ?
Tenez, ils sont là. Et prenez votre temps pour bien les lire.
(Ndlr : Yakham Mbaye extirpe de son tiroir une liasse de documents qu’il nous donne à lire, et qui corroborent exactement tout ce qu’il a dit plus haut).
Malgré tout, une constante demeure : il y a problème et même un gros problème au sein du pouvoir. Après Moustapha Cissé Lô, c’est Youssou Touré qui s’est illustré, ce week-end, dans une déclaration par voie de presse pour stigmatiser le Président et la Première Dame. Tout de même, reconnaissez que ça commence à faire désordre.
J’ai été choqué et scandalisé après avoir lu cet entretien du ministre Youssou Touré. Et pour plusieurs raisons.
D’abord, Youssou est plus qu’un camarade, je l’ai toujours considéré comme un ami. Un lien qui remonte à environ dix ans. C’était fin 2009 ou deux mois après au tout début de 2010, car, j’ai démissionné du quotidien « Le Populaire » en mars 2010. Lorsqu’il est allé rencontrer Macky Sall pour adhérer à l’Apr, au terme de leur entrevue, ce dernier m’a appelé pour me dire : « Nous venons d’enregistrer une adhésion importante. Je te passe Youssou Touré pour que tu recueille sa déclaration. »
Ce premier contact allait sceller le début d’une amitié franche. Plusieurs années après, lorsque tous les deux, le Président nous a nommés membres du gouvernement, le protocole a fait qu’en Conseil des ministres nous étions côte à côte. En somme, Youssou et moi avons partagé énormément. Donc, vous pouvez comprendre que je sois atteint par certains de ses actes. Et honnêtement, depuis 2017, il m’arrive de m’interroger en ce qui le concerne parce que très souvent je suis confus.
À la publication de son entretien, je l’ai appelé, et avant que je ne dise un mot, il s’est confessé : « J’ai fait pire qu’une erreur, j’ai commis une énorme bourde. J’ai cédé à la pression de cette journaliste et dit des bêtises. » Voilà ce qu’il m’a dit textuellement. Seulement, vous conviendrez avec moi qu’il raconte des salades. Aucun journaliste ne l’a contraint à débiter ses contrevérités.
Tout de même, c’est inquiétant qu’une autorité puisse faire preuve de pareille inconséquence…
C’est pire que ce que vous dites. J’ai ressenti une honte qui ronge à la lecture des propos de Youssou Touré. Il est mon ami et mon aîné, mais Macky Sall qui nous a mis en contact, et son épouse représentent plus et mieux à mes yeux. Et c’est mensonger et infâme ce qu’il a dit à leur endroit.
Youssou Touré était un instituteur avant mars 2012. Macky Sall en a fait un ministre Conseiller puis Secrétaire d’État, membre du gouvernement du Sénégal, enfin, à nouveau ministre Conseiller. Il n’est pas membre fondateur de l’Apr pour avoir adhéré au parti près d’une année après sa création, et pourtant il est membre de son instance la plus prestigieuse : le Secrétariat exécutif national où ne siègent pas des centaines de membres du parti qui ont plus de mérite que lui et moi. Et la seule façon de remercier Macky Sall revient à le stigmatiser dans la presse. C’est infâme et ingrat.
Youssou Touré a osé convoquer la Première Dame dans des histoires politiciennes qui lui font horreur. Pis, il s’est plaint de l’indifférence à son sort de cette dernière. J’ai ressenti une profonde gêne en pensant que des millions de « goorgoorlu » (ndlr : Sénégalais qui tirent le diable par la queue) vont nous mépriser et nous maudire en entendant un ministre, grassement entretenu, se plaindre comme un sdf. Bon Dieu, la « Fondation Servir le Sénégal », c’est fait pour secourir les indigents et non les ministres et autres caciques du pouvoir !
Et l’affaire prend une autre tournure quand on sait que Youssou Touré ne dit pas la vérité.
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Récemment, j’ai été interpellé par la Première Dame qui m’a posé la question suivante : « Mais, où est Youssou Touré ? » Après lui avoir dit que j’ai échangé avec lui quelques jours auparavant, elle m’a demandé de l’appeler. Et c’est avec mon propre téléphone qu’ils se sont longuement entretenus, avant que Youssou Touré ne me confesse ce qui suit : « La Première Dame est une sainte, son humanité est sans pareil ». Je ne m’appesantirai pas sur ce qui s’est passé juste après leurs échanges… Et voilà que cette même personne ose dire dans les colonnes d’un organe de presse qu’il souffre de l’indifférence et du manque de solidarité du Président et de la Première Dame.
J’ajouterai une dernière révélation qui pourrait édifier définitivement les Sénégalais sur la vraie nature de personne comme Youssou Touré. Avant l’échange téléphonique précité, au-delà des multiples appuis financiers dont il a bénéficié de la Première Dame, cette dernière l’a fait évacuer en Tunisie pour sa prise en charge médicale. Et elle ne s’est pas arrêtée là.
Ah bon ! Qu’a-t-elle fait de plus pour venir en aide à Youssou Touré ?
La propre mère de Marième Faye Sall, pour témoigner à Youssou Touré toute l’affection filiale qu’elle lui porte, eu égard aux relations qui le lient à sa fille, et malgré son âge avancé, l’a accompagné en Tunisie.
À l’analyse de la conduite infâme de toutes ces personnes qui s’acharnent à mordre les mains qui leur ont servis, vous pouvez comprendre mon indignation. Comment ce Youssou Touré peut se permettre tout ce qu’il a dit à l’endroit de Macky Sall et Marième Faye Sall qui l’ont traité comme un membre de leur propre famille ? In fine, je me pose la question de savoir c’est quoi le problème de ces gens, qu’est-ce qui leur arrive, sont-ils des êtres humains ou des animaux ?
Pour en revenir à Moustapha Cissé Lô, votre posture contre lui peut surprendre, car il se dit que vous êtes proches ?
Nous ne sommes ni amis ni ennemis. Il n’est jamais venu chez moi. Je suis allé une fois chez lui à la veille des élections législatives de 2017 pour tenter de le dissuader de faire une déclaration par voie de presse en s’attaquant à notre coalition.
Une autre fois, alors que la campagne était lancée, on a eu un long échange téléphonique pour le même type de problème. Il s’était barricadé dans une suite du King Fahd, menaçant, l’injure à la bouche, de tenir une conférence de presse pour gâcher la campagne, si le Président ne le recevait pas.
Moustapha Cissé Lô et moi, nous nous connaissons depuis fort longtemps. Alors qu’il était mon adjoint au quotidien « Le Populaire » que je dirigeais, c’est Mamoudou Wane, actuel Directeur de publication du quotidien « Enquête », expert pour créer des sobriquets, qui l’avait surnommé « El Pistolero ». C’était au début des années 2000. Lors d’une assemblée politique à Diourbel, Moustapha Cissé Lô avait dégainé un pistolet et tiré en l’air.
Dans les « Off » du Populaire, nous avons créé des dizaines de sobriquets demeurés célèbres : « Ñangal » pour Macky Sall alors qu’il était ministre de l’Intérieur ; « Njomboorton » pour Idrissa Seck au moment de son bras de fer avec le Président Wade et la guéguerre autour du « Protocole de Rebeuss » ; « Pinochet » pour Doudou Wade et « Mobutu » pour Cheikh Tidjane Sy au pire de la déseckisation. Pour ne citer que ceux-là.
Quels étaient ces problèmes que vous évoquiez et qui avaient poussé le Président à refuser de recevoir Moustapha Cissé Lô, comme il s’en plaint, aujourd’hui encore ?
Mais, le Président en avait marre des exigences financières de Moustapha Cissé Lô et s’était résolu à lui fermer sa porte. Et lorsque ce genre de situation se pose, Moustapha Cissé Lô fourbit sa langue venimeuse et crache sur tout et tout le monde.
De toute ma vie, je n’ai jamais vu une personne capable de débiter les pires insanités comme cet individu. A la tribune de l’Assemblée nationale, il a affirmé que certains le taxent de fou. Mais, peut-il en être autrement après avoir entendu le florilège d’insanités que peut débiter cet individu ? Car, hors micro et en privé, Moustapha Cissé Lô est synonyme de furie démentielle.
Il n’empêche que nombreux sont ceux qui soutiennent que tout est de la faute du Président Macky Sall qui laisse faire…
Vous savez, on a dépassé l’ère du moyen âge lorsqu’on coupait la langue des fous du village ou les écartelait sur la place publique. Youssou Touré, son cas est certes pathétique, mais, il y a plus important : le Sénégal, les Sénégalais et l’image de nos institutions. Ils ont usé et abusé de la générosité, de l’humanisme et de la magnanimité du Président de la République et de son épouse. Et ce n’est pas un propos politicien lorsque je dis que Macky Sall va siffler la fin de la récréation et tuer dans l’œuf ce début de capharnaüm que certains veulent installer. Car, le genre de Moustapha Cissé Lô est une sorte d’infection qui peut s’avérer létale pour tout organisme qu’elle contacte.
Je vais vous raconter une anecdote. Une fois, il s’était signalé par une attaque à la limite de l’outrage. Ce qui avait révulsé le Président alors en déplacement à l’étranger. A son retour, comme d’habitude, nous étions quelques officiels à l’accueillir à l’aéroport Senghor de Dakar. J’étais côte à côte avec Abdou Mbow et ce personnage. Le Président, arrivé à notre hauteur, tance fermement Moustapha Cissé Lô.
En réponse à l’interpellation, sans ciller, il dit ceci : « Monsieur le Président de la République, je regrette ce que j’ai dit. Mais, il faut me comprendre. J’ai appelé votre secrétariat, j’ai écrit, je suis passé par toutes les voies imaginables pour vous rencontrer, mais vous m’avez ignoré. “Alors, mani xaral ma yuxu. Mane sa Baay Fall la. Tamit app bëy la, suma bëgee dee damay sarxolee” ». (Ndlr : J’ai cru bon gueuler pour attirer votre attention. Je suis votre inconditionnel et en même je suis une chèvre, si on veut m’égorger, je béguète). En langage clair : si je n’ai pas gain de cause, je joue au maître-chanteur.
Et quelle a été la réaction du Président ?
Abdou Mbow et moi nous avons pouffé de rire en entendant ce gros gaillard de près de deux mètres s’assimiler à une chèvre. Quant au Président, il l’a fixé avec un regard plein de mépris, a secoué la tête avant de continuer son chemin, serrant la main des autres officiels qui étaient alignés sur le tarmac. En regagnant le Pavillon présidentiel de l’aéroport, Abdou Mbow lui a demande est-ce qu’il n’avait pas honte de tenir pareil discours. Pour toute réponse, il lui a déversé un tapis d’insultes.
C’est ça Moustapha Cissé Lô. Un maître-chanteur, un vulgaire, un dévergondé. Il est à l’image de certains qui, après avoir bénéficié de privilèges inimaginables et s’être empiffrés comme pas possible, parce qu’à un moment leur main a été retenue, ils versent dans le terrorisme verbal. Leur stratégie est de faire semblant d’être en rupture de ban, pour mieux se positionner au niveau de l’opinion en donneurs de leçons à un pouvoir qui aurait renié toutes les valeurs qui ont prévalu à sa constitution. Ce n’est rien d’autre que de l’escroquerie politique.
Ils sont légion, en notre sein, ceux qui ont livré des combats épiques de 2008 à 2012, ensuite depuis 2012, toutes les fois que nous nous sommes heurtés à une opposition qui est la plus virulente de notre histoire politique. Pourtant, en retour, ils n’ont rien exigé. Ici, au Sénégal, dans la chaleur et la poussière de contrées éloignées, là-bas, dans la diaspora, éloignés des leurs, combien de Sénégalais, simples militants ou responsables de structures de l’Apr, ont combattu, et qui depuis la victoire n’ont même pas eu le privilège de serrer la main du Président de la République. Une audience ou un titre ou quelques privilèges, n’en parlons pas. Non pas parce que Macky Sall les ignore ou les néglige, seulement sa charge est aussi noble qu’ingrate. Il ne peut pas contenter tout le monde.
Ces derniers temps, on a relevé à Dakar, dans l’intérieur du pays, et la diaspora une montée de récriminations de braves militants du parti qui disent que « ça va mal ». Même si je suis en désaccord avec eux quant à la manière dont ils expriment leur ras-le-bol, je trouve leurs doléances légitimes et fondées. Parce qu’ils se sentent oubliés, marginalisés. Cependant, ils n’ont jamais été jusqu’à outrager le Président.
À l’opposé, on voudrait admettre que des responsables qui ne le sont que de nom, parfaits mal éduqués, qui ont eu tous les privilèges, s’arrosent le droit de ternir l’image de notre parti, de son chef et de sa gouvernance. Parce que simplement, ils ont un appétit d’hyène.
Pas une seule personne d’entre nous, et au-delà de l’Apr jusque dans la majorité, n’a de leçon à donner au Président Macky Sall. Son image est aux antipodes de la nôtre. Lui, il travaille et ne rate aucune occasion de nous appeler à cesser le bavardage intempestif qui fait le lit de l’insolence et le trafic d’influence.
Hélas des vaches folles comme Moustapha Cissé Lô sont frappées d’une maladie incurable dont nous subissons les conséquences. Et je vous assure que dorénavant, ils seront combattus avec fermeté.
Vous dépeignez Moustapha Cissé Lô comme un maître-chanteur. Pourtant, il se dit être à l’abri du besoin. Mieux, il revendique avoir contribué à hauteur de 300 millions de FCfa dans la campagne de Macky Sall lors de la dernière élection présidentielle.
Il ment. Allez lui demander, lui qui se prévaut de cette contribution de 300 millions de FCfa, est-ce qu’il s’est acquitté de sa cotisation de 05 millions de FCfa pour la construction de la nouvelle Permanence du parti ? C’était la contribution demandée à tous les membres du Secrétariat exécutif national de l’Apr dirigeant des institutions ou ministres ou Directeurs généraux.
À vrai dire, si on confronte vos révélations à l’attitude de Moustapha Cissé Lô, l’affaire devient incompréhensible. Comment quelqu’un qui a été bien traité, d’autres diraient indûment et à juste raison, oserait faire preuve d’une pareille animosité ?
Je vais peut-être vous surprendre en disant que l’attitude de Moustapha Cissé Lô est très cohérente. Il faut se placer sous l’angle de son état d’esprit, de son caractère de maître-chanteur, et, chose très importante, prendre en compte des éléments factuels pour comprendre son schéma et sa stratégie.
D’abord, à force de menacer, d’insulter et de faire chanter impunément, Moustapha Cissé Lô a fini par se bâtir une conviction : « Mes actes resteront impunis, car je fais peur ». Et c’est vrai qu’il peut terroriser des personnes qui se méprennent sur les relations dont il se prévaut et sa capacité de nuisance verbale.
Ensuite, si on passe sur ce semblant d’armure d’impunité, deux choses expliquent son attitude.
Primo, pour la campagne agricole 2019, Moustapha Cissé Lô, eu égard à la réduction du budget consacré aux intrants agricoles, a eu considérablement moins de semences et d’engrais que les années précédentes. Ce qui l’a outré et alerté. Comme sous le couvert de sa réputation de fou patenté, bouillonnent une intelligence fine et l’art de la ruse, sans doute, il s’est dit : « ça sent mauvais pour 2020, il faut que je prenne les devants ». Alors, il menace, insulte et fais chanter.
Secundo, en dépit de ses rodomontades lors de sorties médiatiques au cours desquelles il soutient ne plus vouloir être député et Président du Parlement de la Cedeao, Moustapha Cissé Lô panique à l’idée de se retrouver sans strapontin et est effrayé par l’éventualité que les gros cafards de sa gestion à Abuja se retrouvent sur la place publique.
Ceci dit, à mon humble avis, il urge, au-delà du cas Moustapha Cissé, de se pencher avec sérieux sur tous ces cumuls indécents, comme être ministre, dirigeant d’établissement public, député et, en catimini, opérateur économique. Je ne crois pas qu’il soit décent et acceptable d’être au service de l’État et du business.
Vous semblez dire que Moustapha Cissé Lô aurait des choses à se reprocher dans sa gestion comme Président du Parlement de la Cedeao ?
Je ne suis pas dans le semblant. Je dis qu’il a énormément de choses à se reprocher qui pourraient ternir même la réputation du Sénégal. Croyez-vous que Me Djibril War, Président de la Commission de Vérification du Parlement panafricain, a fait preuve de légèreté en affirmant du haut de la tribune de l’Assemblée nationale que Moustapha Cissé Lô est « un voleur international » ? Il faisait allusion aux gros cafards qu’il a à Abuja et qui vont bientôt faire les choux gras de la presse ouest-africaine.
De quels gros cafards s’agit-il, soyez plus clair ?
On en reparlera en détail. Moustapha Cissé Lô se bombe le torse en soutenant qu’il a le meilleur bilan de Président du Parlement de la Cedeao. Dans ce cas, pourquoi il a été désavoué en tentant de limoger le Secrétaire général de cette institution qui s’est opposé à ses rapines ?
Une seule date traumatise Moustapha Cissé Lô, c’est le 02 février 2020 qui marquera la fin de son mandat au Parlement de la Cedeao. Le lendemain, ce sera fini pour lui. C’est ce qui l’a poussé à prendre les devants. Et dans son entendement, prendre les devants, c’est faire œuvre de maître-chanteur. Sauf que cette fois-ci, je vous assure, il n’aura absolument rien. Ni en tant qu’opérateur économique véreux. Ni un autre strapontin. Le Président Macky Sall a fermement rejeté tous ses appels d’offres.
De nombreux Sénégalais sont convaincus que toutes ces secousses notées au sein du pouvoir relèvent de guerres de positionnement, et en ce qui concerne Moustapha Cissé Lô, de son ambition de prendre la mairie de Dakar. Qu’en est-il ?
Ils n’ont pas tort. Je ne suis pas adepte de la langue de bois et je respecte les Sénégalais pour ne pas être tenté d’insulter leur intelligence. Alors, je vous dirai qu’ils sont une légion en notre sein à dresser toutes sortes de schéma dans leur tête, à affûter leurs armes et alimenter des foyers de tension. Le Président est au courant de tout. Et je les plains tous. Car, face à Macky Sall, ils finiront comme l’araignée et sa toile. Elle est un admirable tisserand qui finit toujours par être tué par sa toile. Leur destin est donc celui de l’araignée.
Moustapha Cissé Lô, tout le monde l’a entendu s’en prendre outrageusement à Abdoulaye Diouf Sarr, en insinuant, de manière mensongère, que ce dernier fut son larbin. Le ministre de la Santé n’est ni mon ami ni mon ennemi, même si quelques contradictions politiques, aujourd’hui dépassées, nous ont opposés entre 2015 et 2016, après un franc compagnonnage. Mais, je vous assure que sa sandale gauche vaut mieux que la totalité de Moustapha Cissé Lô.
On a le droit de ne pas aimer le lièvre Abdoulaye Diouf Sarr, mais, on ne peut décemment pas lui dénier ses longues oreilles et sa pointe de vitesse fulgurante. Abdoulaye Diouf Sarr a sauvé notre honneur à Dakar en 2014 lors de la bérézina subie aux élections locales. Il a laissé un bilan enviable au Coud en tant que Directeur général. Depuis 2014, il a occupé divers ministères sans faire de vagues. Aux élections législatives de 2017, sans son score stalinien à Yoff dont il est le maire, nous aurions perdu le département de Dakar et près d’une dizaine de députés. On peut ne pas apprécier tout ce que fait Abdoulaye Diouf Sarr, mais, jusqu’ici, je ne l’ai jamais entendu tenir des propos pouvant incommoder ou contrarier le Président, encore moins le voir défier l’autorité de ce dernier. Il n’insulte pas, ne diffame pas, n’humilie pas les gens comme cet hurluberlu de Moustapha Cissé Lô.
Par tartuferie, il se met à injurier Abdoulaye Diouf Sarr, tout en prenant le soin de caresser Amadou Bâ dans le sens du poil, ce qui ne trompe pas ce dernier, et renseigne sur le but ultime de sa manœuvre : semer la pagaille à Dakar, après avoir détruit le parti dans le département de Mbacké et à Touba.
En résumé, Amadou Bâ et Abdoulaye Diouf Sarr sont l’exact contraire d’un Moustapha Cissé Lô qui nous a valu toutes nos grandes catastrophes électorales. De 2009 à 2019, il n’a jamais gagné une seule élection à Touba, même pas son bureau de vote. Et dès qu’il a transféré son vote à Dakar, après la déculottée de 2017, « Bennoo » a enregistré ses meilleurs résultats électoraux dans la localité.
Last but not least, aujourd’hui, s’il y a des Sénégalais convaincus que nous du pouvoir sommes insolents, c’est en grande partie à cause de ce monsieur.
Vous disiez n’en avoir pas fini avec Moustapha Cissé Lô. Qu’est-ce que vous comptez faire d’autre contre lui ?
Moustapha Cissé Lô est allé trop loin dans sa défiance vis-à-vis du Président Macky Sall. L’habitude l’a poussé à se gourer lourdement sur la capacité de tolérance de ce dernier. On ne se fixera aucune limite contre lui, si ce n’est le diffamer ou user de manœuvres déloyales pour le contrer. Il sera combattu fermement et de manière impitoyable. Nous nous évertuerons à démontrer qu’il est un authentique tartuffe et escroc politique qui veut se prévaloir d’une stature d’homme intègre et véridique. Il a menacé tout un régime en jurant sur le Saint Coran que s’il parle, tout s’écroule, alors qu’il n’a absolument rien contre personne. Donc, il est temps que « ñu wax ko boppam », comme on dit de manière prosaïque.
À la tribune de l’Assemblée nationale, il s’est vanté d’avoir été très tôt millionnaire, sous le régime socialiste, comme gérant de « seeko » (ndlr : dépôt de graines d’arachide) grâce à un financement de 30 millions de FCfa. Seulement, il a omis volontairement de dire aux Sénégalais comment s’est terminée l’histoire de ce « seeko » situé alors à Mbadiane, non loin de Sarsara. Qu’est-ce qu’il a fait de ces 30 millions ? Dans quel pays d’Occident, il est allé se réfugier pour échapper à la justice ? Dans cette affaire, c’est grâce à l’intervention d’un éminent chef religieux dont il deviendra le gendre, auprès du Président Abdou Diouf, qu’il a échappé à la prison. Malgré les années, Moustapha Cissé Lô doit savoir que la bibliothèque qui contient les dossiers de ses turpitudes n’a pas brûlé.
Il se dit « Monsieur Propre » qui a à son actif le meilleur bilan d’un Président du Parlement de la Cedeao. Ce bilan et sa tonne de casseroles, nous en reparlerons dans les jours à venir. Je le défie de retourner à l’Assemblée nationale, reprendre la parole pour redire qu’en tant opérateur économique il a été combattu et n’a rien eu ; qu’au titre de l’exercice de son mandat de Président du Parlement de la Cedeao, il n’a pas, à Abuja, de nombreux et gros cafards.
Il a intérêt à dire ce qu’il sait, car les Sénégalais sauront ce qu’il a fait ces soixante dernières années.
Vous insinuez qu’il a détourné ?
Mais, je n’insinue absolument rien du tout. J’énonce clairement et affirme. Moustapha Cissé Lô a menacé de déballer en inventant de toutes pièces des accusations pour ternir l’honorabilité de gens qui osent lui tenir tête, et au passage salir le manteau de ce pouvoir. En ce qui me concerne, d’ores et déjà, je vais m’atteler à lui rappeler son passé scabreux de gérant de « seeko » et quelques dossiers laissés à Abuja dont il ne veut pas qu’on parle. Il a intérêt à ne pas minimiser l’éventualité de poursuites. C’est lui qui a intérêt que les gens se taisent.
Soyez plus explicite comme vous l’avez été plus haut en détaillant ses tonnages de semence et d’engrais.
L’intelligence commande, lorsqu’on se bat contre Moustapha Cissé Lô, de ménager sa monture et ses munitions. Face à une chèvre, c’est ainsi qu’il se définit, qui béguète sans retenue, il faut s’armer de beaucoup d’aiguilles pour neutraliser sa langue.
Qu’est-ce qui motive Yakham Mbaye pour qu’il monte sans cesse au créneau lorsque ça chauffe ? Ne redoutez-vous pas de vous faire trop d’ennemis et une riposte foudroyante de Moustapha Cissé Lô, voire une plainte en justice ? Pourquoi porter ce combat alors que le ministre et les députés étaient les mieux placés pour le faire ?
Mais, Bon Dieu, quoi d’autre peut me motiver si ce n’est la loyauté qui irrigue mon engagement envers une personne à laquelle me lie un profond sentiment fraternel, Macky Sall ? Hormis quelques épisodes faits de rébellion du fait de mon immaturité et de mon manque d’expérience, j’ai passé l’essentiel de ma vie aux côtés de Macky Sall. Ce qui me lie à lui n’est pas politique ou conjoncturel. C’est profond, sain et familial. Lorsque j’entends Youssou Touré et Moustapha Cissé Lô pleurnicher, j’ai envie de m’étrangler. Ils ont usé et abusé du pouvoir.
Dieu merci, tout le monde ne dépend pas de l’argent, des biens matériels et des titres pour en faire les moteurs de sa vie. Ma reconnaissance éternelle va à ceux qui m’ont éduqué : mes deux parents et mon frère ainé qui a pris leur relais, mais aussi au Président Macky Sall qui m’a appris à me méfier du pouvoir extrêmement corrosif et néfaste de l’avoir.
Un poste non plus ne me motive pas. Je ne voulais pas être Directeur général du quotidien national « Le Soleil ». Formé et ayant évolué dans le privé, j’avais une perception particulièrement négative de cet organe de presse. J’avais tort. « Le Soleil » est une fabuleuse école qui enseigne la mesure, l’humilité et le professionnalisme. Le Président Macky Sall, qui, peut-être, appréhende mieux mes dispositions, a eu raison de me convaincre d’y aller. Aujourd’hui, je m’y sens plus heureux que lorsque j’étais membre du gouvernement, plus utile avec plus de marge de manœuvre et de liberté d’action politique pour me battre et combattre. Et puis, même si ce n’est pas ce qui est fondamentalement déterminant, un Directeur général ça nourrit mieux son homme qu’un ministre, en termes de rémunération.
En définitive, comprenez que ce qui me motive est immatériel et aisé à comprendre pour celui qui a été élevé avec des valeurs, qui comprend le sens de l’engagement : j’ai juré loyauté à Macky Sall et je me battrai à ses côtés, et si nécessaire, en prenant les devants et des coups. Et je n’escompte rien en retour, si ce n’est ses chaleureuses marques d’attachements fraternels dont il ne cesse de me gratifier.
Je ne joue pas au guerrier ou au téméraire. Seulement, tous ceux qui seraient tentés de manœuvrer contre le Président me trouveront sur leur chemin.
En ce qui concerne la peur que vous évoquez, elle m’est presque totalement étrangère. Je n’ai peur que d’une chose : avoir honte, baisser la tête devant le Président Macky Sall. Ça m’est arrivé une seule fois, en près d’un quart de siècle de compagnonnage. Alors, il m’a dit, avec juste raison : « Tu n’as pas honte ». C’était en décembre 2013, lors de retrouvailles grâce à la Première Dame, après de grosses incompréhensions. Plus jamais, je ne m’autoriserai de vivre pareille situation. Et tous ceux de l’espèce de Moustapha Cissé Lô qui manœuvrent et fomentent, malheureusement pour eux, ils ignorent avoir en face d’eux des gens déterminés pour la juste gloire de Macky Sall, car dans ce combat, je suis peut-être le plus bavard, mais pas le plus déterminé.
Les insultes dans les réseaux sociaux, l’animosité au sein de mon propre camp, les risques d’atteinte à mon intégrité physique ou morale, ça me laisse de marbre. Ce qui importe, c’est de pouvoir être seul avec ma conscience, me regarder dans un miroir en étant sûr d’avoir été à la hauteur des attentes du Président. Il peut m’arriver, comme tant d’autres serviteurs loyaux du Président, de flancher, de vivre des moments de frustrations saines et légitimes, mais, en définitive, mon engagement qui n’est pas mercantile, m’a formaté pour encaisser les coups d’où qu’ils viennent et de me battre pour Macky Sall.
Quand on est dans cette lancée, on ne se préoccupe pas d’une image policée à préserver, ni au sein de la majorité, ni en dehors. C’est Macky Sall qui m’importe et me mobilise. Absolument rien d’autre.
Vous semblez dire que les combats politiques ne manqueront pas en votre sein d’ici 2024…
Ma petite connaissance de la majorité présidentielle et singulièrement du parti auquel j’appartiens me fonde à croire que durant ce mandat du Président, les combats à livrer risquent d’être permanents. Et je redoute que les plus rudes se dérouleront en notre sein, entre nous. Pour ma part, si Dieu me prête vie et bonne santé, je les livrerai tous par la force du verbe, de la plume et de la fureur de mon engagement, à chaque fois qu’il s’agira de défendre le Président. Macky Sall en vaut la peine.
En ce qui concerne Moustapha Cissé Lô, Dieu fasse qu’il éprouve le besoin de porter plainte ou d’user d’armes non conventionnelles, comme il en a l’habitude, pour me porter la réplique. Dans les deux cas de figure, je suis prêt. Et qu’il ne s’imagine pas me retrouver dans une posture défensive en attente de ses attaques. Parce que dans les jours à venir, je m’attellerai à démontrer que le statut de « Monsieur Propre » qu’il revendique, n’est rien d’autre que de la tromperie.
Par ailleurs, pour le reste, peu m’importe que ceux qui lui faisaient face n’aient pas jugé utile de lui porter la réplique. Peut-être que l’attaque les a pris de court. Peut-être qu’ils n’avaient pas des arguments chiffrés et documentés. Peut-être qu’ils avaient d’autres raisons. En ce qui me concerne, je me concentre sur mes obligations envers le Président Macky Sall. Me mettre à jauger ou juger le degré d’engagement des uns et des autres relèverait d’une distraction que je ne peux me permettre. Macky Sall qui est mon repère, sait reconnaître les siens.
Source : Dakaractu